Football : El Fardou-Sélémani, le duo mahorais des Coelacanthes

Le footballeur El Fardou Nabouhane Ben MOHAMED en janvier dernier durant la CAN.
Le rêve d’une qualification en 8e de finale de la Coupe d’Afrique des Nations est toujours possible pour les Cœlacanthes des Comores. Une victoire, sinon c’est retour à la maison.

Après deux défaites face aux Panthères du Gabon (1-0) et les Lions de l’Atlas du Maroc (2-0), les Comoriens doivent absolument prendre trois 3 points face aux Black Stars du Ghana, qu’ils défient ce mardi 18 janvier à Garoua.

Pour réaliser l’exploit, les supporters des Comores comptent énormément sur leurs joueurs, notamment les deux attaquants stars d’origine mahoraise : Ben El Fardou et Faïz Selemani.

Mayotte en force

Dans cette équipe des Coelacanthes, plusieurs sont les joueurs nés dans l’archipel, beaucoup sont natifs de l'Hexagone, d'autres encore viennent de Mayotte. C’est le cas de Ben El Fardou Ben Nabouahane (né à Passainmainty), l’attaquant vedette de l’équipe serbe de l’Etoile Rouge de Belgrade et considéré comme la Star de la sélection comorienne. Il y a aussi Faïz Mattoir (né à Mamoudzou), l’imprévisible attaquant de poche du SO Cholet. Et aussi le prometteur attaquant de Saint-Priest Moussa Djoumoi (né à Mamoudzou) et le confirmé Kassim Ahamada de l’US Créteil. A cette liste s’ajoute Faïz Selemani, né à Marseille, de parents mahorais et chouchou des supporters comoriens

Ben El Fardou, l’Etoile des Coelacanthes

Dès 2005, la Fédération Comorienne de Football a rêvé de décrocher une première qualification à la Coupe d’Afrique des Nations. C’est finalement grâce à Ben El Fardou Ben Nabouahane, en 2022 que le rêve devient réalité. Le natif de Mayotte, aujourd’hui âgé de 32 ans, a été formé la JS Saint-Pierroise de La Réunion avant de rejoindre l’Hexagone et la formation du Havre Atletic Club.

Interrogé par l’Agence France Presse (AFP) au sujet des Coelacanthes, il répond : « Depuis le HAC, on me parlait (de ce projet) d'équipe des Comores (…) Ce n'était pas dans ma tête à cette époque-là, j'étais jeune, j'avais encore des chances de pouvoir jouer avec les équipes de France de jeunes. ». 

C’est finalement en Grèce dans le club de Véria que le Mahorais opte pour la sélection comorienne : « à partir de Veria, le coach Amir Abdou et (l'ancien manager) Ben Amir commencent à m'appeler et m'expliquer leur projet. Je décide avec ma famille que c'est le bon moment ».

Cette année, le quadruple champion de Serbie (2018, 2019, 2020, 2021) et meilleur buteur de l’Histoire de l’Etoile Rouge de Belgrade, avec 61 buts en 119 matchs, ne désespère pas de voir son équipe réaliser une belle performance dans cette compétition. Les supporters des Comores, de leur côté, rêvent de « voir Big Ben »  inscrire son 16e but pour le compte des Cœlacanthes en sélection, le premier dans cette CAN.

Faïz Selemani, El Technico

Son culot balle au pied, sa technique en mouvement, sa vitesse, ses centres millimétrés auraient été précieux face aux Panthères du Gabon. C’est évident. Faïz Selemani, mahorais natif de de Marseille, a manqué dans ce premier match couperet face au Gabon. D’autant que l’ailier gauche de 28 ans a ensuite laissé entrevoir de très belles choses face aux Lions de l’Atlas du Maroc. Ses dribbles chaloupés, ses crochets courts et ses enchaînements vont être utiles face aux Black Stars du Ghana. L’attaquant du club belge du KV Courtrai est capable de faire basculer un match.

Les Cœlacanthes des Comores ont besoin d’une victoire synonymes de 3 points pour espérer faire partie des meilleurs troisièmes de groupes susceptibles de se qualifier pour les 8e de finale de la Coupe d’Afrique. Faiz au micro de la RTBF y croit très fort : « On n’est pas venus au Cameroun pour faire du tourisme.  On a un groupe compliqué avec le Maroc, le Ghana et le Gabon. Ça se joue sur trois matchs, tout peut arriver selon la forme du moment. On va tout faire pour sortir de ces poules. Et si on doit quitter prématurément la compétition, on essaiera de repartir sans regrets. »

Les Comores grimpent au classement mondial

Il faut imaginer qu’au 12 septembre 2005, les Comores, entraînées par Ali Mbaé Camara, n’étaient toujours pas affiliées à la Fédération Internationale de Football (FIFA). C’est-à-dire qu’elles ne pouvaient disputer de compétitions mondiales.

Dépourvues de stade aux normes internationales, c’est en 2006, dans des conditions difficiles que les Comores débutent leurs premières Qualifications à la Coupe d’Afrique des Nations de football de 2008. L’équipe commence à se renforcer dès 2007 de binationaux pour mettre sur pied une équipe compétitive et capable d’aller chercher une première qualification en Phase de poule d’une Coupe d’Afrique des Nations. Lorsque l’actuel sélectionneur des Cœlacanthes Amir Abdou prend les rênes de l’équipe des Comores en 2014, elle est classée au 190ème rang mondial sur 200.

Aujourd’hui, la sélection des Comores est 132e au classement de la Fédération Internationale de Football (FIFA) devancée par la Tanzanie et précède le Turkménistan.

2022, une participation historique

Aujourd’hui, la première participation des Comores à la 33eme Coupe d’Afrique des Nations (CAN) a un retentissement mondial. Voir un si petit pays de moins 900 000 habitants se hisser à un tel niveau de compétition face à de grandes équipes nationales ne pouvait laisser indifférent la planète football. 

Versés dans la « poule de la mort » aux côtés des Black Stars du Ghana, quadruple vainqueur de la compétition (1963, 1965, 1978, 1982), des Lions de l’Atlas du Maroc (vainqueur de l’épreuve en 1976) et des Panthères du Gabon (quart de finaliste en 2012), les joueurs du sélectionneur Amir Abdou avaient tout du condamné à mort. Le Petit Poucet comorien en tous cas vend chèrement sa peau dans cette compétition. Cette première participation est en soit déjà une grande victoire.