Festival d’Avignon/OFF. "France" ou le rêve d'unité "black-blanc-beur" de 1998

Ils étaient les héros d'une France surnommée, avec une certain sens de la formule, black-blanc-beur... Les ultramarins Thierry Henry, Lilian Thuram mais aussi les Zinedine Zidane, Christophe Dugarry, Marcel Desailly, David Trezeguet… et les autres : tous revivent sur scène grâce à Natacha Steck.
S’emparant de ses souvenirs d’enfance (elle a sept ans en 1998 !), l'autrice et metteuse en scène démonte et revisite les mécanismes et les différentes phases de jeu qui ont permis à la France d’accéder à la victoire, lors de la Coupe du monde de football, il y a 26 ans. Et démontre du même coup combien le groupe, l’union, l’unité ont été essentiels pour l’emporter face à toutes les adversités. 

Travail d'équipe

Et pour raconter cela, l’autrice et metteuse en scène du spectacle France a du elle-même constituer une équipe de comédiens à même de pouvoir non seulement tenir plusieurs rôles (chacun interprétant tour à tour différents joueurs) mais aussi d’être capables d’engagement physique. 
Car entre jonglages, reproductions d’entraînements et chorégraphies footballistiques (!), la metteuse en scène/sélectionneuse de France demande beaucoup à ses interprètes/joueurs pour un résultat sur la scène/gazon des plus jouissifs et réjouissants. 
Natacha Steck nous explique les origines de cette pièce sobrement intitulée France qui entre curieusement et fortuitement en résonance avec l’actualité sociale et politique d’aujourd’hui : 

Et parmi les interprètes titulaires de cette équipe de "France" le spectacle, le comédien d’origine martiniquaise Maxence Bod. Comme les autres comédiens selectionnés, il livre sur scène une performance très engagées physiquement et ses souvenirs d’enfance liés à la Coupe du monde de football de 1998 (il avait lui, 6 ans à l’époque !) sont également incorporés à la pièce.
Rencontre à Avignon avec Maxence Bod dont les origines antillaises s’intègrent parfaitement au spectacle : 

Notre avis

Pour qui ne connaît rien au foot ou qui n’a pas d’attrait particulier pour cette discipline sportive, le spectacle France parlera tout de même : en jouant la carte du souvenir d’enfance et de la joie provoquée par l’accession vers la victoire, Natacha Steck joue gagnante. En dressant le portrait d’une équipe composée de personnalités différentes, elle fait la démonstration que c'est  avant tout l’union fait la force dans cette France. 

Et voir sous nos yeux comment le sélectionneur Aimé Jacquet a su mener cette équipe d’individus pour en faire un groupe uni contre vents et marées, n’est pas le moindre tour de force de ce spectacle. De l'écriture à la mise en scène, en passant par la scénographie (le gazon, les vestiaires, le banc de touche...), tous les éléments sont là pour se retrouver comme à l'époque.
Faire vivre l’un des matches, uniquement du point de vue des remplaçants, est également un des procédés de narration audacieux et décalé utilisé par la metteuse en scène, et qui fonctionne parfaitement.

Beaucoup d’humour dans les textes, narration habile et réussie, jeu engagé des comédiens, scénographie jolie et efficace, chorégraphie directement inspirée du geste footballistique… on a assurément envie (et besoin particulièrement en ce moment ?) de replonger et de suivre cette France.
La victoire ainsi racontée en dribblant et la joie collective qui a pris et a emporté le pays ette année 1998 se voit sur scène avec un plaisir non dissimulé.
Un spectacle plein de sincérité qui emporte tous les suffrages et (on l’espère !) devrait faire de nombreux supporters partout où il jouera pendant - et à la suite de - ce festival d’Avignon. C’est nécessaire et salutaire...

"France" de Natacha Steck. Matches à suivre jusqu’au 21 juillet 2024 au théâtre Présence Pasteur au Festival Off d’Avignon.