D'un territoire à l'autre, parfois au sein du même bassin géographique, les disparités sont substantielles. Les jeunes de Saint-Pierre et Miquelon et de Mayotte sont les plus mobiles, ceux de La Réunion les plus casaniers. Motivés d'abord par les études puis par l'emploi, ces déplacements - vers l'Hexagone ou des pays "voisins" comme les États-Unis, le Canada ou l'Australie - sont parfois désirés, souvent contraints.
Par manque d'opportunités ou encore par peur du chômage, certains font le choix de ne pas rentrer. Comment endiguer cette fuite et comment redonner envie aux étudiants de rentrer Outre-mer ? La1ere.fr vous propose de décrypter ce phénomène. Cliquer dans l'image ci-dessous pour accéder à une série de trois articles supplémentaires d'analyse et de témoignages. Plus bas, les chiffres caractéristiques de "ce grand voyage" ⬇️⬇️⬇️
Mobilité des étudiants ultramarins : une grande hétérogénéité
Qu'elle soit voulue ou contrainte, la mobilité touche très différemment les étudiants des Outre-mer. Certains territoires ne proposent quasiment pas de cursus post-bac. D'autres parviennent à retenir leur jeunesse pour deux ou trois ans, mais ne proposent que très peu de filières au-delà de la licence ou d'un équivalent.
Ainsi, le bac en poche, la quasi-totalité des élèves de Saint-Pierre et Miquelon qui désirent des études dans le supérieur quittent leur archipel. De même, parmi les nouveaux bacheliers mahorais, près de 67% quittent leur académie d’origine à la fin du lycée quand ils souhaitent poursuivre leur formation.
À La Réunion, en revanche, les étudiants sont peu mobiles en dehors de leur académie d’origine. À peine plus d'un sur dix quitte l'île Bourbon dans le but de poursuivre ses études. La Réunion dispose d’un grand pôle universitaire, si bien que les néo-bacheliers réunionnais sont les plus mobiles, mais au sein même de leur académie. En Guadeloupe, les jeunes sont, également, nombreux à rester étudier dans leur territoire d’origine : 8 élèves sur 10 sont dans cette situation contre 4 sur 10 au niveau national.
En Guyane, les lycéens tout juste diplômés ont plus tendance à quitter leur académie que dans les autres départements d'Outre-mer (31,1%). Dans cette académie, une seule zone concentre l’offre universitaire, l’université de Cayenne, qui n’offre pas toutes les licences.
Des effectifs très disparates selon les territoires
Ils étaient 6 200 en 1980 contre 46 700 pour l'année 2018-2019, dans les départements d'Outre-mer (DOM). De plus en plus de jeunes font des études supérieures, selon les chiffres du ministère de l'Éducation nationale et de la Jeunesse. Une hausse de 650% en un peu moins de 20 ans, bien supérieure à l'augmentation de la population dans ces départements.
Partout, c'est l'université qui attire le plus de jeunes, devant les sections de techniciens supérieurs (STS). Mais les effectifs de l’enseignement supérieur croissent dans tous les types de formations : + 4,0 % en moyenne.
Dans les DOM, l’université forme deux étudiants sur trois et les classes supérieures des lycées en accueillent un sur quatre, essentiellement dans les sections de techniciens supérieurs.
Passées de 1 962 étudiants en 1990 à 9 832 en 2018, les Collectivités d'Outre-mer (COM) - c'est-à-dire la Polynésie, Wallis et Futuna et Saint-Pierre et Miquelon - ainsi que la Nouvelle-Calédonie voient, en revanche, leurs effectifs dans le supérieur diminuer pour la première fois depuis 2011.
Avec 9 800 étudiants accueillis en 2018, les effectifs sont en baisse dans l’enseignement supérieur (- 3,0 % entre 2017 et 2018) sauf dans les sections de techniciens supérieurs (+ 4,1 %) où trois étudiants sur dix s’inscrivent. Aujourd'hui encore, la majorité des étudiants s'orientent vers l'université (60%).
Part des femmes dans l'enseignement supérieur : une spécificité ultramarine
Après une croissance quasiment continue depuis la fin des années 1990, la part des femmes parmi les étudiants dans les DOM diminue régulièrement depuis 2009, passant en 7 ans de 63,5 % à 60,7 %. Elle reste cependant supérieure de 5,4 points à celle de la France métropolitaine.
Les étudiants ultramarins particulièrement défavorisés
C’est en Outre-mer que se trouve le plus grand nombre de jeunes issus de milieux défavorisés, parmi les bacheliers qui s’inscrivent en première année d’enseignement supérieur. Ainsi, 76% des nouveaux bacheliers mahorais sont issus d’un milieu défavorisés.