Les Bleus sont présents dans le dernier carré d'un grand tournoi pour la troisième fois d'affilée, grâce aux victoires in extremis contre la Turquie en huitième de finale puis contre l'Italie en quart. Interview de Rudy Gobert.
Vous attendiez-vous à affronter la Pologne en demi-finale et à voir les trois superstars de la NBA déjà éliminées ?
Rudy Gobert : Ça m'a un peu surpris mais on savait que les Polonais allaient tout donner, que ce serait un match physique. (...) La Slovénie est revenue mais elle a été un peu 'short' à la fin. (...) Avant l'Euro, on aurait pu penser qu'une ou deux des trois stars (le Serbe Nikola Jokic, le Grec Giannis Antetokounmpo et le Slovène Luka Doncic, ndlr) pourraient sortir avant les demi-finales mais pas les trois. On les voyait aller dans le dernier carré. Mais nous-mêmes, on a bien failli y passer deux fois. Ça montre que le niveau est élevé et le jeu collectif davantage mis en avant. Sur un match tout peut arriver: l'élan, une fois perdu, est dur à récupérer des fois. Et quand tu es l'équipe qui a toute la pression sur les épaules, c'est encore plus dur. Ce n'est pas comme une série de play-offs, quand tu peux souvent perdre le premier match et gagner les quatre suivants. Là, si tu perds le premier, tu es dehors.
Comment expliquer les trous d'air dans les troisième quart temps ?
Ce sont des moments pendant lesquels on perd un peu notre flow. Ça vient souvent de l'attaque. On se démarque moins bien, on est moins connectés et derrière on a de mauvais shoots ou bien on perd des ballons. Ça offre aux équipes en face des paniers faciles car il est très difficile de défendre après des pertes de balles. Pour nous, qui sommes une équipe défensive, c'est se tirer une balle dans le pied de redonner des points et de la confiance à l'adversaire. Il faut réduire ces séries. (...) Je suis persuadé qu'on va le faire, ça vient avec l'expérience collective. On le sent tous quand ces moments arrivent. Après avoir manqué une ou deux possessions, à la troisième, c'est à nous d'appeler un vrai système et de poser notre attaque en jouant sur nos forces.
Que signifie cette troisième demi-finale d'affilée après le bronze du Mondial-2019 et l'argent des JO de Tokyo ?
On a des cœurs de gagnants. Je suis arrivé dans une équipe qui a la culture de la gagne et on a essayé de garder cette mentalité. Même les années lors desquelles les gens pensent qu'on va être moins forts, on vient avec l'objectif de la médaille d'or. Des fois tu perds en finale, d'autres en demie. (...) Peu importe qui est là, peu importe les circonstances, on a assez de talent pour prétendre à la plus haute marche chaque année, même si certaines sont plus dures que d'autres. (...) Ça se joue vraiment à rien, on sort de deux matches qui se décident à une possession. Avec notre ténacité, on arrive à ne pas abandonner et à continuer d'y croire. C'est une force et j'espère qu'on ne la perdra jamais en équipe de France.