Le soleil a fait son retour à Paris au début du mois de mai. La chaleur, elle, n’est pas encore au rendez-vous, mais à la porte de Versailles, quelques personnes au cœur chaud tentent de faire remonter la température. Venus en nombre comme chaque année à la Foire de Paris, les exposants ultramarins, toujours auréolés de belles couleurs vivifiantes et d’un large sourire communicatif, essayent tant bien que mal de présenter leurs divers produits aux visiteurs présents.
En pénétrant dans le hall 4 – celui où se trouvent les stands des Outre-mer – le constat est saisissant : il y a moins de monde que les années précédentes. "Ce n’est plus la foire que j’ai connue, lâche Yves, 82 ans, originaire de la Martinique. C’était bien mieux avant." Habitué des allées de la Foire de Paris, il est nostalgique du temps passé. Une époque où les stands des Outre-mer se trouvaient au Hall 5. "Là-bas c’était grand, on avait de l’espace et on avait plus de visibilité", abonde Annick, qui tient un stand d’acras avec sa fille.
Du côté des institutions, on ne tire pas la sonnette d’alarme, bien au contraire. "Je n’ai pas connu beaucoup de Foires de Paris. C’est la troisième fois que je viens, et c’est vrai que celle-ci peut paraitre avoir une affluence moindre, mais tout est relatif, tempère Willy Martine de la chambre des métiers de la Guadeloupe. On a quand même un retour de nos exposants qui nous disent qu’avec une affluence comme celle observée ces jours-ci, c’est plus facile de capter les visiteurs. Ils sont plus abordables."
"On ne peut même pas se faire plaisir"
En se promenant dans les allées de la Foire de Paris en ce lundi matin, l’argument économique est beaucoup revenu. "On est loin de ce qu’on a pu réaliser en termes de chiffres d’affaires dans d’autres salons", constate Charles-Henry Louet, du stand Port of Karaïb. Pour sa première Foire de Paris, le Martiniquais s’attendait à une affluence plus forte, mais surtout à un engouement autour de ses produits. Pour tenter d’attirer les badauds, avec d’autres exposants ultramarins, il a prévu dans les jours à venir d’organiser des shows musicaux avec des artistes bien connus de la scène pour donner un peu de viabilité aux stands des Outre-mer.
Un autre point est mis en avant et décrié par les exposants et visiteurs : le prix. "Les stands sont trop chers, la preuve, il y en a beaucoup qui sont vides, constate Annick. Nous, on a dû partager le nôtre avec un ami." Les vendeurs sont aidés financièrement par divers organes de leurs régions respectives, mais ça ne permet pas de combler toutes les dépenses. Ils sont donc obligés de répertorier ces coûts sur les produits. Au grand dam des visiteurs. "Les produits sont chers, il n’y a rien en dessous de 10 euros. On ne peut même pas se faire plaisir, déplore Georges, originaire de la Martinique et habitué du salon. Mais ça fait toujours plaisir de venir, ça nous ressource."