Trente ans après la disparition de Gaston Monnerville, le documentaire d'André Bendjebbar et Lionel Boisseau rend hommage à un homme politique de conviction, au destin hors du commun. Gaston Monnerville a gravi tous les échelons de la République jusqu'à devenir le deuxième personnage de l'Etat.
Combattant pour l'égalité
Né de parents martiniquais en 1897 à Cayenne, Gaston Monnerville quitte la Guyane en 1912 pour l'Hexagone. Étudiant brillant à Toulouse, il devient avocat. Devant la cour d'assises de Nantes, en 1931, il obtient l'acquittement de quatorze Guyanais inculpés pour meurtres et pillages. Ce procès des "insurgés de Cayenne" le révèle comme un orateur hors pair. Dans une plaidoirie devenue référence, Gaston Monnerville dénonce la colonisation, plaide l'humanisme et demande la même égalité pour tout citoyen, qu'il vive dans l'Hexagone ou dans les Outre-mer.
Élu député de Guyane en 1932, Gaston Monnerville devient maire de Cayenne trois ans plus tard. Il accède au gouvernement comme sous-secrétaire d'État aux colonies en 1937 et obtient l'année suivante l'abolition du bagne, qu'il exècre et considère comme une plaie. Il s'oppose au nazisme dès 1933 dans son discours "le drame juif". Pendant la Seconde Guerre mondiale, Monnerville combat dans la Marine puis rejoint la Résistance sous le nom de "Saint-Just".
En 1946, aux côtés de Léopold Bissol, Aimé Césaire et Raymond Vergès, il devient l'un des artisans de la départementalisation de la Guadeloupe, de la Martinique, de la Guyane et de La Réunion. Le Guyanais est également un des fondateurs de la LICRA, la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme.
La défense des libertés et de l'égalité des droits est un combat sans fin.
Défenseur de la République
Président de la Haute Assemblée pendant vingt-deux ans, de 1947 à 1968, il a porté pendant son mandat la défense du Sénat et de la démocratie parlementaire en s’opposant fortement au général de Gaulle. À partir de 1947, Gaston Monnerville est président du Sénat, deuxième personnage de l'État. Homme de conviction, il n'hésite pas à s'opposer à de Gaulle à plusieurs reprises. Le 2 octobre 1968, il renonce à la présidence de la Haute Assemblée, appelant à voter "non" au référendum sur la réforme du Sénat voulu par le général de Gaulle. Selon lui, ce projet "inconstitutionnel, complexe, difficile et illégal (...) risque beaucoup de conduire notre pays à l'aventure". Le non l'emporte.
L’avocat guyanais termine sa carrière comme membre du Conseil constitutionnel, de mars 1974 à mars 1983. Gaston Monnerville meurt à 94 ans, le 7 novembre 1991, à Paris.
Un documentaire inédit réalisé par André Bendjebbar et Lionel Boisseau
Production Merapi Productions avec la participation de France Télévisions
Durée 52 min - Année 2021