Quel sera le visage de l’Europe pour les cinq prochaines années ? Dans un mois, ce sont plus de 350 millions d’Européens qui auront le droit de voter afin d’élire leurs représentants au Parlement européen. Parmi eux, 50 millions de Français dont un peu moins de 2 millions dans les Outre-mer (nombre d’inscrits aux élections présidentielles de 2022) pourront se déplacer jusqu’aux urnes.
Néanmoins, la réalité est tout autre. Lors des dernières élections européennes de 2019, les taux d’abstention ont atteint des records, ils oscillent entre 70 % pour La Réunion et 87 % pour la Guyane, des taux toujours largement supérieurs à la moyenne nationale d’abstention (49 %). Pourtant, l'Europe continue d'aider ses États membres à coups de millions d'euros, et notamment dans les Outre-mer où d'importants projets sont financés chaque année.
Les Européennes, un scrutin particulier
Les élections européennes se dérouleront pour la France les 8 et 9 juin prochains. Le samedi 8 pour les habitants de Saint-Pierre-et-Miquelon, Saint-Barthélemy, Saint-Martin, la Guadeloupe, la Martinique, la Polynésie française. Et le dimanche 9 pour Mayotte, la Nouvelle-Calédonie, Wallis-et-Futuna ainsi que pour La Réunion.
Cette année, 81 députés seront élus à travers toute la France. Ils siègeront parmi les 720 eurodéputés du Parlement qui débuteront par une première session plénière du 16 au 19 juillet 2024, durant laquelle seront élus le président du Parlement, ses vice-présidents ainsi que cinq "questeurs", qui s’occupent de la gestion administrative et financière des élus européens.
Enfin, en Outre-mer comme dans l'Hexagone, les candidats seront les mêmes. Chaque parti représente une liste de candidats qui devra obtenir au moins 5 % des voix pour obtenir des élus. Ensuite, cela se jouera à la proportionnelle : 5 % pour 5 élus, 20 % pour environ 20 élus, etc.
L'Outre-mer et l'Europe, une relation particulière
L’Union européenne a rangé les Outre-mer dans deux catégories : les RUP et les PTOM. Les RUP, qui correspondent aux régions ultrapériphériques, comprennent plusieurs îles européennes, dont la Guyane, la Guadeloupe, Saint-Martin, la Martinique, La Réunion et Mayotte font partie. À cela peuvent s'ajouter les îles espagnoles des Canaries par exemple. Ils font pleinement partie de l'Union européenne, qui leur accorde près de 3,5 milliards d'euros de financement sur le période 2021-2027.
De l'autre côté, il y a les PTOM, les Pays et Territoires d'Outre-mer qui se comptent au nombre de treize. Ils comprennent par exemple la Nouvelle-Calédonie, la Polynésie française, Saint-Pierre-et-Miquelon, les Terres australes et antarctiques françaises (TAAF), Wallis-et-Futuna, et Saint-Barthélemy, ou encore le Groenland ou les Antilles néerlandaises. La particularité des PTOM réside dans le fait qu'ils sont seulement associés à l’Union européenne, le droit européen ne s’y applique pas. Ils peuvent se partager 500 millions d’euros de fonds européens sur six ans.
" À l'échelle européenne, beaucoup de projets sont construits spécifiquement pour les Outre-mer"
Le lien entre l'Union européenne et les territoires ultramarins français demeure très fort. L'Europe, qui décide par l'intermédiaire de ses députés d'allouer ou non un financement pour un projet, ne cesse de se pencher sur les Outre-mer françaises.
Malgré une réticence marquée des territoires ultramarins pour ces élections, l'Europe reconnait "les potentialités économiques de chacun des territoires ainsi que leurs spécificités culturelles", comme l'avance Jaume Duch Guillot, porte-parole du Parlement européen. "Chaque territoire a d'importantes spécificités et est confronté à des situations très particulières. (...) C'est la raison pour laquelle beaucoup de projets sont construits spécifiquement pour les Outre-mer" ajoute-t-il.
Preuve en est, le porte-parole du Parlement énumère les derniers projets mis en place par l'Europe, et ce, sur des domaines tous différents les uns des autres. Que cela soit pour le financement de l'agriculture en Polynésie, le soutien de la recherche en énergies renouvelables à La Réunion ou au niveau de la santé et de l'éducation en Guadeloupe, Jaume Duch Guillot l'assure, "beaucoup de choses qui se décident au Parlement Européen auront un impact direct sur la vie des citoyens français ultramarins".
En Guyane par exemple, un plan de création d'emploi, mis en place depuis 2016, provient directement de l'UE où 26 millions d'euros ont été dépensés pour promouvoir l'emploi. À Mayotte, c'est plus de 17 millions d'euros qui ont été alloués pour la construction du centre hospitalier de Petite-Terre.
Mais le porte-parole du Parlement européen en est bien conscient. La "distance géographique" cumulée au "manque d'information et de communication" ne favorisent pas le déplacement aux urnes.
Si ces territoires sont bien représentés au Parlement européen, il y a plus de chance que, lors des discussions sur le budget, on prenne davantage de décisions en leur faveur.
Jaume Duch Guillot - Porte-parole du Parlement européen