Epidémie en Chine, dumping indonésien : le nickel (calédonien) fait grise mine

Vue de Shanghai en Chine
Le nickel poursuit sa correction négative. Il baisse encore. La remontée des stocks et de l’offre se poursuit, le coronavirus pèse sur la demande et le dumping indonésien fragilise les producteurs calédoniens.
 
La bourse des métaux de Londres évoluait en baisse vendredi s’inquiétant de la propagation hors de Chine de l’épidémie de coronavirus. Les investisseurs ont accusé le coup avec l’apparition de nouveau cas en Corée du Sud. Le secteur minier souffre, les entreprises sont en première ligne alors que la Chine est le premier importateur au monde de métaux. "Les marchés sont plombés", souligne Jasper Lawler, analyste chez London Capital. Le dollar, monnaie de référence du LME est au plus haut depuis trois ans.

Prime négative pour le ferronickel 
Le tir de barrage se poursuit. L’Indonésie brade ses alliages de nickel à bas coûts et oblige les producteurs calédoniens à subir des primes négatives, de 1000 à 2000 dollars sous les cours du métal au LME. Les deux usines de ferronickel de la Nouvelle-Calédonie subissent cette situation qui pèse sur leurs résultats. Ailleurs, ce dumping indonésien a déjà fait une première victime, le producteur grec de ferronickel, Larco. Il a été mis en liquidation cette semaine, incapable de résister au dumping indonésien. Le vaste archipel du Sud-est asiatique a produit 600.000 tonnes de nickel raffiné en 2019, plus de six fois la production de la Nouvelle-Calédonie.

Chamboule-tout indonésien
Si l’Indonésie a annoncé une réduction de sa production minière de nickel de 52 %, elle produira tout de même 25 millions de tonnes métriques humides en 2020, elle a annoncé dans le même temps la prochaine mise en service de quatre nouvelles fonderies, pour produire du ferronickel et de la fonte de nickel à bas coût (NPI), destinés à la série des aciers 304. Heureusement, indique un expert et ancien métallurgiste calédonien sous couvert d’anonymat, "le NPI indonésien n’arrive pas encore en Europe, ni aux Etats-Unis, terres d’exportation pour la SLN et dans une moindre mesure pour KNS". En 2022, l’Indonésie devrait disposer de 29 usines produisant du nickel. Souligner qu'elles constitueront une menace est inutile..."C’est une vraie menace pour les producteurs responsables, mais avec l’épidémie du coronavirus qui pourrait frapper l’Indonésie, la menace d’une baisse de leur production de nickel pourrait refaire surface", indique Andi Farida, analyste de Fastmarkets MB à Londres.

La Chine est malade
L’économie chinoise reste paralysée par le coronavirus. Les usines sidérurgiques sont très loin de fonctionner à pleine capacité alors que les transports sont difficiles et que les mesures de quarantaine se multiplient dans le pays. "Douze fonderies de nickel ont réduit leur production", poursuit l’analyste de Fastmarkets. SMM, le site d’information du marché de Shanghai (SHFE) rapporte que la production chinoise de véhicules et donc de batteries électriques a chuté de 52 % en glissement annuel au mois de janvier.
Matthew Chamberlain est le directeur-général de la Bourse des métaux de Londres (LME)
 

Les métaux ont toujours reflété la tendance globale de l’économie. Au LME, nous constatons que c’est de nouveau le cas avec l’épidémie de coronavirus et les signaux qu’elle envoie et qui se répercute sur les prix
Matthew Chamberlain Directeur-général du LME à La1ere.


Les stocks du LME sont en hausse de 240 % à 218.000 tonnes, par rapport au plus bas de 65.000 tonnes enregistré en novembre 2019. Seule note d’espoir, les prévisions d’analystes restent majoritairement haussières pour le prix du nickel à trois mois en 2020, prévoyant un scénario de base moyen de 15.020 dollars la tonne. Ce 21 février, on en est encore loin.

Moyennes mensuelles à trois mois depuis le 19 novembre -14,69 %
Cours du nickel au LME de Londres le 21/02/20 à 16H45 GMT
12.545 dollars la tonne -1,50 % / Semaine -3,87 %.