Entre art et basket, la Martiniquaise Anaïa Hoard intègre la NBA Creator Series

Anaïa Hoard fait quelques finitions sur le portrait de Nicolas Batum.
À 21 ans, la Martiniquaise Anaïa Hoard a été sélectionnée pour la campagne NBA Creator Studies, un projet artistique à l'occasion des 75 ans de la ligue. Elle a exposé quatre de ses œuvres à Abu Dhabi, aux côtés de jeunes artistes européens et britannique.

Il y a un an, la vie d'Anaïa Hoard a pris un tout autre tournant. La jeune femme, d'origine martiniquaise par sa mère, a été approchée par la plus célèbre ligue de basket-ball au monde : la NBA. "Je ne sais pas vraiment comment ils m'ont découverte, mais probablement par mon frère. Il avait posté une vidéo dans laquelle je parlais de mon amour pour l’art et de ma carrière de basketteuse", déduit la jeune femme, d'une voix timide. Son grand frère, Jaylen Hoard est bien connu de la ligue américaine. Il a intégré la NBA Summer League de Las Vegas en 2021 et a joué à Portland et Oklahoma. 

Anaïa Hoard est surprise quand la NBA la contacte. Pour les 75 ans de la ligue américaine, la jeune martiniquaise est sollicitée pour participer à la NBA Creator Series, une campagne artistique qui allie basket et art. Elle se retrouve au côté de créateurs venus de Grèce, d'Italie, d'Espagne et du Royaume-Uni. "Ils m'ont commandé quatre tableaux qui reflètent l'influence du basket français en NBA. J'ai choisi de faire des portraits de joueurs qui ont marqué ce rêve américain", explique-t-elle.

Anaïa Hoard devant trois de ses tableaux. Tony Parker (toile de droite), Nicolas Batum (toile au centre) et le Guadeloupéen Rudy Gobert (toile de gauche) sont représentés.

Début de la "sucess story"

La jeune martiniquaise publie régulièrement sur Instagram ses tableaux, des portraits des sportifs, souvent des basketteurs, qu'elle dessine au fusain. C'est lorsqu'Anaïa Hoard poste sur son compte le portrait de Chris Paul, joueur américain de NBA, qu'elle se rend compte de l'engouement autour d'elle : "Une amie m’a appelée pour que je regarde mon Insta, je suis passée de 400 à 11 000 followers parce que Chris a repris ma photo sur son mur ! C’était fou !"

À la base, la basketteuse fait de l'art "par pur plaisir, sans rien attendre en retour". Mais ses œuvres ont été exposés à Abu Dhabi, à l'occasion des NBA Global Games, une série de matchs des équipes de NBA. "Ce sont les portraits de Nicolas Batum, Tony Parker, Rudy Gobert et Evan Fournier. C'était vraiment sympa et cool à voir", décrit rapidement Anaïa Hoard.

Concilier art et basket

"Je suis née dans le basket et j'ai grandi dans cette atmosphère", explique la Martiniquaise. En plus de son frère, les parents d'Anaïa Hoard sont d'anciens joueurs pro. Mais la basketteuse explique que c'est grâce à Jaylen qu'elle est "rentrée dans le basket". Après un passage à l'INSEP, Anaïa Hoard représente la France au niveau international : elle remporte l'or au championnat d'Europe U-16 en 2017 et l'argent au championnat du monde U-17 la même année. Elle poursuit ensuite son ascension aux États-Unis, dans l'université de Wake Forest, là où un certain Chris Paul a fait ses premiers pas. Là-bas, la jeune femme a pu mettre en avant ses talents de basketteuse et d'artiste avec une bourse d'étude. 

"Les souvenirs que j'ai de mes années basket sont beaucoup plus dans les amitiés que dans les performances que j'ai produites."

Anaïa Hoard

De retour en France, à Montpellier, la Martiniquaise de 21 ans a fait le choix de se tourner vers l'art. Elle confie ne pas se rappeler d'un moment précis où elle a commencé à peindre, cette passion est venue en même temps que celle pour le basket. "De base, j'étais plutôt câblée art, entre la danse et le dessin. Je ne me souviens pas d’un moment où j’ai commencé à faire de l’art, j’ai toujours eu cette passion-là", explique Anaïa Hoard.

Anaïa Hoard dessine au fusain et utilise un pinceau pour créer les ombrages.

Avec la NBA Creator Series, non seulement la basketteuse est reconnue pour ses talents sur le parquet, mais aussi pour son art. Le combo parfait pour elle.

"Percutant, interpellant et confrontant"

Quand on demande à Anaïa Hoard trois mots pour définir son art, ils ne sont pas choisis au hasard. Son coup de main au fusain en a fait pleurer certains : "J'ai eu l'occasion d'offrir un portrait à un proche de Kobe Bryant, qui a eu une vraie connexion avec lui. Au moment où je lui ai offert le tableau, la personne s'est effondrée en larme", se remémore-t-elle. 

C'était très touchant pour moi, ça voulait dire que je maîtrise l'hyper-réalisme, la "photocopieuse", mais au-delà de ça, j'ai pu retranscrire des émotions, retranscrire une âme au point que ça touche la personne.

Anaïa Hoard

Ce moment n'a pas échappé à Vanessa Bryant, la veuve du basketteur décédé dans un crash d'avion. "J'ai eu un beau message de Vanessa Bryant qui m'a complimenté sur mon travail", raconte l'artiste avec un rire nerveux.

La jeune femme a aussi ému le basketteur nigérian Chima Moneke pendant la remise de son titre de MVP de Champions League en mai dernier. "Pareil, au moment où il a regardé la vidéo de moi en train de faire son portrait, il s’est effondré en larmes" s'étonne encore Anaïa Hoard. "J'ai pleuré aussi, mais plus tard dans la journée."

Après plus d'un an sans entrainement pro, la Martiniquaise voudrait "retourner à ses baskets très prochainement". En attendant, Anaia Hoard développe une série en peinture à l'huile et continue de faire des allers-retours entre les États-Unis et la France.

♦ Regardez la vidéo d'Anaia Hoard présentée par la NBA Creator Series :