Ce qui t’est destiné, le courant ne l’emporte pas, c'est le titre de la biographie de Firmine Richard qui vient de sortir. Lors de notre rencontre, la comédienne revient aussi sur la cérémonie des Césars 2020 et critique l'intervention d'Aïssa Maïga qui a agi "en son nom propre".
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C’est un peu avant la quarantaine que la vie de Firmine Richard bascule. En 1988, employée au Conseil Régional de la Guadeloupe, Firmine est de passage à Paris lorsque dans un restaurant, Evy Figlioni, la directrice de casting de Coline Serreau lui propose de participer au film Romuald et Juliette, avec Daniel Auteuil.
Fini les emplois de bureau : la voilà plongée dans le monde des strass et paillettes, à la rencontre des personnalités du cinéma. Firmine tourne pour Patrice Leconte, Dino Risi, Lucien Jean-Baptiste, François Oson. Elle cotoie Catherine Deneuve, Isabelle Hupert, Vittorio Gassman. De toutes ces rencontres, c’est celle avec Dino Risi qui l’a le plus marquée.
"Quand j’ai rencontré ce monsieur pour jouer dans son film Valse d’amour", il m'a dit : Permettez-moi de vous féliciter pour votre prestation dans Romuald et Juliette. J’ai eu envie de pleurer. Qu’un monsieur de cette importance prenne la peine de me faire un tel compliment m’a touchée. D’autant plus que je ne pensais pas avoir fait quelque chose d’exceptionnel".
Avec Aïssa et 10 autres comédiennes noires, Firmine Richard avait participé, il y a deux ans, au livre Noire n’est pas mon métier. "Nous étions un collectif. Mais là, Aïssa a agi en son nom propre".De surcroît, la comédienne de La première Etoile se souvient des Césars de 2000 avec l’intervention de Luc Saint-Eloi, Calixte Beyala et Jacques Martial qui demandaient plus de rôles pour les Noirs.
"La caméra cherchait les Noirs. Il y en avait très peu, Melvin Van Peebles, le fils adoptif de Josian Balasko. Alors que cette année, la diversité était dans la salle. Il y avait la bande à Ladj Ly, il y avait des Maghrébins, et pas mal de Noirs. Il aurait fallu y aller pour dire : je suis contente de voir une salle si colorée. Enfin, c’est ce que nous demandions".
Sur l’affaire Polanski, Firmine Richard renvoie dos à dos le réalisateur et l’actrice Adèle Haenel qui a quitté la cérémonie après l’attribution du César du meilleur réalisateur à Roman Polanski. "Je n’ai pas un avis tranché là-dessus. Je n’ai vu aucun des deux films. On a quand même donné 25 millions au gars (Polanski). Ce film est en compétition. Adèle Haenel s’est levée parce qu’on a donné le César à ce gars ou est-elle vexée parce que son film n’a pas été récompensé ? Je n’en sais rien. Si son film avait obtenu un prix, aurait-elle réagi ? C’est un milieu très hypocrite. On ne va pas me faire hurler avec les loups. Tout le monde dit que c’est un violeur. C’est en amont qu’il fallait agir et ne pas mettre son film dans le coffret des films en compétition".
Ainsi parle Firmine Richard, comédienne populaire, indomptable, modèle pour beaucoup d’Antillaises, qui vient d’accepter un seule-en scène inspiré de sa vie.
Une carrière exceptionnelle
Peu au fait de l’actualité cinématographique, elle ne connait ni l’acteur et encore moins la réalisatrice. Mais après un essai, alors que toutes les autres prétendantes n’ont pas donné satisfaction, c’est elle qui est retenue. Le début pour la Guadeloupéenne d’une carrière exceptionnelle. Elle est sans doute la première Antillaise à tenir un premier rôle dans un film à sortie nationale. "Je vis tout ça comme un conte de fée" dit-elle. "Ce n’est pas un rêve éveillé parce que je n’ai jamais rêvé de faire du cinéma".
Dino Risi
Fini les emplois de bureau : la voilà plongée dans le monde des strass et paillettes, à la rencontre des personnalités du cinéma. Firmine tourne pour Patrice Leconte, Dino Risi, Lucien Jean-Baptiste, François Oson. Elle cotoie Catherine Deneuve, Isabelle Hupert, Vittorio Gassman. De toutes ces rencontres, c’est celle avec Dino Risi qui l’a le plus marquée."Quand j’ai rencontré ce monsieur pour jouer dans son film Valse d’amour", il m'a dit : Permettez-moi de vous féliciter pour votre prestation dans Romuald et Juliette. J’ai eu envie de pleurer. Qu’un monsieur de cette importance prenne la peine de me faire un tel compliment m’a touchée. D’autant plus que je ne pensais pas avoir fait quelque chose d’exceptionnel".
Cérémonie des Césars 2020
Même les discriminations n’ont pas eu raison de son optimisme. "J’ai un pouvoir énorme de résilience". Néanmoins, après avoir regardé la cérémonie des Césars de février dernier, la Guadeloupéenne reste dubitative devant l’intervention d’Aïssa Maïga. La comédienne s’exprimait sur l’absence de diversité sur les écrans français. "Oui. Les choses doivent être dites. Mais pas de cette façon".Avec Aïssa et 10 autres comédiennes noires, Firmine Richard avait participé, il y a deux ans, au livre Noire n’est pas mon métier. "Nous étions un collectif. Mais là, Aïssa a agi en son nom propre".De surcroît, la comédienne de La première Etoile se souvient des Césars de 2000 avec l’intervention de Luc Saint-Eloi, Calixte Beyala et Jacques Martial qui demandaient plus de rôles pour les Noirs.
"La caméra cherchait les Noirs. Il y en avait très peu, Melvin Van Peebles, le fils adoptif de Josian Balasko. Alors que cette année, la diversité était dans la salle. Il y avait la bande à Ladj Ly, il y avait des Maghrébins, et pas mal de Noirs. Il aurait fallu y aller pour dire : je suis contente de voir une salle si colorée. Enfin, c’est ce que nous demandions".
Affaire Polanski
Sur l’affaire Polanski, Firmine Richard renvoie dos à dos le réalisateur et l’actrice Adèle Haenel qui a quitté la cérémonie après l’attribution du César du meilleur réalisateur à Roman Polanski. "Je n’ai pas un avis tranché là-dessus. Je n’ai vu aucun des deux films. On a quand même donné 25 millions au gars (Polanski). Ce film est en compétition. Adèle Haenel s’est levée parce qu’on a donné le César à ce gars ou est-elle vexée parce que son film n’a pas été récompensé ? Je n’en sais rien. Si son film avait obtenu un prix, aurait-elle réagi ? C’est un milieu très hypocrite. On ne va pas me faire hurler avec les loups. Tout le monde dit que c’est un violeur. C’est en amont qu’il fallait agir et ne pas mettre son film dans le coffret des films en compétition".Ainsi parle Firmine Richard, comédienne populaire, indomptable, modèle pour beaucoup d’Antillaises, qui vient d’accepter un seule-en scène inspiré de sa vie.