Il fait partie d'elle. Rayonne. Un peu comme un totem. Visible de loin. Impossible à cacher : Solenn Compper a le sourire chevillé au corps. En permanence. "Tant mieux, non ? J'ai le sourire facile. Je suis de nature positive. Solaire." Ce soleil, ce sourire ne quittent jamais la hurdleuse antillaise. Et ce, quel que soit le résultat de ses courses. "Des fois, je ne gagne pas mais je souris quand même. Des proches me l'ont fait remarquer. Et alors ? C'est naturel chez moi. Tout comme le plaisir que j'ai à courir." Solenn Compper, runneuse épanouie et sourire garanti.
Les haies ne sont plus un obstacle
Solenn n'est pas venue à l'athlétisme. L'athlétisme est venu à elle. Un peu par hasard. "Je devais avoir neuf ou dix ans. Mon père m'a proposé d'essayer. Pourquoi pas ? Il m'a pris une licence. Bon, la première année, je n'y suis pas allée souvent." Le coup de foudre attendra la saison d'après. L'Antillaise se laisse enfin séduire. "J'étais plus régulière à l'entraînement. Il faut dire que je m'étais fait des copains, des copines. Et surtout, j'allais plus vite que certains garçons." Les résultats arrivent. Les chronos sont là. Solenn Compper court vite.
Elle court vite. Le sprint devient son univers. Mais loin des haies. "Je pense que j'avais une appréhension. Je n'arrivais pas à reproduire le geste. Le passage des haies reste particulier." La pure sprinteuse change d'avis en 2018. Solenn Compper demande à son entraîneur Alain Lastécouères de faire un essai. "J'avais besoin d'un nouveau challenge. Sur le sprint, j'avais l'impression de ne plus avancer." Pari réussi. L'hiver 2019 est bon. L'été qui suit, se révèle étincelant. "Je termine quatrième des championnats de France Élite. 12 secondes 99. Alors que je fais une grosse faute sur la deuxième haie." Tout cela bien sûr, avec le sourire et après moins d'un an de pratique. Déroutante Solenn.
Des records et de l'or
Pour Solenn Compper, 2022 a eu des allures de come-back. Non pas que la hurdleuse se soit absentée durant deux ans. Mais pas loin. "Tout a commencé par une très banale tendinite rotulienne. Sauf que j'ai couru dessus pour essayer de décrocher ma qualification aux JO de Tokyo." La tendinite se transforme en fissure du tendon rotulien. Fin de la plaisanterie. Elle arrête tout. "J'ai pris le temps de bien me soigner. Entre des séjours au CERS de Capbreton et mes séances chez le kiné, les soins ont pratiquement duré jusqu'à la fin 2021."
Quand arrive l'hiver 2022, Solenn est prête. Et le prouve. Vice-championne de France en salle à Miramas. Elle confirme en juillet avec le bronze sur le 100 mètres haies des France en plein air. Ne manque plus que l'or. Qu'elle décroche à Oran en finale des Jeux Méditerranéens. "C'est le souvenir le plus magique de ma carrière. Et notez bien que j'ai beaucoup pleuré à la fin de ma course !" Pour celle qui retrouvait l'équipe de France après huit ans d'absence, cette victoire internationale met fin à de nombreux mois de galère. Officiellement. "Ce que je retiens de ma finale à Oran, c'est l'état d'esprit. J'étais là pour me faire plaisir. Je n'avais plus peur de l'échec. Je me sentais simplement bien dans ma tête."
C'est déjà demain
Après une si belle année écoulée, 2023 s'envisage avec enthousiasme. Solenn Compper semble avoir les armes pour battre de nouveaux records. "Désolée mais je ne me fixe jamais d'objectifs de temps. Pourquoi se fixer des limites ?" L'Antillaise espère déjà se retrouver en bleu lors des championnats d'Europe en salle et les Mondiaux en plein air. "Pour cela, il faudra aller très vite. Et figurer parmi les deux ou trois meilleures françaises." Avec peut-être à l'esprit, un autre rendez-vous estival en… 2024. "Les JO de Paris ? Oui, j'y pense. C'est dans ma tête. Mais il y a beaucoup d'étapes avant."
Beaucoup d'étapes. Beaucoup de confrontations. Les haies françaises ont toujours disposé d'une belle densité. Beaucoup de championnes. Proches. Rapides. Luxe ou handicap ? "Je trouve très bien que nous disposions d'un tel niveau en France. Ça empêche de se reposer sur ses lauriers. Et cela nous pousse à toujours faire mieux." Au sein de son club de l'US Talence, la hurdleuse prépare avec entrain les premières compétitions en salle 2023. Avec conviction également. Car Solenn Compper a des ambitions aussi grandes que son sourire. C'est dire.