Drame de Sarcelles : des témoins racontent l'accident qui a coûté la vie à quatre Antillais et Guyanais

Les victimes de l'accident à Sarcelles (de gauche à droite, de haut en bas) : Max Bruno, Sonia Zigh, Marcelin Gene et Marie-Hélène Régulier.
Marie-Hélène, Marcelin, Max et Sonia ont été percutés par un véhicule dimanche soir, à Sarcelles, après un rassemblement de la communauté antillo-guyanaise. Si les circonstances du drame se précisent, les causes de l'accident restent inconnues.

Le vent souffle fort ce jeudi matin à Sarcelles. Sur le terre-plein central qui divise en deux la route départementale traversant la ville du Val-d'Oise, des personnes ont déposé un bouquet de fleurs roses et des bougies. C'est ici que Marie-Hélène, Marcelin, Max et Sonia ont perdu la vie dimanche dernier, percutés par une voiture alors que la nuit était déjà tombée. 

Avant de se retrouver en plein milieu de la route, ces quatre Antillais et Guyanais, âgés de 31 à 66 ans, étaient rassemblés avec tout un groupe d'amis ultramarins dans des jardins informels, situés tout près d'une carrosserie.

La route départementale de Sarcelles où quatre personnes ont été fauchées par un véhicule, dimanche 29 octobre.

Une situation périlleuse

Jimmy Printemps, un Guyanais, et Amédé, un Guadeloupéen (il n'a pas souhaité donner son nom de famille) étaient avec eux le soir du drame. Ils s'étaient retrouvés le samedi pour une petite fête informelle, comme ils en ont l'habitude. Le lendemain, certains sont retournés aux jardins pour nettoyer et continuer les célébrations autour d'un verre.

Marie-Hélène Régulier et Marcelin Gene, en couple, décident en fin de journée de rentrer chez eux, à Garges-lès-Gonesse. Ils quittent le lieu vers 18h30, raconte Jimmy.

Pour repartir à pied, les deux Guadeloupéens doivent traverser la voie, marcher quelques pas sur le terre-plein central, et franchir la deuxième portion de route pour se retrouver de l'autre côté. Mais sur le chemin, Marie-Hélène fait un malaise et s'écroule. Marcelin court alors chercher de l'aide auprès de leurs amis, toujours dans les jardins.

Max Bruno, un pompier originaire de la Guyane, et Sonia Zigh, une aide-soignante d'origine antillaise, accourent pour aider la sexagénaire. Des véhicules s'arrêtent sur le bas-côté, les secours se dépêchent sur place. Mais, l'endroit étant peu éclairé, la situation reste périlleuse pour ceux présents autour de Marie-Hélène. Les véhicules, eux, continuent de passer.

"On n'a toujours pas vu le corps"

Soudain, une Twingo débarque et percute les quatre individus. Aucun ne survit. Le conducteur, un jeune homme de 29 ans, a été mis en examen pour homicides involontaires mardi et remis en liberté après près de deux jours de garde à vue. Testé négatif aux stupéfiants et à l'alcool, il aurait déclaré aux enquêteurs avoir été gêné par un véhicule roulant derrière lui, a appris Le Parisien.

"Ça fait de la peine, c'étaient des amis", se désole Amédé, rencontré cinq jours après le drame dans les jardins où les victimes étaient réunies ce week-end. "C'est triste", appuie Joël, un Martiniquais qui avait l'habitude de côtoyer les quatre Antillais et Guyanais.

Du côté des familles, c'est le flou total. Les proches de Marie-Hélène Régulier ont appris sa mort sur les réseaux sociaux, en recevant des messages de condoléances. "On est un peu perdus", confie Véronique Darin, 35 ans, la deuxième fille de cette agente de restauration dans un collège parisien. Marie-Hélène, originaire de Goyave, en Guadeloupe, est arrivée dans l'Hexagone à 18 ans. Elle était mère de trois enfants, et avaient sept petits-enfants.

Sonia Zigh, jeune femme de 31 ans d'origine antillaise, était, quant à elle, maman d'une fille de 15 ans. D'après Le Parisien, le Centre communal d'action sociale de Sarcelles a pris en charge l'adolescente depuis la mort de sa mère.

La police, qui n'a pas souhaité répondre à nos sollicitations, mène désormais l'enquête pour comprendre pourquoi le conducteur a fauché Marie-Hélène, Marcelin, Max et Sonia. En attendant, impossible pour les proches d'organiser les obsèques. "On n'a toujours pas vu le corps", déplorent les filles et la sœur de Marie-Hélène, qui ont lancé une cagnotte pour financer les obsèques.