God Loves Haïti, le premier roman de l'Haïtien Dimitry Elias Léger

En 2010 et en trente-cinq secondes, un terrible tremblement de terre provoque la mort de près de 200.000 personnes et fait un million et demi de sans-abris. C’est dans ce contexte que Dimitry Elias Léger, Haïtien qui vit à New York, campe l’histoire de son triangle amoureux.

Outre-mer La 1ère : Faut-il prendre le titre de votre livre « God loves Haïti », comme un pied de nez ?

Dimitry Elias Léger : Si on est croyant, on croit que Dieu aime tout le monde. Pourquoi Haïti serait l’exception ? Si on ne croit pas en Dieu mais que l’on croit en l’amour, là aussi pourquoi serions-nous l’exception ?

Outre-mer La 1ère : Pour cette histoire d’amour, vous avez choisi de mettre en scène le président haïtien. Pourquoi ?

Dimitry Elias Léger : Les écrivains haïtiens produisent beaucoup de livres. Quand tu débutes, tu as toute l’histoire de la littérature face à toi. Surtout pour moi, la littérature de la Caraïbe. Avec Dany Laferrière, le grand frère qui écrit des histoires drôles et romantiques de la classe moyenne à travers le monde ; et la grande Edwige Dandicat. Elle est la grande poétesse de nos douleurs. Après ça, il fallait trouver un chemin qui me soit propre. Mon sens du décalé a gagné. Pour moi, les histoires d’amour c’est ce qui me donne du plaisir.

A L’ONU, j’ai travaillé pour beaucoup de chefs d’état ou de chefs d’entreprises et je voyais ces gens comme de simples humains. En fait, les vies des présidents des pays noirs sont rarement mis en valeur en littérature ou au cinéma. Là, il y a avait l’opportunité d’écrire une histoire humaine.

Outre-mer La 1ère : L’un de vos protagonistes dit : c’est un jeu d’enfant pour un pays qui s’est remis de l’esclavage de se remettre d’un tel séisme…

Dimitry Elias Léger : Quand on me dit : la vie doit-être tellement dure chez vous, je réponds oh oui, mais on a eu pire. De 1492 à 1804, ce n’était pas des vacances. Quand on me dit après l’indépendance, de 1804 à 2021, il n’y a eu que de l’instabilité politique ou des problèmes économiques, je dis oui. Mais il y a eu aussi la liberté, la fierté de l’indépendance. La liberté nous a coûté cher. Mais le contraire de la liberté n’est pas enviable.

Outre-mer La 1ère : C’est le point de vue d’un Haïtien ?

Dimitry Elias Léger : C’est mon job d’écrivain de vous montrer quelque chose que vous n’avez pas vu. La vie intérieure des Haïtiens est riche. On ne se lève pas chaque matin en se disant, Oh mon Dieu, je suis haïtien, la vie est dure. Non, on se demande plutôt si nos amants nous aiment, comment vont les grands-parents, les enfants. On pense à changer une ampoule. Notre liberté chèrement acquise de la France nous procure beaucoup de bonheur.

"God loves Haïti" de Dimitry Elias Léger (Caraïbéditions)