On connait de la Réunion ses pitons, cirques et remparts, mais beaucoup moins ses ravines ! Alors que ces veines qui tranchent dans la chair de l’île, du sommet des montagnes au battant des lames, charriant des trombes de pluies à l’envi sont de véritables réservoirs de la biodiversité.
Des saignées de vert boisé au beau milieu des champs de canne : voilà comment, de loin, vous repérez les ravines. Ces escarpements, rigoles larges et profondes, aux flancs hérissés de roches, ont résisté aux efforts de ceux qui ont voulu de tout temps, aplanir, rendre docile la nature à leurs outils... Avec les ravines, pas question ! Couloirs naturels des eaux pluviales, elles sont essentielles et sont restées rétives aux plantations en monoculture : à elles les mousses, les fougères, les lianes et les pieds de bois endémiques.
Ravine Sèche, Ravine du Cap, Grande Ravine, il n’est pas difficile de trouver une ravine à la Réunion. Pas compliqué de les connaitre, leurs noms sont maintenant piqués en panneaux en bord des routes, tels des fleuves en d’autres contrées.
S’il n’est pas impossible de franchir la majorité des ravines, quand on fait le tour de l’île, dans les bas, même en saison des pluies, cela peut le devenir dès que l’on monte un peu les pentes, dès que l’on prend les routes des hauts ! Foin de pont sur chaque ravine, mais un simple radier, infranchissable dès une grosse averse !
Ravine Azul, Ravine Citron-galet, Ravine Glissante, Ravine Mimi, pas difficile de tomber sous le charme de leurs noms étranges et fleuris !
Plus complexe en revanche, de trouver une ravine assez accueillante pour s’y poser ! Repère de moustiques, de vignes marrones et autres créatures piquantes ou glissantes !
Mais, kom di kreol “Ti hache i koup gro bwa”, quand vous trouvez alors une ravine accueillante, en son cœur, quelle symphonie ! Becs-roses, papangues et tourterelles se partagent le paysage sonore : posez-vous au creux de la ravine avec eux, loin du monde...