Festival d’Avignon : "Kala" ou l’intime universel…

"Kala" à la chapelle du verbe incarné en Avignon
A la Chapelle du Verbe Incarné en Avignon, Léone Louis donne "Kala", évocation intime de son histoire familiale mêlée à celle du populaire personnage de contes de la Réunion, Grand’mère Kal.
 
Le spectacle commence. Dans la pénombre, une figure assise dans un fauteuil entame un récit d’une voix quasi-sépulcrale… Peut-être attend-t-on un peu trop longtemps avant de comprendre, percer la nature des liens qui unissent le personnage de Grand’mère Kal - un mythe à plus d’un titre dans la culture et l’imaginaire de La Réunion- et ces femmes qui jalonnent l’histoire intime de Léone Louis ? Et puis l’évidence se fait petit à petit et la pièce prend un tour plus clair, plus évident pour le spectateur…
 

Asservies dans le passé

Avec "Kala", Léone Louis - qui a convoqué pour l’occasion à la mise en scène un autre "raconteur" -Sergio Grondin- met tout son talent de comédienne et de conteuse au service de l’évocation de ces femmes, belles mais tenues au secret, asservies dans le passé par leur rôle d’épouse ou de mère ou plutôt celui qu’on a leur a forcé à tenir au mépris de leur condition de femme.
 

Grand'mère Kal

Le tout est enveloppé par cette figure qu’est Grand’mère Kal, sujet d’histoires et de contes fantastiques qu’endosse d’ailleurs Léone Louis en guise d’ouverture de ce récit… Puis l’auteure et comédienne quitte le filet de lumière et d’ombre qui entoure son interprétation de Grand’mère Kal pour se placer au-devant de la scène, plus lumineuse, plus proche de nous et nous livrer « en toute intimité » ce récit, cette histoire de famille, ces histoire de femmes qui l’ont précédée.
 

Belles, ensorceleuses mais empêchées

Ces femmes sont empêchées de vivre leur vie selon leurs désirs, leurs passions, toutes engoncées dans le carcan de la tradition, de la société, "de ce qui se fait" ou "ce qui ne se fait pas". Des histoires familiales comme on a pu en entendre, de loin en loin, sans pour autant en avoir jamais eu le fin mot.


Entrelacs entre hier et aujourd'hui

Récits jalonnés de "peut-être" et de "sans doute" dont les conséquences sonnent et résonnent aujourd’hui encore dans la vie-même de celle qui nous livre son histoire… On écoute l’histoire… et la musique, joli mélange des genres qui accompagne le spectacle et qui est à l’unisson de cet entrelacs entre hier et aujourd’hui : un tissage de maloya traditionnel et de sonorités électroniques avec la voix et des textes signés de la chanteuse Kaloune…


De l'intime à l'universel

C’est bien ce qui rend "Kala"  intéressant : c’est cette façon qu’a Léone Louis de mêler le passé au présent, la réalité au conte, l’intime à l’universel et pour peu que l’on s’attache aux histoires –simples mais qui en disent long- issues de la lignée Louis, on se laisse porter par la voix tantôt douce tantôt grave de Léone Louis qui incarne ces femmes avec une émouvante justesse.

"KALA" jusqu’au 28 juillet (relâche le 26) à la Chapelle du verbe Incarné, Festival d’Avignon.

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