Pas des larmes de regret. Juste une grande émotion devant les réactions et les messages reçus. À 31 ans, la Martiniquaise Marielle Amant met un terme à sa carrière sportive. Le basket a été toute sa vie pendant 17 ans. Du SC Lamentinois jusqu'à La Roche Vendée en passant par l'équipe de France.
Un temps que les moins de 20 ans n'ont pas connu. Celui des cabines téléphoniques. INSEP. Fin d'automne 2004. Marielle Amant n'a pas encore 15 ans. Au Centre Fédéral du basket, la jeune déracinée est interne depuis quatre mois. Il commence à faire froid. La lumière se fait rare. La Martinique lui manque. Sa famille aussi. Alors Marielle appelle Marie-Josephe, sa maman. Pour lui dire qu'elle est en train de craquer. Qu'elle veut rentrer. Réponse de sa mère : "Tu as voulu partir. C'est ta décision. Je t'ai toujours soutenue dans tes choix. Mais là, tu ne peux plus faire marche arrière". Après avoir raccroché, Marielle Amant s'effondre en larmes. Toute seule dans la cabine téléphonique. Ces mots de Marie-Josephe résonnent encore et l'habiteront durant toute sa carrière. Car Marielle va tenir et aller au bout de son rêve. Voire même, bien au-delà.
Quelques jours avant la fin officielle de sa carrière, la Martiniquaise peut savourer son bilan sportif. Elle a connu les meilleurs clubs professionnels de l'Hexagone. Elle a porté avec fierté le maillot national. On peut juste noter que Marielle n'a jamais évolué dans un club étranger. En Italie ou en Espagne. Un regret ? Pas vraiment. "Vivre ça aurait été sympa, reconnaît la future retraitée des parquets. Mais le championnat français fait partie des meilleurs. Et qui vous dit que je ne goûterai pas à l'étranger demain ou après-demain dans ma nouvelle vie ?"
Soulagement et larmes
La décision de mettre un terme à sa carrière sportive n'a rien eu de soudain. Au contraire. Marielle Amant a commencé à y penser en août 2020. "Il me restait alors deux années de contrats avec La Roche Vendée. Très vite, je me suis aperçue que mentalement, mon investissement n'était plus le même. Sans compter les petits problèmes physiques. Je commençais à avoir mal partout. Dans ces conditions, je ne pouvais plus me challenger. Que ce soit physiquement ou mentalement. J'ai compris qu'il fallait arrêter."
Une décision en forme de soulagement. "Je me suis sentie libérée." Marielle Amant prévient alors son club. Dans la foulée, ce dernier lui rend hommage à travers une vidéo très réussie (à voir en fin d'article). Effet boule de neige digitale : la Martiniquaise reçoit des tonnes de messages. De la part de proches, de joueuses, de supporters, d'inconnus... La jeune femme soulagée d'arrêter, se retrouve submergée par une grosse vague d'émotion. "J'ai pleuré pendant plusieurs jours. Je ne pensais pas avoir touché ces gens de la sorte. Tous ces messages étaient très forts. Je me suis revue dans mes différents clubs. J'ai pris conscience à ce moment-là, de tout mon parcours."
Cerise sur ce beau gâteau chargé de larmes : Marielle Amant termine sa carrière à La Roche Vendée Basket. "Un club où la dimension humaine est extraordinaire !" La Martiniquaise y a débarqué en 2019. Après deux saisons difficiles à Villeneuve d'Ascq et Montpellier. Le coach vendéen lui tend alors la main. "Emmanuel Body souhaitait avant tout que je m'impose en tant que leader. Ce que je ne faisais pas forcément auparavant. Avec Jacky Moreau, son assistant, ils m'ont juste permis de grandir. Un duo magique. Merci à eux."
Marielle a vu la vie en Bleue
Marielle Amant fait partie de la belle et longue liste des Martiniquaises à avoir porté le maillot de l'équipe de France. Un rêve devenu réalité. "Et pourtant chez les Bleues, se faire une place sur le poste intérieur comme le mien relevait du vrai défi." Vice-championne d'Europe en 2013 et 2017, la joueuse a également connu des moments plus difficiles. Comme en 2012. Lorsqu'elle est la première joueuse non-retenue pour les Jeux Olympiques de Londres. "J'en ai profité pour revoir toute ma méthode de travail. Le 'juste assez' n'était pas suffisant. Entraînement individuel, nutrition, préparation mentale… J'ai tout révolutionné."
Quatre ans plus tard, Marielle s'envole pour Rio. Elle est devenue incontournable sous le maillot tricolore. Pour ses premiers JO, elle flirte avec le bronze. Ce sera finalement une quatrième place. Médaille en chocolat. Cruelle. Mais la Martiniquaise gardera longtemps en elle, le souvenir de cette aventure olympique. L'émotion aussi. Et les larmes. Encore. "Participer à une cérémonie d'ouverture, c'est quand même quelque chose. J'étais à côté de Sarah Michel au moment d'entrer dans le stade. Nous nous sommes regardées… et on a commencé à pleurer. Sans pouvoir nous arrêter. Nous étions au cœur d'un événement planétaire unique."
Et maintenant ?
À la mi-mai, le championnat de France de basket féminin se termine officiellement. Le maillot floqué du 97 de Marielle Amant flottera ensuite tout en haut de la Halle des Oudairies à La Roche-sur-Yon. La Martiniquaise va pouvoir changer de vie. Passer à autre chose. Mais quoi au juste ? "J'ai beaucoup de centres d'intérêt. C'est peut-être d'ailleurs ça, le problème. Ça va de l'immobilier à la gestion de patrimoine en passant par la nutrition ou la décoration d'intérieur. Je ne sais pas encore. Je termine déjà mon Master en Executive Management Général avant d'embrayer sur une formation spécifique. Je ne me ferme aucune porte."
Une chose est sûre : Marielle Amant va retourner vivre en Martinique… mais pas tout de suite. "J'ai toujours dit que je rentrerais au pays après ma carrière. Mais pas dans n'importe quelles conditions. Il faut savoir être sage. Je vais d'abord me lancer en Métropole." Et quelle que soit sa future profession, Marielle compte bien aider les jeunes de son département. "Sur place, il y a des gens prêts à faire bouger les lignes. Je veux apporter mon expérience. Mais il va falloir qu'on s'unisse tous. Filles et garçons. La Martinique a du talent et des potentiels. J'ai à cœur de le faire savoir."
Voici la vidéo-hommage mise en ligne par son club :