Droit du sol, moyens humains et technologiques : à Mayotte, Gérald Darmanin égrène son arsenal contre l’immigration clandestine

Gérald Darmanin, ministre de l'Intérieur et des Outre-mer sur le quai de Dzaoudzi - Mayotte
Les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer ont entamé dimanche une visite de trois jours à Mayotte où ils ont passé en revue les moyens mis à la disposition du 101e département pour lutter contre l’immigration clandestine, tout en insistant sur la nécessité de "réduire l’attractivité de l’île".

Après une arrivée plutôt discrète dimanche matin à l’aéroport de Mayotte, sans parterre officiel ni foule populaire qui accueille parfois les visites officielles sur le territoire, les ministres de l’Intérieur et des Outre-mer, Gérald Darmanin et Jean-François Carenco, ont passé une bonne partie de la première journée de leur visite en Petite Terre, où ils ont passé en revue les moyens aériens et maritimes de lutte contre l’immigration clandestine. Mais le ministre de l’Intérieur a également insisté sur leurs limites : selon lui, il faut également lutter "contre l’attractivité du territoire de Mayotte"

Ecoutez l'intégralité de l'interview de Gérald Darmanin dans cette vidéo réalisée en direct pour les reporters de Mayotte la 1ère :


Bateaux intercepteurs, radars, drones et policiers

Dans une interview accordée aux journalistes qui accompagnaient la délégation, Gérald Darmanin s’est d’abord félicité "que depuis le plan lancé par le président de la République, qu’on peut appeler un plan civilo-militaire, les choses se sont nettement améliorées en trois ans" malgré la crise sanitaire qui a sévi entre temps. Le ministre a rappelé les investissements réalisés par l’État pour lutter contre l’immigration clandestine. Le nombre de bateaux intercepteurs de la police et de la gendarmerie a triplé, passant de de quatre à neuf, et même à onze en janvier, affirme le membre du gouvernement. Le nombre de policiers a augmenté de 50%, a-t-il poursuivi au ponton de Dzaoudzi, se félicitant du nombre de personnes renvoyées "aux Comores où dans les états africains dont Madagascar puisqu’on est à plus de 20 000 retours aux frontières." Et même plus de 23 000 en 2021 à en croire les chiffres fournis par l’État.

Quelques minutes plus tôt, la délégation ministérielle avait visité l’aéro-club de Pamandzi où elle avait pu constater l’arrivée de drones de renseignement qui peuvent désormais voler "grâce aux lois que nous avons réussi à faire adopter à l’Assemblée nationale et au Sénat avant l’élection présidentielle." Le ministre promet également de nouveaux radars, "un effort financier très important que fera le gouvernement de la République."

J’avais été très frappé l’année dernière, quand je suis venu du manque de "z’yeux", pardon de la dire comme ça, que la marine nationale, la police ou la gendarmerie avaient, notamment la nuit pour pouvoir repérer les kwassa-kwassas qui viennent […] La frontière ne sera pas totalement hermétique mais elle va s’améliorer.

Gérald Darmanin, ministre de l’Intérieur

Ces moyens – actuellement situés en Petite Terre - pourraient migrer vers la Grande Terre dans les prochains mois, afin d'augmenter leur efficacité. Le ministre a rappelé que des études et des travaux ont été lancés, en coordination avec la préfecture, pour que "l’ensemble des bateaux qui dépendent de l’État – pas simplement de la police ou la gendarmerie mais aussi des douanes ou d’autres bateaux du territoire, soit de l’autre côté dans un quai sécurisé". Un projet qui devrait avancer en novembre, promet Gérald Darmanin, lors de sa prochaine visite dans le 101e département.

Attractivité, loi immigration et droit du sol

À cette longue liste des moyens humains et technologiques qu’il égrène sur le quai de Dzaoudzi, le ministre ajoute un bémol : l’immigration clandestine ne diminuera qu’en "luttant contre l’attractivité du territoire de Mayotte." "Sans rien toucher au droit des Mahorais" ajoute-t-il aussitôt, évoquant une "convergence sociale" dont il ne donne aucun détail et qui sera définie, laisse-t-il entendre, par son ministre délégué aux Outre-mer, Jean-François Carenco, à une date ultérieure.

Outre cette "convergence sociale" encore floue, Gérald Darmanin compte sur sa "loi immigration" qui, dit-il, "aura évidemment des impacts très forts sur Mayotte". Le ministre espère pouvoir inscrire dans la loi l'obligation pour "l'un des deux parents [d'être] régulièrement depuis plus d'un an [contre trois mois actuellement] sur le territoire [de Mayotte] afin que leur enfant soit reconnu comme Français", avait-t-il déclaré avant son départ au Journal du dimanche (article réservé aux abonnés). Le sujet sera débattu par le Parlement à l’automne puisque, conclut le ministre de l'Intérieur, "les moyens technologiques et humains ne pourront pas tout tant qu’on aura encore cette législation qui permet encore aux gens de venir ici très rapidement de pouvoir ne pas être exclus de l’île de Mayotte."

En quoi consiste le droit du sol en France et à Mayotte?  Les explications de FranceInfo sur l'exception mahoraise :