Festival d'Avignon OFF : "Maloya", enquête d’identité

"Maloya", enquête d’identité
Le conteur, comédien et metteur en scène réunionnais Sergio Grondin nous propose sa vision, son regard sur le maloya. Un hommage aux grands noms d’un genre en perpétuelle lutte pour ne pas disparaître, doublé d’une recherche intime.
 
Commençons par la fin : Le conteur est sur la scène, derrière lui défilent à toute vitesse des mots et des images qui se concluent par le terme MALOYA. Tout au long du spectacle, il a disposé sur le sol des dizaines d’étiquettes où sont inscrits des noms, des prénoms.
 

Identité réunionnaise

Ceux des grandes figures que Sergio Grondin a rencontrées ou dont il a recueilli la parole ou dont il a remis en lumière les propos lors d’interviews réalisées au préalable. Toutes évoquent le maloya : oui, la tradition, oui, la musique, oui, la danse… Mais avant et surtout, ce maloya qui fonde l’identité créole réunionnaise ; le maloya, la vie. Le maloya, l’âme.
 

Le maloya en questions

Tour de force orchestré en douceur par le conteur-comédien-auteur Sergio Grondin, avec la complicité du metteur en scène David Gauchard et du compositeur électronique Kwalud : que l’on soit féru de maloya ou néophyte, impossible de ne pas se laisser porter par ce documentaire qui prend sous nos yeux les aspects d’une pièce de théâtre ou d’une conférence intime mise en scène.
 

La voix de Sergio Grondin

On entend finalement peu de maloya mais on écoute, projetés en fond de scène ou dans la voix de Sergio Grondin, les grands noms – artistes ou spécialistes de ce pan de la culture et du patrimoine de La Réunion – témoigner de ce qui fait le maloya.
 

Musique de combat

Tour à tour lyriques ou approchant de façon intime de cette question, les intervenants nous font réaliser petit à petit à quel point ce qui était à l’origine une musique de combat et de résistance face à l’oppression (le maloya est né sous l’esclavage) est devenu, en grandissant, un genre musical à part entière et a su exploser ses propres frontières historiques, géographiques, sociologiques et politiques.

Sergio Grondin a le souci de ne pas perdre ses spectateurs : tout est chapitré, les mots-clés apparaissent en fond de scène, issus du vocable créole ou français propre à l’univers du maloya sur fond de musique électronique qui ne dépareille pas pour autant.
 

Au nom du fils

Tout l’amour et le respect que porte Sergio Grondin à son pays et à ses défenseurs, se traduit dans cette quête. Car « Maloya » est avant tout une quête… Et voilà qui nous ramène au début du spectacle : c’est parce que son fils Saël est né que s’est posée la question de la façon dont il s’adressait à lui ; le choix des mots, le choix de la langue… Le français ? Le créole ?
 

Histoire du pays

Ce qui a l’air d’une question toute simple est conditionné par un contexte, par l’Histoire du pays, par l’histoire d’une famille. De toutes ces questions -et les réponses qui en découlent-, Sergio Grondin nous propose ce point de départ : les premiers noms posés sur le sol seront ceux des siens.
Prétextes, raison fondamentale à cette quête, à cette recherche des éléments qui font, qui fondent l’identité d’un homme et des hommes dans un temps et un lieu précis : maintenant et ici, à la Réunion, dans l’Océan Indien et pourtant en France.
 

Un voyage édifiant

A travers ses questionnements intimes, Sergio Grondin non seulement interroge son histoire – qu’est-ce qu’être père ? Qu’est-ce qu’être artiste ? Qu’est-ce que la transmission ?...-, mais aussi celle de la Réunion multiculturelle – qu’est ce qui fait la spécificité d’un pays ? Sa culture ? Son patrimoine ? Son rayonnement ? – et au passage, au fil de ces histoires, de ce conte, il nous dresse le portrait du maloya et rend un vibrant hommage à ces hommes et ces femmes qui accompagnent, font et sont le maloya… Un voyage édifiant, instructif et émouvant.