Emilie Andéol, médaille d'or aux JO de Rio : "Depuis trois ans, je revis" #MaParole

Emilie Andéol
Elle a connu des hauts vertigineux et des bas dantesques. La championne olympique de judo, Emilie Andéol a finalement très bien géré sa reconversion, mais la route a été sinueuse, voire douloureuse. Un parcours de combattante dans #MaParole.

Rarement, une médaillée d’or olympique nous aura autant émues. Ce 12 aout 2016, sur le podium, Émilie Andéol n’arrête pas de pleurer. Des larmes de joie certes. Mais des larmes de douleurs aussi. Le chemin a été long, difficile, rugueux, mais aujourd’hui la championne olympique regarde cette histoire avec tendresse.  Un parcours de judokate dans #Maparole.

1 Marcheprime

Marcheprime, petit village bien tranquille de Gironde, situé entre Bordeaux et le bassin d’Arcachon. C’est là qu’Émilie Andéol grandit dans une famille très sportive. Sa mère travaille de nuit à l’hôpital, son père est soudeur. À l’âge de 8 ans, elle décide de se mettre au judo, fait de la danse et de la musique. Les trois activités proposées à Marcheprime. Au judo, elle aime battre les garçons et cela arrive fréquemment, car elle est douée. À cette époque, Émilie Andéol n’a pas vraiment de passion pour le judo, mais elle s’y rend avec plaisir. Elle ne s’intéresse pas particulièrement au Japon et à sa culture et ne connaît comme champion que David Douillet. Mais elle aime l’ambiance familiale de son club, retrouver ses amies, papoter et passer du temps avec son entraîneur, Bertrand Becerro. À force de combattre avec succès, elle apprécie la compétition et se prend au jeu. Sa mère l’accompagne régulièrement ou s’arrange avec des amies pour le transport.

Tous les trois ans, la famille part en congés bonifiés en Martinique. Pour Émilie Andéol, ce sont des vacances de rêves. Elle regarde les feux de l’amour avec sa grand-mère, s’amuse avec ses cousins. L’insouciance.

2 Médaillée d’or

Poussée par ses entraineurs, à 17 ans, Émilie Andéol décide de partir à l’INSEP, l’institut national du sport qui forme les plus grands champions en France. Elle entre en parallèle au club du Red star de Champigny. À Paris, pas facile de s’intégrer à l’INSEP. Mais Émilie Andéol travaille dur et commence à imposer son style sur les tatamis.

Les médailles commencent à s’accumuler. En 2012, Émilie Andéol remporte deux tournois, l’un à Rome et l’autre à Abou Dhabi. En 2014, premier titre international à Montpellier lors des championnats d’Europe. Quatre fois championne de France, deux fois championne d’Europe, la judokate se prépare aux JO de 2016. À 28 ans, Émilie Andéol participe pour la première fois à des jeux olympiques. En plus, c’est à Rio au Brésil. Sa mère et son frère font le déplacement. Par mesure d’économie, son père reste à la maison.  

Le 12 aout 2016, après plusieurs batailles homériques, Émilie Andéol gagne la médaille d’or. Tellement heureuse en demi-finale d’avoir vaincu la championne du monde, elle ne réalise pas sa victoire. Quand enfin, elle comprend, elle n’arrive plus à arrêter ses larmes. Débordée par l’émotion, Émilie Andéol touche immédiatement le public par son naturel.

La Martiniquaise Emilie Andéol, championne olympique (+78 kg) à Rio en 2016.

3 Les montagnes russes

Après la médaille d’or, le regard des autres sur elle change radicalement. Les journalistes affluent et Émilie Andéol ne se sent pas vraiment prête à faire face à cette soudaine célébrité. Les cérémonies se succèdent : l’Élysée, la fête à Marcheprime, l’invitation de la ligue de judo en Martinique. Pendant ce temps, la fédération refuse qu’elle se repose durant six mois. Émilie Andéol accuse le coup, mais poursuit, tel un bon petit soldat. Et puis, elle craque sur le plan moral et physique. Ses genoux abimés par l’arthrose la font terriblement souffrir. Le 12 aout 2018, elle annonce officiellement la fin de sa carrière sportive.

Émilie Andéol décide de partir vivre à Bordeaux pour se rapprocher de sa famille. Côté travail, elle ne parvient pas à gérer sa reconversion et se retrouve au chômage. Un jour à Tignes, lors des Etoiles du sport, en décembre 2019, une journaliste du Parisien vient lui parler. Elle craque et raconte son calvaire. Le manque de reconnaissance, le manque d’accompagnement. Le Parisien publie l’article au titre terrible : "Parfois, je regrette d’avoir été championne olympique". Dans le monde du sport, mais pas seulement, l'article fait l’effet d’une bombe. Émilie Andéol raconte dans #MaParole son soulagement d’avoir enfin parlé, mais aussi son angoisse à la vue de l’article et de son téléphone rempli de SMS.

Cet article dans Le Parisien suscite plein de réactions. De nombreux sportifs écrivent à Émilie Andéol pour parler de leurs expériences. Très vite, la championne olympique reçoit plein de propositions. Le ministère de la Jeunesse et des Sports la convoque pour discuter du problème de la reconversion des champions olympiques. Stéphane Nomis, ancien champion de judo et entrepreneur, l’appelle. Il lui propose de travailler au sein de la fondation Ippon qu’il a créé pour lutter contre la fracture numérique en Afrique, mais aussi en Europe. Émilie Andéol est emballée par le projet. Elle y travaille toujours comme cheffe de projet et vient de rentrer d’une mission au Togo.

En 2021, elle officie comme consultante pour France Télévisions lors des Jeux Olympiques de Tokyo. Une expérience qu’elle a adorée vivre. Bref, la vie d’Emilie Andéol a radicalement changé, grâce à un article de presse. 

 

Emilie Andéol

♦♦ Émilie Andéol en 5 dates ♦♦♦

►30 octobre 1987

Naissance à Bordeaux

12 août 2016

Médaille d’or aux JO de Rio

12 août 2018

Met fin à sa carrière sportive

►3 décembre 2019

Article dans Le Parisien "Parfois, je regrette d’avoir été championne olympique"

Juillet 2021

Consultante pour France Télévisions aux JO de Tokyo