Endométriose : le combat de la Martiniquaise Sandrine Gruda

La joie de Sandrine Gruda, médaillée de bronze aux Jeux olympiques de Tokyo.
Comme 2,5 millions de Françaises, Sandrine Gruda, basketteuse professionnelle, n’a pas été épargnée par l’endométriose. À l'occasion de la journée mondiale de l'endométriose, la Martiniquaise de 35 ans partage son expérience et pointe aussi du doigt tout ce qui peut en découler : risque de stérilité, fatigue, dépression et anxiété.

Pendant plus de sept ans, impossible pour Sandrine Gruda de mettre un nom sur ces douleurs,  tellement intenses qu'elle en restait figée. Pour les médecins, il s'agissait d'une "simple" douleur liée aux règles. Malgré un suivi par une gynécologue en France, il faudra attendre 2013 et un séjour à l'étranger pour que la multimédaillée mette un nom sur sa maladie, l'endométriose. 

Selon le Ministère de la Santé et de la Prévention, l'endométriose toucherait environ 10% des femmes en France. Définie comme une maladie gynécologique, qui se caractérise par le développement de la muqueuse utérine en dehors de l'utérus, elle se traduit, pour la plupart des femmes, par de très violentes douleurs liées aux cycles de menstruations.

Pour la Martiniquaise, c'est sa vie de sportive professionnelle, très mouvementée, qui lui aura finalement permis d'être diagnostiquée comme souffrant de l'endométriose, une fois arrivée aux Etats-Unis. 

J'étais suivie en France depuis des années par une gynécologue. Mais une fois arrivée à Los Angeles, le gynéco m'a directement dit 'c'est une évidence, c'est l'endométriose'

Sandrine Gruda

Et si le terme "d'errance thérapeutique" concerne encore trop de femmes atteintes de cette maladie en France, la championne 2016 de WNBA se dit tout de même satisfaite du travail mis en place par le Président Emmanuel Macron " Il y a un gros travail de fond et de sensibilisation, qui notamment avec le Président de la République, agite le milieu médical et l'invite à réfléchir."

Le plan national, efficace ?

Car si la France apparait en retard par rapport à ses voisins outre-Atlantique, elle compte bien se rattraper grâce au plan mis en place par le Président en fonction. D'abord déclenché par Agnès Buzyn en 2019 puis mis en place par l'ancien ministre de la Santé Olivier Véran. La présidente réunionnaise d'EndoFrance, l'une des principales associations de lutte contre l'Endométriose, tient quand même à rappeler qu'"il ne faut surtout pas croire que la douleur est normale".

La prise en charge de l’endométriose

Pour Sandrine Gruda, ce plan doit permettre de "lever le voile" sur cette maladie. L'intérieure lyonnaise explique la difficulté à sortir en dehors de chez soi lorsque les règles sont difficiles, et tout l'aspect socio-professionnel qui en découle " lever le voile permet de libérer la femme, beaucoup d'entre elles vivaient cachées et humiliées".

Malgré une formation tardive pour les médecins généralistes (depuis 2021, la maladie est étudiée par les futurs médecins), les recherches se sont intensifiées dans les années 2012-2013. Depuis, selon Yasmine Candau, présidente d'EndoFrance, chaque médecin généraliste suit en moyenne une conférence ou un échange autour de l'endométriose tous les trois mois. La stratégie nationale, mise en place en janvier 2022, tend aussi à former les sages-femmes, gynécologues et infirmiers pour prévenir cette maladie. 

Sport et maladie, conciliable ? 

Mais pour Sandrine Gruda, la question se doit d'être plus large et les instances doivent voir au-delà de la maladie, " déjà la question des règles n'est pas forcément approfondie". 

Sandrine Gruda, lors des Jeux Olympiques de Tokyo en 2021.

Convaincue que sa profession de sportive de haut-niveau l'a aidé dans sa prise en charge, la championne suit un protocole strict qui réduit considérablement ses douleurs. En premier lieu, un régime anti-inflammatoire, c'est-à-dire sans lactose, sans gluten et sans sucre, " cela a réduit de 70% mes douleurs". À côté, elle boit beaucoup de tisanes et complète sa liste par des huiles essentielles qu'elle applique en massage local. 

Mais cette maladie est perçue différemment par chaque femme. En effet, la douleur et les moyens pour y remédier sont très variables d'un cas à l'autre. De plus, pour une même personne, les symptômes peuvent varier d'une période à l'autre, jusqu'à rendre stérile dans certains cas.

Ce n'est pas une maladie stable. D'un mois à l'autre, les symptômes peuvent être différents. C'est vraiment une maladie qui réagit en fonction de son environnement.

Sandrine Gruda

Travail et menstruations douloureuses ?

Une ville, et c'est une première en France, s'est positionnée sur les congés menstruels, la ville de Saint-Ouen en région parisienne.

Pour la Présidente d'EndoFrance Yasmine Candau, " cela libère les tabous autour des règles et dévictimise les femmes". Elle ajoute que la "véritable solution" serait d'être accompagnée par la médecine du travail, afin de comprendre pourquoi les femmes ont mal et pourquoi à ce moment. 

Pour sa part, Sandrine Gruda est consciente de la chance qu'elle a d'être suivie de très près et encourage toutes les femmes à avoir une activité physique régulière. " Ma profession m'aide grandement. J'ai parlé avec une spécialiste de la douleur qui m'a clairement expliqué que le fait d'avoir un corps actif a favorisé le contrôle de cette maladie".