Guadeloupe : vétusté et sureffectif, malaise social dans les collèges

Collège de Petit-Bourg en Guadeloupe
La récente grève dans un collège de Guadeloupe, resté fermé pendant une semaine pour dénoncer le sureffectif et la vétusté, a mis en lumière un malaise dans un certain nombre d'établissements. Les syndicats dénoncent les conditions d'apprentissage pour les élèves et de travail pour les personnels.
"C'est extrêmement difficile. Les collègues craquent les uns après les autres", confie à l'Agence France Presse Jean-Luc Laurent, du Syndicat des personnels de l'Education en Guadeloupe, (majoritaire dans le second degré) au collège de Petit-Bourg (à 20 kilomètres de Pointe-à-Pitre), paralysé par une grève du 16 au 23 février.

Risques sismiques           

Au collège Félix Eboué de Petit Bourg, "ça fait des années que nous demandons à ce que le sureffectif du collège soit pris en compte. Nous avons deux grands bâtiments imposants de quatre niveaux qui semblent dangereux" en matière de risques sismiques, poursuit Jean-Luc Laurent, évoquant un bâtiment vieillissant et mal adapté. Regardez ce reportage de Guadeloupe 1ère du 1er février dernier

 

Des collèges à rénover           

La situation est similaire dans de nombreux collèges, affirment les syndicats. Selon Eddy Ségur, le secrétaire général de la FSU, "à la suite du tremblement de terre très violent de 2007, un audit a été demandé par la Région et le Département. Il a été caché car quasiment 40 % des établissements scolaires auraient dû être rasés et reconstruits complètement et 30 % rénovés pour faire face à un nouveau tremblement de terre."
 

Sureffectif au collège de Petit-Bourg          

A Petit-Bourg, les cours ont repris après l'annulation de la création envisagée d'une onzième classe de sixième. Dans ce collège, 909 élèves scolarisés pour une capacité de 900. "Faible ou pas, le sureffectif est là", reconnaît Jacques Anselme, président de la Commission enseignement du Conseil départemental, en charge du bâti des collèges.
 

Pas de construction prévue          

Syndicats et parents d'élèves réclament un autre collège. Mais pas de projet de construction prévu. "On doit faire jouer la carte scolaire et organiser, avec les communautés d'agglomération, le transport scolaire", répond M. Anselme, d'autant que selon lui certains établissements, comme à Pointe-à Pitre et aux Abymes, sont en sous-effectifs, et que les projections jusqu'en 2022 font état de "5.000 collégiens", pour un total actuel de 23.236 élèves.
 
Le 25 janvier, une grève a mobilisé 90 % du personnel dans le second degré selon les syndicats, 39% selon le rectorat, pour dénoncer la suppression de 35 postes à la rentrée, après plus de 450 déjà supprimés en cinq ans.
           

Normes parasismiques "dépassées"

"La réalité guadeloupéenne est une baisse démographique", avait justifié le recteur Camille Galap, pour qui "le second degré perd 416 élèves pour la rentrée 2016. Théoriquement, ce sont 65 postes qui auraient dû être supprimés et non 35". Des chiffres que réfutent les syndicats. "On ne cesse de dire que nous n'aurons pas 450 élèves en moins dans le second degré à la rentrée, mais près de 800 élèves de plus", explique Eddy Ségur, secrétaire général de la FSU.
           
Quant au délabrement des bâtiments, "tous les collèges répondent aux normes existant au moment de leur construction, normes aujourd'hui dépassées", reconnaît Jacques Anselme, président de la Commission enseignement du Conseil départemental. "Nous sommes en train d'adapter les établissements. Les élèves ne sont pas plus en danger que dans d'autres bâtiments publics".
  

Sur 42 collèges, 10 aux normes         

Sur les 42 collèges, une petite dizaine est aux normes ou devraient prochainement l'être. La collectivité a dépensé 13,5 millions d'euros pour le renfort parasismique et 10,5 millions pour les grosses réparations. Eddy Ségur, le secrétaire général de la FSU se montre alarmiste. "L'Etat a transféré un certain nombre de responsabilités au département et à la région, mais sans mettre les moyens. Or il y avait déjà un constat de retard".
           
Il dresse un tableau inquiétant : "sur 100 enfants, 34 quittent le système éducatif en Guadeloupe sans aucun diplôme. 60 % des jeunes de moins de 25 ans sont au chômage. 21 % de gens sont en situation d'illettrisme".