Estelle-Sarah Bulle noue la grande Histoire et l'intimité de la société guadeloupéenne dans "Basses terres"

L'écrivaine Estelle-Sarah Bulle plonge dans l'effervescence de la vie en Guadeloupe pendant l'été 1976. Son dernier roman nous immerge dans l'ambiance éruptive du réveil du volcan de la Soufrière, qui a créé la polémique et déplacé des milliers de Guadeloupéens. "Basses terres" propose une représentation symbolique de la société de l'île Papillon "qui semble calme mais peut exploser à chaque instant."

En Guadeloupe, les toussotements de la Soufrière font partie du quotidien des habitants de la Basse-Terre. Mais en ce mémorable mois de juillet 1976, les explosions s’intensifient, les cendres recouvrent impitoyablement la végétation et beaucoup se résignent à partir en Grande-Terre. Au cœur de cette saison brûlante, les bourgs se vident et les destins se jouent. De l’autre côté de l’isthme, chez les Bévaro, l’heure est aux retrouvailles : dans la case d’Elias, le patriarche, s’agglutinent la famille de son fils venue de métropole et une flopée de cousins déplacés. Eucate, en Basse-Terre, n’a plus que sa petite-fille. Elle a autrefois érigé sa case sur les pentes du volcan pour fuir les vilénies de son patron Monsieur Vincent et elle est bien décidée à y rester. Même si elle devait être la dernière, seule avec ses souvenirs d’un passé doux-amer. 

Basses Terres d'Estelle-Sarah Bulle est publié aux Éditions Liana Levi

L'auteure Estelle-Sarah Bulle

Estelle-Sarah Bulle est née à Créteil d’un père guadeloupéen et d’une mère franco-belge. Elle a publié deux romans aux éditions Liana Levi, Là où les chiens aboient par la queue (prix Stanislas) et Les Étoiles les plus filantes. L’auteur écrit également pour la jeunesse. 

En partageant des photos personnelles dans l'émission littéraire "A la 1ère Page", l'écrivaine révèle des facettes de son univers intime. Estelle Sarah-Bulle nous éclaire aussi sur son écriture et son inspiration.

               ♦ Pour aller plus loin : Dans #MaParole, Estelle- Sarah Bulle évoque son enfance à Créteil ponctuée de séjours en Guadeloupe, son métier de romancière et ses cours d’écriture dans un lycée d’Argenteuil. "Les émeutes de 1967 en Guadeloupe sont un acmé de la violence d'Etat" [#MaParole]

Extrait de "Basses Terres" 

Le cœur de cette longue année 1976, brillant comme une émeraude, est son mois de juillet. Un cœur qu’on ne peut arracher sans perdre la compréhension des choses. Anastasie le verra luire dans le noir de sa mémoire. Elle saura que juillet fut le cœur de l’année 1976 parce que s’y étalèrent les semaines lumineuses où le volcan marqua chacun de sa terrible empreinte. Et parce qu’en ce juillet-là, elle perdit quelque part le sac de capsules de Coca-Cola qu’elle collectionnait pour la glacière qu’elle voulait offrir à Eucate (elle avait alors vingt-huit capsules marquées d’une petite étoile blanche ; elle devait en réunir
trente, ajouter trente francs puis se rendre à l’usine Coca-Cola de Jarry pour réclamer son lot). Elle ne comptait plus les nuits où elle avait rêvé de poser triomphalement la glacière devant Eucate sur la toile cirée.

             ♦ Pour aller plus loin et se remettre dans le contexte historique de la Guadeloupe en 1976, vous pouvez aussi regarder : Celui qui surveillait la Soufrière

Et écouter l'âme de la montagne vivante dans La Soufrière, un épisode du podcast Vivre au pied d'un volcan

Retrouvez les autres écrivains des Outre-mer, invités du magazine littéraire À la 1ère Page.

Chargé de réalisation : Jean-Luc Benzimra
Illustrations : The Last Kamit
© France Télévisions 2024