Faible mobilisation à Paris contre la réforme des congés bonifiés

Manifestation du 21 mai contre les congés bonifiés à Paris.
Une nouvelle manifestation contre la réforme des congés bonifiés a été organisée à Paris ce mardi 21 mai à l'appel des syndicats. Mais sous la pluie et en pleine semaine, seule une trentaine de personnes a fait le déplacement. Ils voulaient être reçus par le ministère des Outre-mer, en vain.
"A ceux qui veulent réformer les congés bonifiés, on répond : résistance !". Sous une grosse averse, une trentaine de manifestants s'élancent sur le boulevard Saint-Michel depuis le jardin du Luxembourg. Objectif : le ministère des Outre-mer, à 3km de là, où ils entendent être reçus pour parler de la réforme des congés bonifiés. "Jusqu'à ce que sorte ce fameux décret au mois de juillet, il nous semble important de montrer à tout le monde notre colère", explique Patricia Sylvestre, membre de SUD Santé-Sociaux dans le Loiret.
   

Moins longtemps, plus souvent

35 000 fonctionnaires ultramarins sont concernés par cette réforme, qui, selon certains, pourrait être adoptée par décret dès le mois de juillet. Annoncée par Emmanuel Macron en juin 2018, elle doit permettre de modifier la règle des congés bonifiés en les faisant partir moins longtemps, mais plus souvent. Soit un mois tous les deux ans au lieu de deux mois tous les trois ans. Elle devrait être effective à partir de 2020. 
  

Appel général

Au milieu des boulevards Saint-Michel et Montparnasse, la délégation intrigue les passants qui tentent de déchiffrer les panneaux et les slogans des "ultramarins en colère". L'indignation est bien là, mais ce mardi, peu de fonctionnaires ont répondu à l'appel intersyndical, alors que les précédents rassemblements avaient mobilisé jusqu'à 1500 personnes à Paris.
 

Tous les Antillais qui travaillent dans les administrations devraient se mobiliser. Tout le monde est concerné. Nos parents se sont battus pour nous et maintenant c'est à nous de nous battre pour nos enfants qui arrivent.
- Rémy Sellin, CGT Santé

 

"Pression" contre le ministère

Arrivés devant le ministère des Outre-mer, les policiers sont presque plus nombreux que les manifestants. "Au moins, c'est le plus près que l'on a pu approcher", note une femme, en référence à la manifestation du 9 mai dernier qui avait été stoppée à quelques centaines de mètres du ministère. "Les DOMiens veulent une réponse", scande-t-on. 
 

Mais le bâtiment de la rue Oudinot gardera porte close. "Il n'y a personne", dit-on, avant que quelques minutes plus tard, un policier explique aux manifestants que, face à la "pression", le ministère ne recevra la délégation que suite à une demande de rendez-vous par écrit. "Et vous, vous nous avez écrit une lettre pour nous demander avant de réformer ?", s'agace une femme qui estime que le gouvernement cherche à "gagner du temps jusqu'à juillet". 
 

Grève illimitée

C'est la troisième fois que les personnes mobilisées contre la réforme des congés bonifiés demandent à être reçues, à chaque fois en vain. Le syndicat SUD Santé Sociaux appelle à la grève illimitée et devrait annoncer de nouveaux rassemblements d'ici le mois de juillet.
Rappel : que sont les congés bonifiés ?
Instaurés en 1978 dans une optique de continuité territoriale, les congés dits "bonifiés" permettent aux fonctionnaires ultramarins de rentrer dans leurs territoires d'origine. Ils concernent les trois versants de la fonction publique. Jusqu'à présent, les agents bénéficient de deux mois de congés supplémentaires tous les trois ans. Des jours "bonifiés" car indexés entre 35 et 40% au coût de la vie sur place. Le transport est pris en charge ainsi que celui du conjoint s'il touche moins de 1500 euros brut par mois, ainsi que celui des enfants. Pour en bénéficier, il faut prouver avoir le "centre de ses intérêts moraux et matériels" dans son département de naissance. Par exemple, y avoir de la famille proche, y avoir été domicilié et y être propriétaire d'un bien foncier. Selon l'IFRAP, la fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques, les congés bonifiés représenteraient pour l'État une dépense annuelle de 600 millions d'euros.