Une rentrée scolaire qui s'annonce encore difficile en Guyane et à Mayotte. Ce lundi 8 juillet, le ministère de l'Éducation Nationale a communiqué le nombre de postes non pourvus, suite aux concours enseignants. Sur les 23 696 postes ouverts, c'est un total de près de 3 200 postes qui n'ont pas été pourvus.
Ce manque de professeurs concerne le second degré (collège et lycée) à hauteur de 1 575 postes vacants et le premier degré (maternelle et primaire) avec 1 350 postes vacants, et dans une moindre mesure l'enseignement privé (260 postes non pourvus).
Pour la maternelle et l'élémentaire, "comme en 2023, toutes les académies ont réussi à pourvoir l'ensemble des postes ouverts dans les différentes voies de concours, à l'exception de quatre académies - Créteil et Versailles, la Guyane et Mayotte", a affirmé le ministère dans un communiqué sans préciser le déficit de recrutement dans ces quatre académies.
"On a toujours des rentrées difficiles"
Secrétaire général du syndicat SE-UNSA en Guyane, Emmanuel Octavie avance le chiffre de 211 postes vacants pour la prochaine rentrée. "Sur 280 postes, seul 69 postes ont été pourvus. On est sur un taux de réussite de 25%", détaille le syndicaliste.
Mais cette situation n'est pas nouvelle pour l'académie. L'année dernière, un taux de réussite de 30% au concours a permis de pourvoir 90 postes sur les 260 requis.
On a toujours des rentrées difficiles. Il ne faut pas se contenter de dire qu'on est en bas de classement chaque année sans relever le défi de l'éducation en Guyane.
Emmanuel Octavie, secrétaire général du syndicat SE-UNSA en Guyane
Manque de professionnels médico-sociaux, besoin d'accompagnement des étudiants guyanais et passage en zone REP+, la liste des défis à relever pour améliorer les conditions d'éducation en Guyane est longue. Mais le syndicat milite avant pour "une véritable politique de recrutement et d'attractivité", notamment pour aider les zones enclavées du territoire guyanais.
Recours aux contractuels
À Mayotte, les causes sont différentes, mais le résultat est le même : un manque de professeurs pour septembre. Et par conséquent, le recrutement de nombreux contractuels pour assurer les places vacantes devant élèves. "Nous avons plus de 700 contractuels dans le 1er degré, souligne Anssiffoudine Port Said, co-secrétaire du SNUIPP Mayotte. On n'est jamais contre engager des contractuels, mais il faut les former."
Le syndicaliste s'interroge particulièrement sur l'efficacité du nouveau mode recrutement mis en place depuis un an pour les enseignants du premier degré. "Maintenant, on leur demande un test écrit en français et en mathématique, alors qu'avant, c'était seulement un oral qu'ils pouvaient réaliser à distance, explique le co-secrétaire. Certains ont fait le voyage, mais n'ont jamais été convoqués."
Pour les collèges et les lycées, le recrutement baisse également d'années en années. La rue de Grenelle met en avant un taux de postes pourvus pour le second degré public, tous concours confondus, à 88,3% en 2024 contre 86,3% en 2023 et 83,3% en 2022. Et Mayotte n'échappe pas à la règle. "Il manque environ 200 enseignants, souligne Philippe Destenay, secrétaire du SNES-FSU de Mayotte. Sans compter les autres qui vont démissionner."
Conditions difficiles de travail
Climat d'insécurité, coupure d'eau, cas de choléra, les conditions de vie à Mayotte découragent de nombreux enseignants. "Il y a un couple d'enseignants qui ont eu la machette sous la gorge juste après leur arrivée, raconte Lilia Larbi, secrétaire régional UNSA Éducation Mayotte. Un professeur qui se fait cambrioler, pourquoi est-ce qu'il resterait ?"
"Niveau dramatique des élèves", absence de périscolaire, rotation dans les salles de classe à cause du manque d'infrastructure, les professeurs sont soumis à des rudes conditions de travail. "Les enseignants qui viennent à Mayotte, ce sont soit des néo-titulaires, soit des chasseurs de prime, soit des gens qui aiment la nature, résume Lilia Larbi. En général, les collègues résistent 2, 3 ans maximum. Il faut s'armer de patience et être très vigilant."
Certains enseignants, originaires du territoire, finissent également par partir. "C'est un désert médical, avance Anssiffoudine Port Said. Certains natifs font le choix de s'expatrier pour pouvoir être hospitalisé, et scolariser leurs enfants dans de bonnes conditions." Alors que le nouveau gouvernement n'est pas encore nommé, un gros chantier attend le ou la future ministre de l'Éducation Nationale.