Il y a de l’énergie et de la gravité dans ce spectacle-là… Après une entrée en matière qui dit la vie et la joie d’être ensemble, Spectre met en scène les corps dont on sent qu’ils essayent irrémédiablement de vivre avec un poids, une pression, une épée de Damoclès au-dessus d’eux.
Les danseurs affichent sur leurs visages une expression à l’image de cette gravité qui s’accorde à leurs mouvements tantôt très brefs ou saccadés comme interrompus, tantôt très lents comme pour attendre ou retarder en vain l’inéluctable.
Ce Spectre qui donne son nom à cette chorégraphie de David Milôme, c’est celui de la Mort qui rôde, le tout visiblement inspirée de toute cette période de la pandémie où le décompte des morts était notre horizon quotidien.
Le hip-hop cher à David Milôme, allié à d’autres danses (classique, capoeira…), traduit ces ambiances empreintes, il faut bien l’avouer, d’une certaine angoisse.
Symbole fort sur scène, des stèles tour à tour amenées et posées par les danseurs donnent l’impression que désormais toute la vie s’articule entre ces tombes dans lesquelles inexorablement nous finirons tous.
Spectre, c’est aussi un hommage du monde des vivants aux chers disparus ; hommage rendu comme une cérémonie aux corps qui passent de vie à trépas et aux âmes qui ne sont plus de ce monde.
En attendant la mort, vivons ! Ce pourrait être l’un des messages de ce spectacle débordant de vitalité et qui, malgré la vigilance toujours de mise dans ce monde - et pas seulement à cause de la pandémie -, donne, à le voir, furieusement envie de vivre !
"Spectre" de David Milôme dans le TOMA 2022, à la Chapelle du Verbe Incarné jusqu'au 30 juillet 2022.