Diversité à la télévision : l'Outre-mer toujours peu représenté, mais des améliorations, selon le CSA

Le petit écran reste un miroir déformant de la société française, mais le Conseil supérieur de l'audiovisuel a constaté des améliorations sur certains plans dans les programmes diffusés en 2020, malgré la crise sanitaire qui a compliqué la donne.

Dans son rapport annuel au Parlement sur la diversité, publié lundi, le régulateur de la télévision et de la radio a noté une "relative amélioration de la représentation des personnes perçues comme ""non-blanches"" sur le petit écran l'an dernier.

Selon le baromètre établi par le CSA à partir du visionnage de plus de 2.600 programmes diffusés sur 18 chaînes, leur part est passée à 16%, soit un point de plus qu'en 2019, et elles sont beaucoup plus souvent présentées dans des rôles positifs (36% des cas) que négatifs (22%).

Une évolution que le CSA met en grande partie au crédit des "productions originales françaises", comme les séries "Validé" de Canal+, "Les bracelets rouges" sur TF1, "En famille" sur M6 ou les feuilletons quotidiens, à l'image d'"Ici tout commence" (TF1), ou de "Plus belle la vie" (France 3).


Autre amélioration, la part des personnes en situation de précarité (chômeurs, bénéficiaires du RSA, personnes sans domicile fixe...) reste faible, mais elle a franchi pour la première fois en 2020 la barre symbolique de 1%, à 1,2% (soit une hausse de 0,4 point).

Un niveau toujours très éloigné de la réalité, mais dont la progression peut s'expliquer par les répercussions sociales de la crise sanitaire, largement évoquées dans les programmes d'information.

A propos de la crise sanitaire, le régulateur assure n'avoir pas constaté de différence majeure entre les périodes de confinement et hors confinement, dans la plupart des cas. "La présence des femmes est quasi-équivalente au cours des deux périodes (39% en confinement contre 38% hors confinement), la présence des personnes handicapées reste en dessous des 1% (0,3% en confinement et 0,6% hors confinement) et la représentation à l'antenne reste largement urbaine (71% des personnes présentes à l'antenne vivent dans des centre- villes en période de confinement contre 67% hors confinement)", relève le CSA.

Concernant les femmes, le rapport souligne que la présence des femmes handicapées et des femmes de plus de 50 ans "doit encore progresser à l'écran".

L'Outre-mer représente 0,8% des personnes à la télé

Les jeunes et les seniors restent aussi globalement nettement sous représentés, toutes périodes confondues (10% des personnes apparaissant à l'écran ont moins de 20 ans et 5% plus de 65 ans), tout comme les ouvriers et les retraités (2% et 1% respectivement).

Et géographiquement, l'Outre-mer ne représente que 0,8% des personnes apparaissant dans les programmes (si l'on exclut la chaîne publique France Ô, fermée l'été dernier), quand ces territoires représentent plus de 3% de la population française. Le CSA note cependant que le service public leur a donné plus de place sur ses autres antennes.

Les chaînes montrent là encore peu de personnes résidant dans les banlieues et les zones périurbaines. En revanche "les zones rurales se font de plus en plus visibles", note le Conseil.

Le CSA a souligné cependant les efforts des chaînes pour remplir leurs engagements pro-diversité, à la fois dans leurs programmes et dans leurs politiques sociales internes, alors qu'ils ont été entravés par la crise du Covid-19.

Et pour sa part, l'autorité de régulation rappelle qu'après les mauvais résultats enregistrés dans le baromètre 2019, elle s'est attelée à impulser une "nouvelle dynamique" au secteur. Notamment via l'installation d'un nouvel observatoire "égalité, éducation et cohésion sociale"; l'audition, en plus des représentants du PAF, d'acteurs internationaux comme la BBC ou Netflix; ou le lancement en mai 2021 de "Jouons ensemble", une semaine dédiée à la médiatisation du parasport.

Enfin, parmi ses priorités, le CSA veut notamment développer la prise en compte de la diversité dans ses actions d'éducation aux médias, et proposer des "analyses sémiologiques des images et des discours médiatiques" sur les groupes les plus discriminés.