Dans l’hexagone comme dans les Outre-mer, des milliers d’épargnants ont investi leurs économies dans des projets immobiliers en Thaïlande. Des Calédoniens, des Polynésiens mais aussi des Réunionnais ont fait confiance à un promoteur norvégien, ils pourraient être spoliés.
Situation liée au Covid ou escroquerie immobilière ? La question n’est pas encore tranchée, mais la seconde option est privilégiée par les victimes potentielles. Des centaines voire des milliers d’investisseurs risquent de perdre leurs économies suite à la faillite annoncée d'un promoteur norvégien.
Water World
Il s’appelle Kurt Svendheim et commercialise des programmes immobiliers en Thaïlande avec plusieurs société appartenant à son groupe New Nordic Group (NNG) qui a aussi commercialisé des projets à Bali, au Cambodge et aux Philippines. Le concept s'appelle "Water World".
"En théorie, ce vaste projet hôtelier avec parc aquatique offrait des garanties", a précisé à La 1ère Macaire Dejardin. Cet investisseur a créé une association de défense des victimes.
Mirage
En échange d’investissements, les candidats se voyaient garantir une rentabilité locative de 6 à 10% par an.
Le principe de base étant qu'un "cash back" équivalent à 10% annuel de l'investissement était garanti.
Autre option, moyennant le paiement de l’intégralité du bien immobilier en Thaïlande avant même sa construction, la société s’engageait à racheter le produit 10 à 40% plus cher que son prix d’achat, après un certain nombre d’années.
"La société norvégienne de Kurt Svendheim avait pignon sur rue et avait réalisé d'autre projets mais plus petits, on a pas vu venir l'arnaque" a précisé un investisseur, sous couvert d'anonymat.
Un système
Ce système controversé pourrait s’apparenter à une vente pyramidale où le promoteur norvégien n'intervenait pas en direct mais utilisait des agents indépendants pour commercialiser ses programmes en Thaïlande.
Comme l’a révélé Le Parisien, l’homme d'affaires norvégien a déjà un passif. Il est lié à une faillite immobilière de plusieurs millions d’euros au Brésil et en Bulgarie. Il en avait imputé la responsabilité à ses associés. "A partir de 2019, sa société lui a accordé un prêt personnel de près de 100 millions d'euros, l'argent s'est envolé" a affirmé M. Macaire à La 1ère.
Montage
Dans son montage financier en Thaïlande, Kurt Svendheim commercialisait des résidences haut de gamme. Les sociétés immobilières qui servaient d'intermédiaires étaient d’autant plus motivées que les commissions accordées étaient très généreuses. De l’ordre de 15%, précise de son côté Le Figaro.
Plusieurs milliers d’investisseurs ont été incités à placer leur épargne. Selon différentes sources, ils seraient 350 en Polynésie, près de 380 en Nouvelle-Calédonie et un nombre encore indéterminé à La Réunion. On ne connaît pas l'identité des investisseurs, la plupart d'entre eux a vécu comme une délivrance de découvrir l'existence d'un collectif prêt à agir.
320 dossiers
La page Facebook, créée par l'association afin de se faire connaître, a enregistré plus de 320 dossiers, elle compte prés de 900 membres. Le préjudice financier des particuliers serait supérieur à 50 millions d'euros.
M. Dejardin, a confirmé à La 1ère que "parmi les investisseurs, se trouvent de nombreux résidents calédoniens et polynésiens, mais aussi des réunionnais". Le groupe a désigné des correspondants dans chaque territoire concerné.
"Ces français sont sur la paille", a indiqué de son côté le magazine Capital.
Rendez-vous avec la justice le 31 mai
Le 28 janvier dernier, la société de Kurt Svendheim (NNG) a invoqué l’arrêt du tourisme lié à la crise sanitaire pour déposer et proposer un projet de "réhabilitation", avec une alternative jugée peu réjouissante : "ou vous acceptez ou vous perdez tout, voilà ce qu'ils nous on dit", a conclu M.Macaire.
Les projets de résidences prévus à Phuket ou à Pattaya ont été stoppés. Le 31 mai prochain, la justice thaïlandaise doit se prononcer. Le promoteur norvégien est-il vraiment dans l’incapacité de payer ses créanciers ?
Il faudra notamment déterminer s’il y a eu escroquerie et savoir dans quel pays mener ensuite une action. Ou encore si la responsabilité des intermédiaires immobiliers est engagée.
Les probabilités que les investisseurs floués récupérent leur argent sont faibles, mais pas exclues. Une longue bataille juridique attend l'association, elle entend aussi saisir la justice française.