Les salariés des maisons de retraite, dont beaucoup sont originaires des Outre-mer, ont manifesté ce mardi devant le ministère de la santé à Paris pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail.
"Cassés", "usés", "à bout". Plusieurs centaines de personnes se sont rassemblées ce mardi après-midi devant le ministère de la santé à Paris pour réclamer davantage de moyens pour la prise en charge des personnes âgées. Sept syndicats ont appelé à la grève avec le soutien de l'Association des directeurs au service des personnes âgées. C'est une première.
"Pour la dignité et le respect de nos aînés et des professionnels exigeons plus de moyens", pouvait-on lire sur la grande banderole déployée par les manifestants, dont de nombreuses femmes, réunies derrière des ballons aux couleurs des syndicats.
"La situation est scandaleuse et catastrophique", estime Rose-May Rousseau, cheffe de file de la CGT à l'APHP, qui ajoute, "nous assistons aujourd'hui à une maltraitance des personnes âgées et des personnels."
"Je se sais plus si je suis aide-soignante ou femme à tout faire", explique Isabelle, originaire de Martinique et aide-soignante dans un Ehpad à Fresnes. "On nous met la pression, on nous fait du chantage, c'est de pire en pire". De son côté, Jean-Marc, originaire de Marie-Galante et aide-soignant dans un Ehpad parisien, explique qu'aujourd'hui "on me demande de faire une toilette à un personne dépendante en dix minutes".
Regardez notre Facebook Live devant le ministère de la santé à Paris:
Depuis plusieurs mois, les personnels réclament "davantage de moyens humains pour plus de dignité". Deux revendications dominent:
- L'application d'un ratio d'un agent par résident. Il est actuellement de six soignants pour dix résidents. Les situations de sous-effectifs sont généralisées. Cette problématique a déjà été pointée du doigt par un rapport parlementaire en juillet. Selon celui-ci, les conditions de travail sont "particulièrement difficiles" et la médicalisation des instituts insuffisante.
- La deuxième revendication concerne l'abrogation de la réforme du financement des maisons de retraite. Celle-ci, votée lors du quinquennat précédent et appliquée par le gouvernement Macron, impose une harmonisation des financements pour chaque établissement. Mais pour les syndicats, elle ne prend pas assez en compte les disparités, et "implique une importante ponction de l'enveloppe destinée aux maisons de retraite publiques" selon la Fédération Hospitalière de France. Le manque à gagner pour les EHPAD est estimé à deux cent millions d'euros.
Plus tôt dans la journée, la ministre de la santé, Agnès Buzyn avait estimé sur France 2 que la colère "est justifiée" dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), ajoutant, "je comprends l'épuisement des personnels". Ces dernières années, "les besoins en personnel ont augmenté sans que forcément les financements suivent", a concédé Agnès Buzyn, rappelant que "les personnes âgées qui arrivent en Ehpad sont de plus en plus dépendantes" en raison du développement du maintien à domicile.
Pour 2018, "ces besoins ont été anticipés" et "beaucoup plus d'argent est prévu", a insisté la ministre, évoquant les "100 millions d'euros supplémentaires" prévus par le budget de la Sécurité sociale, auxquels elle a "rajouté" la semaine dernière 50 millions d'euros pour les établissements en difficulté. "C'est déjà énormément d'argent", a-t-elle insisté, rejetant l'idée d'aller au-delà.
"Pour la dignité et le respect de nos aînés et des professionnels exigeons plus de moyens", pouvait-on lire sur la grande banderole déployée par les manifestants, dont de nombreuses femmes, réunies derrière des ballons aux couleurs des syndicats.
Une situation "scandaleuse" et "catastrophique"
"La situation est scandaleuse et catastrophique", estime Rose-May Rousseau, cheffe de file de la CGT à l'APHP, qui ajoute, "nous assistons aujourd'hui à une maltraitance des personnes âgées et des personnels."
"Je se sais plus si je suis aide-soignante ou femme à tout faire", explique Isabelle, originaire de Martinique et aide-soignante dans un Ehpad à Fresnes. "On nous met la pression, on nous fait du chantage, c'est de pire en pire". De son côté, Jean-Marc, originaire de Marie-Galante et aide-soignant dans un Ehpad parisien, explique qu'aujourd'hui "on me demande de faire une toilette à un personne dépendante en dix minutes".
Regardez notre Facebook Live devant le ministère de la santé à Paris:
Les deux principales revendications
Depuis plusieurs mois, les personnels réclament "davantage de moyens humains pour plus de dignité". Deux revendications dominent:
- L'application d'un ratio d'un agent par résident. Il est actuellement de six soignants pour dix résidents. Les situations de sous-effectifs sont généralisées. Cette problématique a déjà été pointée du doigt par un rapport parlementaire en juillet. Selon celui-ci, les conditions de travail sont "particulièrement difficiles" et la médicalisation des instituts insuffisante.
- La deuxième revendication concerne l'abrogation de la réforme du financement des maisons de retraite. Celle-ci, votée lors du quinquennat précédent et appliquée par le gouvernement Macron, impose une harmonisation des financements pour chaque établissement. Mais pour les syndicats, elle ne prend pas assez en compte les disparités, et "implique une importante ponction de l'enveloppe destinée aux maisons de retraite publiques" selon la Fédération Hospitalière de France. Le manque à gagner pour les EHPAD est estimé à deux cent millions d'euros.
Une délégation reçue au ministère
Une délégation a été reçue par le cabinet de la ministre, sans obtenir satisfaction. "On ressort en colère, mécontents des réponses, et inquiets que ce gouvernement ne réponde pas à notre demande de moyens supplémentaires", a ainsi regretté Mireille Stivala (CGT).Plus tôt dans la journée, la ministre de la santé, Agnès Buzyn avait estimé sur France 2 que la colère "est justifiée" dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad), ajoutant, "je comprends l'épuisement des personnels". Ces dernières années, "les besoins en personnel ont augmenté sans que forcément les financements suivent", a concédé Agnès Buzyn, rappelant que "les personnes âgées qui arrivent en Ehpad sont de plus en plus dépendantes" en raison du développement du maintien à domicile.
Pour 2018, "ces besoins ont été anticipés" et "beaucoup plus d'argent est prévu", a insisté la ministre, évoquant les "100 millions d'euros supplémentaires" prévus par le budget de la Sécurité sociale, auxquels elle a "rajouté" la semaine dernière 50 millions d'euros pour les établissements en difficulté. "C'est déjà énormément d'argent", a-t-elle insisté, rejetant l'idée d'aller au-delà.