"Il y a une instrumentalisation inacceptable de la mort d'un adolescent, que nous déplorons tous alors que la période devrait être au recueillement et au respect", a déclaré le chef de l'État en conclusion de la réunion de la cellule interministérielle de crise. Elle s'est tenue vendredi au ministère de l'Intérieur après trois nuits d'émeutes urbaines à la suite du décès du jeune Nahel lors d'un contrôle policier à Nanterre.
"Face à cela, je condamne avec la plus grande fermeté toutes celles et ceux qui utilisent cette situation et ce moment pour essayer de créer le désordre et d'attaquer nos institutions. Ils portent une responsabilité de fait accablante. Et je condamne avec la plus grande fermeté, nous les condamnons tous, ces violences pures et injustifiables qui n'ont aucune légitimité", a-t-il poursuivi.
Le président s'est félicité de la réponse "rapide et adaptée" des forces de l'ordre et annoncé que des "moyens supplémentaires" allaient être déployés par le ministère de l'Intérieur. "La décision a été prise d'annuler plusieurs évènements festifs et plusieurs rassemblements dans les départements qui sont les plus sensibles", a-t-il par ailleurs indiqué.
La responsabilité des parents
Emmanuel Macron a également profité de cette prise de parole pour appeler "tous les parents à la responsabilité" qui, selon lui, doivent garder leurs enfants à la maison.
"Il est clair que le contexte que nous vivons, on le voit, est la résultante de groupes parfois organisés, violents et équipés, que nous condamnons, que nous appréhendons et qui seront judiciarisés, mais également de beaucoup de jeunes. Un tiers des interpellés de la dernière nuit sont des jeunes, parfois des très jeunes", a-t-il observé.
"C'est la responsabilité des parents de les garder au domicile. Donc il est important pour la quiétude de tous que la responsabilité parentale puisse clairement s'exercer. (...) La République n'a pas vocation à se substituer à eux", a-t-il poursuivi.
"Sortie du réel"
Il a également dit attendre un "esprit de responsabilité" des grandes plateformes des réseaux sociaux, citant notamment Snapchat et TikTok où s'organisent "des rassemblements violents" et qui suscitent "aussi une forme de mimétisme de la violence, ce qui conduit chez les plus jeunes à une forme de sortie du réel". "On a le sentiment parfois que certains d'entre eux vivent dans la rue les jeux vidéo qui les ont intoxiqués", a estimé Emmanuel Macron.
"La loi a prévu, y compris ces derniers mois, des changements et l'exercice d'un contrôle parental qu'il convient de faire pleinement respecter, mais nous prendrons dans les prochaines heures plusieurs dispositions (...) d'abord en lien avec ces plateformes, d'organiser le retrait des contenus les plus sensibles", a annoncé le chef de l'État.
"Des demandes seront aussi faites partout où c'est utile et à chaque fois que c'est utile, pour avoir l'identité de celles et ceux qui utilisent ces réseaux sociaux pour appeler au désordre ou pour exacerber la violence", a-t-il précisé.
Un homme tué en Guyane
Saisi par une vidéo amateur, le tir à bout portant d'un motard de la police mardi matin sur un jeune homme de 17 ans, lors d'un contrôle routier à Nanterre, continue à embraser de nombreuses villes du pays.
Après l'Île-de-France et plusieurs villes dans l'Hexagone, les violences urbaines ont embrasé les Outre-mer dans la nuit de jeudi à vendredi. Touché par une balle perdue, un homme est décédé à Cayenne, dans le quartier de Mont-Lucas, en marge des violences en réaction à la mort de Nahel.
"Au moment où les forces de police se retiraient, un coup de feu a été tiré en direction des policiers", a expliqué le procureur de la République de Cayenne lors d'une conférence de presse ce vendredi 30 juin. "Un homme de 50 ans a été touché au thorax et est décédé quelque temps après." Cet homme se trouvait sur un balcon et a été touché par une "balle perdue" qui "venait des émeutiers", a expliqué de son côté le préfet. La police judiciaire a été saisie.
Des incidents ont eu lieu aussi en Martinique et à La Réunion. Le point d'Outre-mer la 1ère sur france info :
Dans la nuit de jeudi à vendredi, les forces de l'ordre ont procédé à 875 interpellations, dont 408 à Paris et sa proche banlieue, selon le bilan définitif du ministère de l'Intérieur. Au total, 249 policiers et gendarmes ont été blessés dans la nuit.