Sur la piste encore humide, Emma répète sa partition comme le ferait un chef d’orchestre avec ses musiciens. Concentrée, la jeune cavalière pointe avec sa cravache chacun des obstacles, calcule les distances et écoute les conseils d'Antonin Mianne, son entraîneur.
Le duo a beau être convaincu que d'être ici, au jumping international de Dinard, est déjà en soi une victoire, il rêve secrètement d'accrocher un podium de l'une des trois épreuves du concours une étoile.
Je suis là avant tout pour gagner et je veux montrer que, même si l'on vient de très loin, ce n'est pas impossible.
Podium
Ce défi, Emma va le relever avec Vaillant d'Aigonnay dont elle a fait connaissance il y a seulement trois jours. "On a trois jours pour créer avec le cheval ce que les autres cavalières ont fait pendant un an, donc c'est compliqué, c'est un handicap", affirme-t-elle. Son cheval, celui avec qui elle s'entraîne tous les jours à Tahiti, n'a pu faire le voyage. "Trop coûteux, trop de contraintes", précise Antonin.
La première des trois épreuves donne le ton des ambitions d'Emma. Vaillant d'Aigonnay se montre légèrement nerveux lorsqu'il pénètre sur la piste, mais pas de quoi inquiéter la jeune cavalière. "Il a du caractère", indiquera Emma à l'issue de l'épreuve. La cavalière et son cheval enchaînent les obstacles, maintiennent un bon rythme et réalisent un parcours sans faute qui permet au duo de terminer deuxième de l'épreuve.
Remise des prix de la première épreuve du concours une étoile du jumping international de Dinard :
De retour aux écuries, un magnifique sourire illumine le visage d'Emma. "Je me suis éclatée, je me suis vraiment amusée. Le cheval était de bonne composition, il a très bien sauté. Je termine deuxième, c'est génial".
Pas le temps de se reposer sur ses premiers lauriers. De retour à l'écurie, Emma doit s'occuper de son compagnon de victoire. "C'est comme ça que l'on crée une relation avec le cheval. Si ça se passe bien au box, que le cheval n'est pas rétif, il y a peu de chance que ça se passe mal quand on le monte", indique-t-elle.
Coup dur
Galvanisée par cette première journée, Emma est de retour sur la piste le lendemain avec toute sa détermination et sa volonté de réitérer le résultat de la veille. Cette deuxième épreuve s'avère plus compliquée.
La jeune cavalière ne parvient pas à imposer son rythme au cheval et enchaîne les fautes malgré un très bon chrono. Dans les tribunes, Virginie et Raphaël, les parents d'Emma, accusent un peu le coup et anticipent la réaction de leur fille. "C'est sur, elle va être très déçue", affirme sa maman.
Antonin, son entraîneur, tente d'atténuer la déception de sa cavalière en revenant à l'essentiel. "On est venu ici pour l'expérience, pour montrer que c'est possible. L'objectif de notre fédération est de toucher du doigt ce genre d'événement et à l'avenir de présenter d'autres cavaliers de Polynésie".
Sortie en beauté
Sonnée, Emma revient sur la piste le lendemain avec toute la détermination qui la caractérise. Dans les tribunes, le clan familial est un peu fébrile. "Nous, on la pousse, on l'encourage, on la soutient, mais on ne l'oblige à rien", indique Virginie, sa maman. Emma est une compétitrice et elle aime les défis.
Pour cette troisième et dernière épreuve, la jeune polynésienne, fraîchement diplômée du bac avec une mention très bien et les félicitations du jury, veut effacer sa contre-performance de la veille. Vaillant d’Aigonnay est dans le rythme. Il enchaîne les obstacles sans faillir et Emma retrouve le plaisir. "Emma a réalisé une très belle performance dans cette épreuve, la plus importante du week-end. Après un parcours sans pénalité, elle s'est qualifiée pour le barrage de l'épreuve. Deux classements sur trois épreuves, nous sommes très satisfaits", se félicite son entraîneur.
La deuxième et troisième épreuve :
Ouvrir la voie
Emma va rentrer chez elle, en Polynésie, avec la satisfaction d'avoir ouvert la voie pour d'autres cavaliers. "Participer à des épreuves aussi prestigieuses que le jumping international de Dinard est une source de motivation pour les cavaliers à Tahiti." Désormais, elle va mettre entre parenthèses la compétition pour se consacrer pleinement à ses études. Elle veut réussir sa première année de médecine et retrouver ensuite la piste, les paddocks, les écuries... Et l'adrénaline de la compétition.
Le reportage à Dinard de Pierre Lacombe et Nordine Bensmail :