Des matériaux issus d’Irma
Outre-mer comme partout sur la planète, des projets de récifs artificiels se multiplient. A Saint-Martin, les agents de la réserve naturelle de l’île en ont fabriqué à partir de matériaux inertes récupérés après le passage du cyclone Irma. Le 6 septembre 2017, l'île a été ravagée par un cyclone de catégorie 5 +. Pour choisir les matériaux les plus adaptés, la réserve a passé un accord avec la décharge de Grandes Cayes de Saint-Martin. Lustres, antennes, jantes en acier, grilles métalliques et morceaux de bétons ont été immergés et assemblés de façon à créer une architecture favorable à la faune marine. Ces abris permettent aux poissons et aux crustacés de se développer et sont également de nouveaux sites de plongée.Ces récifs fabriqués avec des matériaux inertes non polluant issus d’Irma sont le fruit d’une réflexion globale. Ce cyclone ne doit pas être qu’un événement ayant laissé des traces. En valorisant son passage, comme on le fait avec ces récifs artificiels, on amoindrit le coût qu’il a représenté pour notre île
- Julien Chalifour responsable scientifique à la réserve de Saint-Martin
Regardez ces images tournées par les agents de la réserve naturelle de Saint-Martin. Elles montrent la fréquentation importante des récifs articificiels par la faune marine.
Des récifs artificiels colonisés par plusieurs centaines de poissons
Les récifs sont tout à la fois des maisons et des garde-mangers pour la faune marine. Avant l’immersion de ces récifs artificiels, les agents de la réserve ont observé sur le site à peine 4 espèces et 7 individus. Un an plus tard, on y trouve 60 espèces et plus de 700 individus.Parmi ces poissons, il y en a un très grand nombre qui sont ciblés par les pécheurs comme le mérou, une espèce qui bénéficie par ailleurs d’un programme Life ici à Saint-Martin. Ces récifs artificiels ont donc un potentiel pour la conservation mais aussi pour l’économie liée à la pêche et au tourisme
- Julien Chalifour responsable scientifique à la réserve de Saint-Martin
Ce programme, Bio Hab 2, est prévu sur deux sites de l’espace marin de la réserve naturelle de Saint-Martin : l’îlet Tintamarre et Anse Marcel. Très régulièrement, les agents de la réserve plongent pour y suivre le peuplement des poissons.
Dès le début on a vu s’implanter de gros individus mais désormais, ce sont des alvins, c’est-à-dire de jeunes poissons qu’on trouve aujourd’hui, cela veut donc dire que ça marche
Un projet pilote avec des parpaings
En 2014, la réserve naturelle de Saint-Martin a déjà remporté un premier succès avec un projet pilote de récifs artificiels, Bio Hab 1. Des parpaings installés en pyramide ont permis à de nombreux poissons de se développer sur un site auparavant désert.
On s’aperçoit qu’on ne peut pas limiter notre action à la conservation ou à la surveillance de nos espèces et de nos écosystèmes présents dans la réserve. Cela ne suffit plus car on doit faire face désormais à des impacts extérieurs sur lesquels on n’a aucune prise. Il faut donc être un peu plus innovant afin de préserver ces espèces et leur garantir un avenir
- Julien Chalifour responsable scientifique à la réserve de Saint-Martin
Le cyclone Irma a ensablé la quasi-totalité des installations de Bio Hab 1 d’où le programme Bio Hab 2 financé par l’Agence française pour la biodiversité et Véolia.