Emotion, sourire, gêne : comment s'est déroulée la rentrée des nouveaux députés ultramarins à l'Assemblée ?

Les nouveaux députés ont fait leur rentrée à l'Assemblée nationale.
Les 27 députés des Outre-mer ont fait leur rentrée à l'Assemblée Nationale, ce mardi 27 juin, lors de la séance inaugurale. De l'émotion, des sourires, de la gêne ou encore du trac : comment les nouveaux arrivants et les habitués de l'hémicycle ont-ils réagi ?
"Je déclare ouverte la XVe législature de l'Assemblée nationale". Peu après 15 heures, le doyen des députés, prend la parole. Dans son discours d'ouverture, Bernard Brochand souhaite la bienvenue aux 576 autres députés. Quelques minutes avant, il était entré dans l'hémicycle suivi des six députés benjamins, dont le Guyanais, Lénaïck Adam âgé de 25 ans (son portrait ici).


Un benjamin dans la cours des grands

Un moment d'émotion pour ce jeune député bushinengue de Guyane. "Avant de marcher derrière le doyen, je n'avais pas encore mesuré la chose, avoue le député de "La République En Marche" agé seulement de 25 ans. Quand une grosse voix a annoncé "Monsieur Le Président", c'était très particulier, j'ai fait attention à bien marcher. J'ai vu que j'entrais de plein pied dans ma nouvelle fonction. Je suis en train d'écrire l'histoire". (Regardez ci-dessous les premières impressions de Lénaïck Adam).

                                                                         
         

En "jupe" dans l'hémicycle

Lui, a fait ses premiers pas à l'Assemblée dans une tenue traditionnelle tahitienne. Pour cette séance inaugurale, le député polynésien, Moetai Brotherson, portait une veste, une cravate et le lavalava qui a retenu l'attention des caméras.

La semaine dernière, il avait fait sensation en se présentant à l'Assemblée en short, sandales et chemise tahitienne. "J'ai eu un compliment d'une dame, je ne sais pas si elle était jalouse de ma jupe, sourit-il. C'est une tenue que j'ai l'habitude de porter en Polynésie. Ce n'est pas un signe de manque de respect, au contraire, c'est une tenue assez digne. La cravate est obligatoire, donc j'ai concédé ça aux us de l'Assemblée nationale. J'avais consulté les huissiers avant."



Prendre ses marques

Pour Nicole Sanquer, députée de Polynésie, et ministre de l'Education dans le gouvernement Fritch, cette première rentrée à l'Assemblée est l'occasion de prendre ses marques. "En Polynésie, nous avons une assemblée de 57 élus, ici nous sommes 577, c'est impressionnant et très protocolaire, remarque-t-elle. Nous étions classés par ordre alphabétique, j'ai pu faire des connaissances".



Le sourire

Parmi les nouveaux visages de cette Assemblée, celui de Justine Bénin, députée (DVG) de Guadeloupe, heureuse de représentée pour la première fois son territoire. "Il est vrai qu'il y avait un peu de trac au début et puis après on se reprend, car on sait que nous sommes là pour représenter notre territoire", confie-t-elle avec un large sourire.



La gène

Pas de sourire "tranche papaye" en revanche pour Jean-Hugues Ratenon. Nouveau député de la cinquième circonscription de La Réunion, ex-smicard, militant associatif, il se dit quelque peu "gêné par les moyens mis à disposition des parlementaires". "C'est beaucoup trop et ça me gêne quand on sait que plus de la moitié de la population réunionnaise vit sous le seuil de pauvreté", a-t-il confié à La 1ère dans la salle des quatre colonnes.



L'élection de François de Rugy

Lors de cette première séance, un à un, les 577 députés se sont rendus à la tribune pour glisser leur bulletin de vote dans l'urne et élire le président de l'Assemblée Nationale. Avec 353 voix, le député de "La République en Marche" François de Rugy a été élu. Une satisfaction pour le député de La Réunion, Thierry Robert. "C'est un bon choix, il saura bien mener les travaux de l'Assemblée" a-t-il déclaré.



L'échec du groupe Outre-mer

Même satisfaction pour Olivier Serva, le nouveau député de "La République en Marche" de la première circonscription de Guadeloupe. "Je pense que François de Rugy présente toutes les caractéristiques pour être un bon président, il a de l'expérience", remarque Olivier Serva qui revient aussi sur l'échec de la création d'un groupe de députés ultramarins à l'Assemblée. "Peut-être que l'Outre-mer n'était pas encore mure pour franchir le pas des groupes politiques traditionnels, je l'accepte mais l'idée était bonne", a-t-il ajouté.

 

Les "habitués"

Dans l'hémicycle, il y a "beaucoup de nouvelles têtes", remarque Hélène Vainqueur-Christophe (PS), députée de Guadeloupe et ancienne suppléante de Victorin Lurel. "Il n'y a plus les mêmes codes, on va voir comment on va fonctionner et puis on va s'habituer" réagit-elle un peu perdue dans la salle des quatres colonnes.

 
Pour le député sortant (UDI) de Nouvelle-Calédonie, Philippe Gomès, ce renouvellement de la classe politique est une "excellente chose". "Une nouvelle sève, un rajeunissement : c'est une bonne chose pour notre démocratie Française, même si nous sommes dans un groupe d'opposition. Ça donnera peut-être à l'Assemblée des débats sur d'autres angles et de nouvelles idées. C'est en tous cas ce qu'a voulu le peuple français", a-t-il conclu.