Son spectacle et elle ont quelque chose de… radical. C’est le mot qu’on lui suggère timidement de peur de la froisser mais qui de son propre avis, convient finalement tout à fait ! Nelly Cazal a écrit Vavangaz Ti Katorz un peu dans cet esprit : liberté de ton, d’interprétation et surtout liberté de création et de re-création. Et l’artiste réunionnaise, à la faveur de ses différentes reprises, a eu l’occasion de faire évoluer son spectacle, né il y a cinq ans dans l’Hexagone mais dont les contours restent assez indéfinissables. Extrait :
Tout à la fois
Pas tout à fait spectacle de théâtre, pas tout à fait concert, avec de la déclamation de poèmes, un peu de danse et un brin de performance, Vavangaz Ti Katorz se présente comme tout cela à la fois prenant parfois un peu de court le public du festival limougeaud des Zébrures d’automne ne sachant sur quel pied danser. Ajouté à cela une interprétation intégralement en créole réunionnais et il n’en fallait pas plus à certains dans le public pour être totalement perdus.
C’est le pari que fait Nelly Cazal : demander au public de s’abandonner à la musicalité du projet. Et de musicalité, Vavangaz Ti Katorz n’en manque pas grâce à l’interprétation de la comédienne et à la présence des deux musiciens, l’un aux percussions, l’autre à l’accordéon et à la contrebasse.
Le créole pour dire et laisser entendre
Rien de radical à l’emploi du créole : il existe bien des spectacles qui heureusement aujourd’hui voyagent en dehors des territoires créolophones sans qu’on ait besoin ou envie de les traduire. Et Vavangaz Ti Katorz est de ceux-là : il faut accepter d’emblée la proposition de Nelly Cazal pour pleinement l’apprécier.
Car derrière le créole et la musique, il y a une histoire, celle d’une femme qui a réellement existé, surnommée "Ti Kartorz", figure connue à La Réunion et elle aussi, partisane d’un choix radical : celui de vivre dans la rue et de n’en faire qu’à sa tête, suivre son propre chemin, quitte à la mettre en marge de la société. Et c’est ce qui fascine Nelly Cazal : c'est cette errance, ce vagabondage que suggère le mot créole "vavangaz", ce chemin et ces pas de côté, en dehors de la norme.
Du coup, pour raconter tout ça dans le spectacle, la musique prend des tonalités dissonantes, Nelly Cazal chante et déclame, habille son personnage de tout ce que l’on peut trouver dans la rue et habite Ti Katorz dans une incarnation parfois proche de la transe. Un spectacle singulier, une expérience musico-théâtrale inhabituelle qui vaut la peine d’aller plus loin que les premières impressions quelles qu’elles soient.
"Vavangaz Ti Katorz" de et avec Nelly Ti Katorz, les musiciens Serge Ferrero et Jérôme Cury, encore à l’affiche du festival "Les Zébrures d’automne" à Limoges ce samedi 1er octobre à 16h00.