Entre inquiétude et optimisme, les Antillais de New York scrutent la campagne de l'élection présidentielle américaine

Le quartier Little Caribbean à Brooklyn, New York, quelques jours avant l'élection présidentielle américaine de 2024.
Le 5 novembre prochain, les électeurs américains voteront pour Kamala Harris ou Donald Trump comme président des États-Unis. À New York, dans le quartier "Little Caribbean", des Antillais suivent la campagne de près. Outre-mer la 1ère est allée à leur rencontre pour connaître leurs attentes et leurs appréhensions.

Bienvenue à Little Caribbean ! Dans ce quartier de Brooklyn se côtoient Trinidadiens, Saint-Luciens et d'autres Afro-américains originaires de la Barbade et des Antilles françaises. Les couleurs, les musiques, les boutiques vous amènent un petit bout de Caraïbe en plein New York.

C’est ce qui a séduit Janluk Stanislas, quand il a posé ses valises ici il y a cinq ans. Co-fondateur de la plateforme et de la boutique I am Caribbeing, le Guadeloupéen n’est pas encore citoyen américain mais il suit la campagne de près.

Les outrances de Donald Trump l'inquiètent. "Il a plein de messages qui sont anti-immigration et quelque part, je suis un immigré aussi, rappelle-t-il. Je suis un Caribéen francophone, je ne suis pas que Français, il y a une dynamique en plus."

Janluk Stanislas, Guadeloupéen, est le créateur de la boutique “I am Caribbeeing” dans le quartier caribéen de Brooklyn, à New York.

"Vrai danger pour les femmes"

L'ancien président américain n'hésite pas à véhiculer des propos mensongers et racistes comme le fait que les Haïtiens mangeraient des chiens et des chats. Au-delà du fait qu'ils polluent la campagne, ils illustrent une radicalisation de la société américaine.

Certains Antillais comme Audrey Célestine, une Martiniquaise professeure à la New-York University, sont préoccupés par l'éventualité d’un retour au pouvoir de Donald Trump. "C'est un peu sidérant parce qu'il annonce de façon assez claire un programme qui est très peu démocratique. On a le sentiment d'une poursuite dans le futur proche d'un travail de démantèlement des institutions américaines", note-t-elle.

Elle craint notamment une régression des droits des femmes : "Il y a un véritable danger pour les femmes qui se voient empêcher d'accéder à l'avortement." Des membres de l'organisation Queens Women March, qui vient en aide aux femmes en difficulté, comptent d'ailleurs voter Kamala Harris.

Le même débat ailleurs

Mais New York reste une bulle cosmopolite qui vote démocrate, tout comme la Californie, à l'inverse du Kentucky ou de l'Oklahoma qui sont des États pro-républicains.

Surtout, cette polarisation de la société américaine n'a rien de surprenant, selon Melvin Manchau. Ce Guadeloupéen est consultant en stratégie informatique. Il vit depuis 16 ans aux États-Unis, a la green card mais ne vote pas encore. 

"Il n'y a pas de pays aujourd'hui où les questions d'immigration, les questions sociales, de relations entre les hommes et les femmes, les questions religieuses et culturelles ne sont pas au centre du débat, pense-t-il. Et les Américains se posent les mêmes questions avec les mêmes difficultés."

Melvin Manchau est Guadeloupéen. Consultant en stratégie informatique, il vit à New-York depuis 15 ans.

Une de ses compatriotes guadeloupéennes, Marilyne Cox, croit quant à elle en la victoire de Kamala Harris. Agent au consulat de France, elle a même pris la nationalité américaine en 2016, comme un pied de nez à la première élection de Trump, élu fin 2016 et devenu président des États-Unis entre 2017 et 2021.

"On ne sait pas ce qui va se passer, mais pour le moment je ne préfère même pas trop y penser, confesse-t-elle. Je préfère penser que c'est Kamala Harris qui va passer et après, si lui passe, on verra." 

Comme Marilyn, 240 millions d’électeurs américains sont appelés aux urnes ce mardi 5 novembre.