Elle a signé Là où les chiens aboient par la queue. La romancière Estelle-Sarah Bulle est dans #MaParole. Elle évoque notamment son enfance à Créteil ponctuée de séjours en Guadeloupe, son métier de romancière et ses cours d’écriture dans un lycée d’Argenteuil.
Dans un petit village du Val d’Oise, Estelle-Sarah Bulle a accepté de raconter son parcours dans #MaParole. Cette romancière est l’auteure de Là où les chiens aboient par la queue (éditions Liana Levi), un livre très remarqué à sa sortie en 2018 qui évoque la Guadeloupe des années 50 et 60. Elle a signé un second roman pour la jeunesse Les fantômes d’Issa (école des loisirs) paru en 2020. Elle prépare un troisième livre dont l’action se situe au Brésil qui devrait sortir en librairie en septembre 2021.
Estelle-Sarah Bulle est née en 1974 à Créteil en région parisienne d’un père guadeloupéen et d’une mère franco-belge. Cette enfance passée à Créteil ponctuée de séjours en Guadeloupe, elle l'évoque dans le premier épisode de #MaParole. La famille paternelle de la romancière est originaire de Morne-à-l’eau. Petite, elle a grandi dans une ambiance à la fois créole à la maison et cosmopolite à l’école.
En Guadeloupe, Estelle-Sarah Bulle se souvient d’avoir été émerveillée par la nature, émerveillée aussi par son grand-père que tout le monde appelait Gros vaisseau. Grâce à cet homme bon vivant et bien connu, la famille d’Estelle-Sarah pouvait se retrouver invitée à trois mariages en une seule soirée. Malgré cette ambiance chaleureuse, la romancière ressentait parfois "un petit décalage". "J'avais un statut de touriste, bien que j'aille dans le sein familial (...) Je n'étais pas comme les enfants qui y vivaient toute l'année".
Après le lycée à Créteil, Estelle-Sarah Bulle a fait de brillantes études : hypokhâgne, Sciences Po Paris et une école de commerce à Lyon. "A Sciences Po, j’étais la seule noire", déplore-t-elle.
Finalement à Créteil on était assez protégé. Il y avait ce brassage qui s’est cassé à l’arrivée à Paris.
Estelle-Sarah Bulle a fait ses premiers pas professionnels dans le conseil, dans le domaine de la téléphonie mobile. Après cinq années d’expérience, une envie de changement, elle se réoriente dans le secteur culturel. Estelle-Sarah Bulle s’est retrouvée au musée du Louvre dans le mécénat. Puis elle est devenue directrice adjointe du centre culturel du parc Jean-Jacques Rousseau dans le Val d’Oise.
A l’âge de 40 ans, elle a finalement décidé de sauter le pas et de devenir enfin écrivain. Plusieurs facteurs l’ont amené à ce changement de vie, en particulier le décès de sa tante Gislaine qui a marqué l’histoire de la famille. Elle s’en explique dans le deuxième épisode de #MaParole.
Je me suis sentie enfin à ma place quand j’ai commencé à écrire.
Son premier roman Là où les chiens aboient par la queue a remporté une dizaine de prix littéraires dont le prix Stanislas du premier roman et le prix Carbet de la Caraïbe et du Tout-monde. C’est le récit captivant d’une héroïne dénommée Antoine. Grâce à ce personnage au caractère bien trempé, se dessine une histoire de la Guadeloupe des années 50/60. La romancière raconte notamment les émeutes de Pointe-à-Pitre en 1967 dont l’Etat a voulu camoufler la répression qui a suivi. Aujourd'hui on sait qu'’au moins 87 Guadeloupéens ont été tués par les forces de l’ordre.
Romancière, Estelle-Sarah Bulle est aussi une grande lectrice. Nourrie par Marcel Proust, Tony Morrison, James Baldwin et William Faulkner, elle confie dans #MaParole ne pouvoir écrire que "seule et dans un silence total".
Depuis deux ans, la romancière a choisi de travailler en résidence au lycée Nadia et Fernand Léger d’Argenteuil. Elle donne des cours d’écriture à une classe de CAP coiffure. Cette expérience, elle la raconte de manière très vivante sur un site en ligne intitulé Remue.net. et elle l’évoque bien sûr dans #Maparole.
Récemment sollicitée pour une interview dans un livre de cuisine, Estelle-Sarah Bulle a confié son amour du chaudeau, un dessert typiquement guadeloupéen. C’est sa madeleine de Proust. Elle aime aussi organiser des Chanté Nwel et espère que cette tradition ne se perdra jamais.
Prise de son : Diane Koné.
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Estelle-Sarah Bulle en 5 dates
♦30 septembre 1963
Ouverture du premier lycée de Créteil. "Sans Créteil, je ne serais pas là" note Estelle-Sarah Bulle.
♦17 septembre 1989
Cyclone Hugo : la maison de mon grand-père Gros vaisseau est parti au ciel.
♦Septembre 1992
Départ de Créteil pour Paris.
♦ Novembre 2017
Coup de fil de Sandrine Thévenet de la maison d'édition Liana Levi.
♦23 août 2018
Parution du roman Là où les chiens aboient par la queue.