Dominée par les cultures d'exportation, la canne et la banane, l'agriculture guadeloupéenne ne permet pas de nourrir la population de l'île, une situation aux origines complexes que les acteurs du monde agricole tentent de changer.
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"Aujourd'hui en Guadeloupe, la surface agricole utile est dominée par la banane et la canne et il faut qu'on arrive à nourrir cette population" de 400.000 habitants, explique Patrick Sellin, président de la chambre d'agriculture de Guadeloupe.
"Il n'y a que 30 à 35% d'autosuffisance", poursuit-il, donc le reste de l'alimentation vient d'ailleurs. "Si nous avions le même niveau d'aide pour la production destinée à nourrir la population locale que pour la banane et la canne qui sont fortement subventionnées, cette production aurait explosé", assure Dominique Dartron, président de la coordination rurale.
Accès difficile aux terres agricoles, pression de la grande distribution sur les tarifs des agriculteurs locaux, ou importations à bas prix et de faible qualité : les acteurs du monde agricole guadeloupéen s'accordent sur les causes du phénomène, mais peinent à travailler ensemble pour y remédier.
Sur la commune de 6.000 hectares, 3.100 sont des terres agricoles, dont seulement 50% sont exploitées. La mairie veut accompagner les agriculteurs pour leur permettre de monter en qualité et d'accueillir un pôle d'agro-transformation. La création d'une Zap devrait également donner une impulsion pour que le reste de la surface agricole utile soit de nouveau utilisée par des agriculteurs, espère le maire, quitte à étendre son périmètre.
Cela lui permet de distribuer 70% de sa production, ainsi que les produits d'une société d'intérêt collectif agricole (Sica) spécialisée dans le maraîchage. "Notre démarche, c'est d'appliquer un minimum de marge pour que les producteurs vivent. Parfois sur certains produits on n'est pas bien placé en termes de prix, sinon il n'y aurait pas de bénéfice pour les membres de la Sica", explique M. Walpole. Pour développer les produits locaux, encore faut-il que les consommateurs guadeloupéens les privilégient.
"Aujourd'hui ce qui nous intéresse c'est de pouvoir nourrir ce pays et en même temps d'être dans la transition agroécologique pour protéger la biodiversité. Il faut qu'on tienne compte de la triple performance économique, sociale et environnementale. Il faut arriver au raisonné, très raisonné, voire au bio", ajoute-t-il. C'est le choix qu'a fait Victor Nelson sur son exploitation familiale de Vieux-Habitants, Vanibel, en plantant 12 hectares de caféiers, une filière ancienne qui avait totalement disparu sur l'île.
En retrouvant dans une ancienne plantation des plants sauvages mais intacts, la famille Nelson a relancé la culture du café en agriculture raisonnée, sous le couvert de pois doux, un arbre de la famille des légumineuses. "Aujourd'hui notre café c'est notre fierté, on a réussi à le vendre à l'entreprise Malongo et, quand on en a assez, on l'envoie au Japon", raconte son fils, Joël Nelson.
Créé en 2017, le Syndicat agricole des planteurs de café s'est d'ailleurs fixé l'objectif de planter 60 hectares par an pendant 8 ans, contre 30 hectares aujourd'hui.
"Il n'y a que 30 à 35% d'autosuffisance", poursuit-il, donc le reste de l'alimentation vient d'ailleurs. "Si nous avions le même niveau d'aide pour la production destinée à nourrir la population locale que pour la banane et la canne qui sont fortement subventionnées, cette production aurait explosé", assure Dominique Dartron, président de la coordination rurale.
Accès difficile aux terres agricoles, pression de la grande distribution sur les tarifs des agriculteurs locaux, ou importations à bas prix et de faible qualité : les acteurs du monde agricole guadeloupéen s'accordent sur les causes du phénomène, mais peinent à travailler ensemble pour y remédier.
Zone agricole protégée
Pourtant des initiatives émergent, de Basse Terre à Grande Terre. Face à la pression urbaine, le maire de la commune balnéaire de Saint-François, Laurent Bernier, est en train de créer une Zone agricole protégée (Zap) sur 25% de sa surface, qui aura "vocation à clarifier la destination du foncier, car certains le gardent en espérant en faire autre chose", et ainsi éviter la spéculation sur les terres agricoles, explique-t-il.Sur la commune de 6.000 hectares, 3.100 sont des terres agricoles, dont seulement 50% sont exploitées. La mairie veut accompagner les agriculteurs pour leur permettre de monter en qualité et d'accueillir un pôle d'agro-transformation. La création d'une Zap devrait également donner une impulsion pour que le reste de la surface agricole utile soit de nouveau utilisée par des agriculteurs, espère le maire, quitte à étendre son périmètre.
12.000 hectares sur 52.000 de surface agricole utile, restent non exploités
L'accès au foncier agricole de l'île est difficile car près de 12.000 hectares, sur 52.000 de surface agricole utile, restent non exploités, souvent pour des problèmes de succession. Contre le problème des grandes surfaces "qui ne jouent pas le jeu avec les agriculteurs locaux", avec notamment des "délais de paiement exagérés" et une pression sur les prix, dénoncés par M. Sellin, le producteur agricole George Walpole a pour sa part crée il y a 3 ans un magasin de vente directe sur la commune de Saint François appelé "O Marché".Cela lui permet de distribuer 70% de sa production, ainsi que les produits d'une société d'intérêt collectif agricole (Sica) spécialisée dans le maraîchage. "Notre démarche, c'est d'appliquer un minimum de marge pour que les producteurs vivent. Parfois sur certains produits on n'est pas bien placé en termes de prix, sinon il n'y aurait pas de bénéfice pour les membres de la Sica", explique M. Walpole. Pour développer les produits locaux, encore faut-il que les consommateurs guadeloupéens les privilégient.
"Produits de dégagement"
"Il faut qu'on se batte pour qu'on ne nous envoie pas que des produits de dégagement", comme le poulet congelé à bas prix venant de métropole, "mais aussi contre nos amis de la Caraïbe qui produisent en utilisant des molécules interdites chez nous", rappelle M. Sellin."Aujourd'hui ce qui nous intéresse c'est de pouvoir nourrir ce pays et en même temps d'être dans la transition agroécologique pour protéger la biodiversité. Il faut qu'on tienne compte de la triple performance économique, sociale et environnementale. Il faut arriver au raisonné, très raisonné, voire au bio", ajoute-t-il. C'est le choix qu'a fait Victor Nelson sur son exploitation familiale de Vieux-Habitants, Vanibel, en plantant 12 hectares de caféiers, une filière ancienne qui avait totalement disparu sur l'île.
En retrouvant dans une ancienne plantation des plants sauvages mais intacts, la famille Nelson a relancé la culture du café en agriculture raisonnée, sous le couvert de pois doux, un arbre de la famille des légumineuses. "Aujourd'hui notre café c'est notre fierté, on a réussi à le vendre à l'entreprise Malongo et, quand on en a assez, on l'envoie au Japon", raconte son fils, Joël Nelson.
Créé en 2017, le Syndicat agricole des planteurs de café s'est d'ailleurs fixé l'objectif de planter 60 hectares par an pendant 8 ans, contre 30 hectares aujourd'hui.