De la Finlande à la Nouvelle-Calédonie, en passant par la Normandie, les véhicules électriques relancent l'intérêt pour le nickel

Industrie du nickel en Finlande. Combinat Nornickel et Boliden à Harjavalta
Le négociant suisse Trafigura étend son empire des matières premières. L'annonce, faite le 10 novembre, n'a pas fait la une des journaux. Trafigura entre en scène dans le « nickel électrique » en Finlande. Après Vale en Nouvelle-Calédonie et Eramet en Normandie.
Le nickel, Trafigura va donc le produire en Finlande, où le négociant suisse de matières premières stimule l’investissement dans la mine de Terrafame, en pariant sur la croissance du marché des voitures électriques.

Le nickel qui vient du froid
Trafigura a conclu un accord de financement de 175 millions d’euros avec le producteur finlandais Terrafame, devenant le premier négociant à investir dans le nickel et le cobalt pour répondre à la demande future de batteries pour les véhicules électriques. Le nouvel accord, qui fait suite à un investissement de 250 millions d’euros dans la montée en puissance de la mine finlandaise en février, vise spécifiquement le marché des véhicules électriques et plus précisément l’alimentation en nickel et cobalt de la future grande usine européenne de batteries pour véhicules électriques qui sera construite, tout près, en Suède. Trafigura a également accepté de fournir un prêt de 90 millions d’euros à Terrafame afin d’assurer le financement global du projet de production de sulfate de nickel.

Nickel électrique de Finlande et de Nouvelle-Calédonie
« Trafigura rajoute de l’argent en Finlande pour chercher une sécurité d’approvisionnement, pour optimiser son accès au nickel et spéculer. Le cours du nickel se traînait mais c’est fini, la voiture électrique devient une réalité avec une demande beaucoup plus forte sur le nickel et le cobalt.
souligne Jean-François Lambert, ancien banquier spécialiste du financement des matières premières pour HSBC, maintenant consultant et expert du nickel.
Avant de poursuivre : "Ce qui est vrai en Finlande l’est aussi en Nouvelle-Calédonie. L’usine de nickel du Sud de Vale n’est pas menacée, soyons sérieux, avec le prix du cobalt qui s'envole et un engouement fort pour le nickel à cause de la révolution technologique qui est en train de se faire. Pour Vale, cet actif Calédonien (VNC) est un atout qu’il faut optimiser, avec un partenaire chinois, sans doute, mais c’est aujourd’hui un très bon investissement d'avenir ».

Le nickel, un minerai stratégique
Le négociant suisse Trafigura a toujours gardé le même cap : assurer les approvisionnements en métaux et minerais achetés et revendus à travers le monde, et garantir ainsi un volume de négoce toujours en croissance. Sa dernière cible est donc le nickel finlandais, un pays dont on oublie qu’il fut un producteur essentiel au 20e siècle. Pour la petite histoire, une partie des mines finlandaises de la région de Petsamo a même appartenu, dans les années 1900, au Canadien INCO, et à la SLN via la banque Rothschild, avant d’être cédée à l’URSS au terme de la guerre d’hiver en 1939.

Eramet en avance
Un autre groupe européen a précédé le négociant suisse en Finlande, il s’agit du mineur et métallurgiste français Eramet. L’accord conclu l’an dernier avec le groupe minier finlandais Boliden assure la livraison de concentrés de nicke finlandais à l’usine Eramet de Sandouville. Avec ces concentrés, Eramet produit du nickel pur, métal et sulfates, destinés principalement...aux batteries des véhicules électriques.

Chiffres clefs
Le chiffre d'affaires de Trafigura provient pour les deux tiers du négoce du pétrole et pour environ un tiers du commerce des métaux et minerais (cuivre, plomb, zinc, aluminium, nickel, étain) et de minerais (fer, charbon). La société est basée en Suisse, avec une adresse fiscale à Amsterdam. Elle n’est pas cotée en Bourse et appartient à sa direction et à 600 de ses traders.