Le déplacement d'Emmanuel Macron dans le Pacifique sud, du 24 au 29 juillet 2023, comportera plusieurs volets bien distincts. Du 24 au 27 juillet, le chef de l'Etat se concentrera sur l'avenir politique et institutionnel de la Nouvelle-Calédonie.
Les 27 et 29 juillet, il sera en déplacement au Vanuatu et en Papouasie Nouvelle-Guinée, pour préciser la stratégie de la diplomatie française au coeur de l'Indo-pacifique, région du monde frappée de plein fouet par la guerre d'influence que se livrent la Chine et les Etats-Unis.
Comme le montre une carte relayée par l'ambassadeur de France au Vanuatu il y a quelques semaines, le Pacifique sud est marqué par cette rivalité sino-américaine, et les visites dans la région des diplomates chinois et américains se sont multipliés ces derniers mois, alors même que jusqu'à cette visite du président de la République, la diplomatie française était très peu présente. La Chine a considérablement accru son influence au Vanuatu et en Papouasie Nouvelle-Guinée ces dernières années.
Quelle position dans la rivalité sino-américaine ?
Le président de la République positionnera-t-il la France comme une alternative aux deux grandes puissances ? Jusqu'à présent, la diplomatie française utilisait pour définir son positionnement dans la région le terme de "puissance d'équilibre". Selon Antoine Bondaz, chargé de recherche à la Fondation pour la recherche stratégique, ce concept est ambigu et mal compris. "Il faut mettre fin à une incohérence sur la politique indo-pacifique", explique ce chercheur à La1ere. Selon lui, la France ne doit pas se positionner par rapport à la Chine ou aux Etats-Unis, mais insister sur la valeur ajoutée que peut apporter la France aux Etats insulaires du Pacifique.
La principale menace pour les Etats insulaires, c'est le changement climatique. La rivalité sino-américaine est secondaire pour ces Etats. La France a une valeur ajoutée sur cette question, car au quotidien, sur le terrain, elle met en oeuvre des projets au bénéfice des populations. La France doit passer du concept de "puissance d'équilibre" pas compris et peu crédible, au concept de "puissance d'initiatives et de solutions".
Antoine Bondaz
Quelle place pour les Outre-mer français ?
Antoine Bondaz estime que les sept territoires français de la zone indopacifique (La Réunion, Mayotte et les TAAF dans l'océan Indien ; La Nouvelle-Calédonie, Wallis et Futuna, la Polynésie et Clipperton dans le Pacifique) pourraient devenir des exemples, des vitrines de cette stratégie diplomatique française. Il préconise la création d'un Forum de sécurité du Pacifique insulaire, qui se réunirait tous les ans pour un sommet afin d'aborder les questions de sécurité environnementale et de sécurité humaine pour les Etats insulaires du Pacifique.
Antoine Bondaz developpe ces axes stratégiques dans une note publiée le 7 juillet (consultable en cliquant ici). Il explique les enjeux diplomatiques du déplacement d'Emmanuel Macron, dans une interview accordée à La1ère, à écouter ci-dessous :