Exclusif : Philippe Vigier, ministre délégué aux Outre-mer demande qu’il lui soit laissé du temps pour accomplir sa mission

Siti Daroussi et Serge Massau de la rédaction parisienne de la 1ère ont interrogé Philippe Vigier le Ministre délégué aux Outre-mer au cours d'une emission spéciale de la1ere.
Quatre mois après le Comité interministériel des Outre-mer, les élus des territoires d'Outre-mer étaient invités par le gouvernement à Paris pour un premier point d'étape. Au terme de la série de rencontres entre les élus de nos territoires et le ministre aux Outre-mer, vendredi 24 novembre 2023, Philippe Vigier a accordé un entretien à nos confrères de notre rédaction parisienne de la 1ère, Siti Daroussi et Serge Massau. Voici quelques extraits de ses réponses.

Sur la crise de l’eau à Mayotte, le ministre a déclaré qu’à ce jour, 450 000 litres d’eau ont été distribués à la population. "En y ajoutant les factures non payées par les usagers, ce qui est compréhensible, cela fait 100 millions d’euros que l’Etat paie en lieu et place des syndicats intercommunaux qui en ont la compétence. Nous le faisons car c’est la solidarité qui l’exige" poursuit-il.

Par ailleurs, en attendant la construction d’une usine de dessalinisation de l’eau de mer "d’ici mars avril 2025", un osmoseur sera mis en œuvre.

En Guadeloupe, où une crise de l’eau sévit également, Philippe Vigier rappelle qu’un plan de financement de 320 millions d’euros a été bouclé afin de rattraper un retard considérable. "Les travaux nécessaires de modernisation du réseau n’ont jamais été effectués par les collectivités qui en sont responsables" a-t-il précisé.

L’octroi de mer sera réformé

Le sujet brûlant de la réforme de l’octroi de mer a été évoqué. « Nous ne ferons pas d’économies sur les budgets des collectivités locales, mais il faut savoir que l’octroi de mer s’applique aussi sur les produits fabriqués sur place et pas seulement sur les produits importés, ce qui contribue à la cherté de la vie aussi », selon Philippe Vigier.

La méthode qu’il a proposée "a été validée". Les discussions associeront les collectivités, le préfet, les consommateurs et les entreprises. Et de préciser : "Nous n’allons pas nous lancer dans le vide. Nous ferons des études d’impact avant de finaliser la réforme."

L’indemnisation des victimes de l’épandage des pesticides, la chlordécone aux Antilles en particulier, a permis au ministre de déclarer : "Il a fallu attendre le président Macron pour reconnaître la faute inadmissible commise par l’Etat (…) Depuis, 72 millions d’euros sont mobilisés pour les dosages sanguins, la cartographie des sols, la prise en charge des malades des cancers dûs à ce pesticide. Nous devons réparer cette faute gravissime, c’est une exigence absolue. Réparer veut dire indemniser et soigner".

Les institutions seront bientôt revues

Sujet absent du CIOM, les questions institutionnelles seront abordées, tôt ou tard. Le ministre se félicite de la reprise du dialogue en Nouvelle-Calédonie et de l’ouverture du débat sur un changement de statut en Corse. Il ajoute que "rien n’est bouclé pour les autres territoires ultramarins, mais certains sont prêts et d’autres pas".

Sur la tonalité de la rencontre avec les élus guyanais qui ont tapé du poing sur la table, le ministre dit avoir entendu une colère résultant de la non-application de certaines décisions. "Qu’on me laisse un peu de temps car je suis là depuis quatre mois seulement (…) Je ne peux pas porter la responsabilité de ce qui n’a pas été fait depuis 30, 40 ou 50 ans" tempère-t-il.

Réagissant aux propos tenus par le député (Nupes) de la Réunion Frédéric Maillot, « Colon un jour, colon toujours », Philippe Vigier conclue l’entretien par ces mots : "Je comprends, car la Réunion est un territoire ayant beaucoup de cicatrices. Mais vous avez devant vous le ministre qui s’occupe du Mémorial de l’esclavage où 200 000 noms seront gravés. Comme pour la chlordécone, on ne doit pas oublier l’esclavage".

Retrouvez l'intégralité de l'émission de la 1ère du vendredi 24 novembre 2023.