DOCUMENTAIRE. "Les pionnières de Mayotte" : le combat de 3 Mahoraises, cheffes d'entreprise

À Mayotte, dans un contexte économique et politique particulièrement tendu, trois femmes se battent pour sortir de la précarité. Pour y arriver, elles ont décidé de créer leur entreprise en demandant un microcrédit. Ensemble, elles incarnent une génération de femmes qui assument leur désir d’émancipation.

Le documentaire s’inscrit dans le présent et dans la réalité de femmes et de mères. Il met en lumière les Mahoraises, celles qui dirigent aujourd'hui plus de la moitié des sociétés du département. Grâce à elles, à leur enthousiasme, à leur persévérance, le développement de Mayotte se poursuit.

Trois femmes audacieuses et tenaces

Asmine, qui se débrouille seule depuis ses 15 ans, souhaite ouvrir un salon de beauté ; Albertine, jeune Malgache qui a quitté son pays voilà quatre ans, a choisi de créer un snack, et Fatima veut construire des serres pour protéger ses plantations sans pesticides.

Fatima, agricultrice mahoraise, pionnière de la conversion en bio.


Fatima, du haut de ses 52 ans, représente cette génération qui n’a pu aller à l’école, qui ne maîtrise pas le français mais qui a su se réinventer pour ses huit enfants, pour qu’eux puissent suivre une scolarité. À l’image d’Asmine, 25 ans, un BTS en poche, qui a décidé de lancer sa petite entreprise. Mais l’envers du décor est moins joyeux : abandonnée par ses parents, Asmine a dû gérer sa vie seule dès ses 15 ans. Albertine, elle, raconte l’immigration malgache, ceux qui rejoignent l’archipel pour une vie meilleure.

Albertine cumule deux emplois pour assurer l'avenir de sa fille.


Nous suivons leur quotidien fait de labeurs, de contraintes, de peurs, mais aussi d’inventivité et de joies : la découverte – intimidante – du microcrédit et du langage de l’entrepreneuriat pour Albertine, l’enthousiasme et les déconvenues du démarrage pour Asmine, et enfin la fierté et la transmission pour Fatima.

Asmine, 25 ans, rêve d'ouvrir un salon de beauté.

Le microcrédit comme solution

Mayotte, 101e département français, est tristement connue pour sa situation de crise économique et sociale. La sous-bancarisation de la population mahoraise est en grande partie inhérente aux caractéristiques sociodémographiques de l'île. Et le taux d’accès aux crédits professionnels n’est que de 12 %. Ainsi, les difficultés d'accès au crédit entretiennent le processus d'exclusion sociale. Face à cette impasse, le microcrédit se présente comme une solution, offrant des possibilités de prêts à des populations qui ne peuvent bénéficier de l'offre de crédit classique proposée par les banques.


À Mayotte, les femmes, immigrées ou natives de l'île, représentent près des deux tiers des bénéficiaires des microcrédits, contre 45 % sur la France entière. Ce sont souvent des femmes célibataires, en situation de parent isolé qui, par nécessité, sont contraintes de se créer un pouvoir économique, en devenant cheffes d’entreprise. Très peu sont formées à la gestion et à la comptabilité. Elles sont même peu nombreuses à parler français. Le microcrédit est leur seule solution. Et si 90 % des bénéficiaires de microcrédit vivent sous le seuil de pauvreté au moment de contracter le prêt, ils ne sont plus que 4 % après trois ans d’activité. En contractant ce crédit, elles s'engagent donc dans un apprentissage, prennent confiance en elles, gagnent en indépendance et se donnent la perspective d'une autre vie.

Réalisation Anne Fonteneau
Production Crestar Productions / La Clairière Ouest avec la participation de France Télévisions et TV5 Monde et le soutien du Centre National du Cinéma et de l'image animée.
Durée 52 minutes - © 2023