L’ex-volleyeur martiniquais Laurent Chambertin prévient : "Les JO, c’est violent mais dans le bon sens du terme !"

Ses premiers, ses uniques Jeux, c’était en 1992. Barcelone. Laurent Chambertin n’a pas encore 26 ans. Le Martiniquais découvre un autre monde. La dimension olympique. Une taille de costume trop grande à l’époque pour l’équipe de France de volley.
Vingt-huit ans déjà. Laurent Chambertin n’a pas tellement changé. Si ce n’est les cheveux. Hier, les dreadlocks légendaires. Aujourd’hui, un crâne presque lisse. Le Martiniquais a pris sa retraite sportive en 2005. Du recul également. Après avoir obtenu un Master en management des organisations, Laurent est devenu coach en entreprise.
L’esprit du sport pourtant n’est jamais loin. Vingt-huit ans après, l’ancien capitaine des Bleus se souvient parfaitement du rendez-vous olympique en Espagne : "Ce fut un moment fantastique mêlé à une petite dose d’amertume. Quand on atteint le haut-niveau, le Graal, c’est les Jeux. On veut y participer et logiquement, on imagine les JO. Trouver son équilibre est très compliqué".
En 1992, l’équipe de France de volley prend la 11ème place du Tournoi Olympique. Résultat moyen dans les premiers JO hyper-médiatisés : "L’expérience  olympique" poursuit Lolo, "il faut la préparer. Cela n’a pas été notre cas. Se perdre - surtout à Barcelone - était très facile. Il fallait performer tous les deux jours dans un univers où la fête était omniprésente".
 
En 1992 aux JO de Barcelone avec le handballeur réunionnais Jackson Richardson (à gauche)


Entre frustration et transformation

Pour Laurent Chambertin, les JO de Barcelone ont agi comme un révélateur : "On avait le potentiel, le niveau" lâche-t-il, "mais on n’a pas réussi à trouver la cohérence, à la construire. Sans oublier un manque de communication et de vision commune".
Le 5 août 1992, une victoire 3 sets à 0 contre l’Algérie permet aux Tricolores de ne pas se classer derniers. Fin de l’aventure. "C’était d’autant plus frustrant que je n’ai pas eu d’autres occasions de revenir aux JO" confesse le Martiniquais. "Mais ça m’a rendu plus humble, plus ouvert sur les autres. C’est devenu une évidence pour moi".
 
Laurent Chambertin désormais coach en entreprise


Le volley français n’a pas la culture de la transmission

A aujourd’hui 53 ans, Laurent Chambertin s’épanouit dans son nouveau rôle de coach en entreprise. De grosses sociétés comme BPI, Carrefour Property ou Admical ont déjà fait appel à ses services. Satisfaction garantie. Le Martiniquais travaille également auprès de l’équipe de France olympique de boxe en tant que coach mental. Mais le volley ? Jamais. Bizarre, vous avez dit bizarre ?
"Le volley français n’a malheureusement pas la culture de la transmission" confesse-t-il. "C’est dommage. L’équipe de France actuelle est complètement passée à côté de ses JO de Rio en 2016. Ils vont en tirer des enseignements pour Tokyo. Très bien. Mais pourquoi ne pas aussi rencontrer les générations qui ont vécu les JO de 1988, 1992 et 2004 ? Plusieurs anciens comme moi sont disponibles. C’est à eux de voir".
L’appel est lancé. Pas sûr qu’il soit entendu. Car comme le dit très justement Laurent Chambertin, le volley français n’a jamais su transmettre. A l’inverse du handball ou du judo.
Le Martiniquais a beau compter 350 sélections en équipe de France ; son CV a toujours semblé déranger la Fédération Française de volley. L’explication est peut-être toute simple. Une explication de l’extérieur. Sylvaine Parriaux, Déléguée Générale chez Admical a ainsi déclaré : "Laurent Chambertin m’a fait sortir de ma zone de confort". Une réflexion salutaire que la Fédération Française de volley a encore du mal à engager.