Route du Rhum – Destination Guadeloupe 2022 : records, casses, affluence... quel bilan ?

Village d'arrivée de la Route du Rhum 2022, au Mémorial ACTe, à Pointe-à-Pitre

Après 4 semaines d’une course haute en rebondissements, il y a beaucoup à dire sur la 12ème édition de la "Route du Rhum – Destination Guadeloupe". Le record de la traversée a été battu par l’un des monstres des mers que sont les Ultim 32/23, barré par Charles Caudrelier. La prestation des Guadeloupéens est mi-figue mi-raisin. Par ailleurs, le décès de deux organisateurs a terni l’évènement.

Nadine Fadel, avec Sébastien Gilles • Publié le 7 décembre 2022 à 13h10, mis à jour le 7 décembre 2022 à 14h35

La fermeture officielle de la ligne d’arrivée de la 12^ème édition de la "Route du Rhum – Destination Guadeloupe" a eu lieu à 13h00, ce mercredi 7 décembre 2022. Le dernier à l’avoir franchie est le Guadeloupéen Keni Piperol, à bord de son Class40 "Captain Alternance".

Levée des bouées matérialisant l'arrivée de la Route du Rhum 2022, au large de Pointe-à-Pitre - 07/12/2022.

A ce jour, cinq skippers qui concouraient dans la catégorie des Rhum Mono sont toujours en mer, en direction de Pointe-à-Pitre : Guy Pronier (Terranimo) qui a atteint les eaux guadeloupéennes, mais qui sera au Mémorial ACTe hors délai, Fabio Gennari (Bella Donna – Race for Pure Ocean), Rémy Gerin (Faiaoahe), Arnaud Pennarun (Viabilis – Pen Duick III & Ach) et Jean-Sébastien Biard (JSB Déménagements). Si leurs temps ne seront pas pris en compte, dans le cadre de la course, au moins peuvent-ils encore avoir la satisfaction d’aller au bout de leur défi : réaliser la traversée de l’Atlantique en solitaire.
Le sixième, Daniel Ecalard, appelé en Martinique pour raison professionnelle, stoppe sa course à près de 89% du parcours.

Une année de records

Cette édition 2022 aura été marquée par plusieurs records.

D’abord pour ce qui est de la participation : 138 bateaux ont pris le départ de cette mythique épreuve, cette année, dans les six class en compétition. Jamais dans l’histoire de la Route du Rhum il n’y aura eu autant d’engagés.

Par ailleurs, les trois premiers de la flotte, Charles Caudrelier (Maxi Edmond de Rothschild), François Gabart (SVR Lazartigue) et Thomas Coville (Sodebo Ultim 3), ont tous battu le temps réalisé, il y a 4 ans, par Francis Joyon.

Désormais le temps de référence est de 6 jours 19 heures 47 minutes et 25 secondes.

Côté public, des centaines de millier de personnes, toutes générations confondues (les scolaires étaient très présents), ont montré leur attachement à la Route du Rhum, tant sur le village de Saint-Malo, que sur ceux installés en Guadeloupe.

Avec les 30 abandons enregistrés (un peu moins de 22%), on reste en revanche sur un taux du nombre d’arrivée plutôt haute, comparé aux fois précédentes. Depuis la création de la course, en 1978, les organisateurs enregistrent un taux d’abandon de 28.3% en moyenne.
De quoi penser que le report de trois jours du lancement de la course a été une sage décision, de la part de l’organisation.

A noter qu’un participant battant pavillon guadeloupéen sur deux a dû renoncer, en cours de route.

Sur cette 12^ème édition, enfin, le taux de casses a été important. Les nôtres aussi en ont fait les frais.

Des Guadeloupéens à la hauteur du défi

La Guadeloupe pouvait raisonnablement tabler sur des chances d’accessit, voire de victoire, dans certaines catégories, de la part de certains des représentants de l’archipel. Mais les déboires ont été nombreux.
S’ils n’ont pas réalisé de podium, quatre d’entre eux ont tout de même ramené le bateau à la maison, l’objectif premier des marins.

Rodolphe Sépho (Rêve de Large 3 Région Guadeloupe) a fini 32^ème des Imoca et premier des Guadeloupéens à arriver à bon port. Il est une très belle illustration de la résilience guadeloupéenne. Il a été contraint de se dérouter, le lendemain du départ, vers Roscoff (Bretagne), après avoir endommagé un foil sur un objet flottant. Puis, une fois reparti, il a choisi de rallonger sa route, pour éviter les conditions de mer et de vent les plus piégeuses. Lors de son arrivée, de nuit, un dimanche, une foule de supporters s’est déplacée au Mémorial ACTe, pour saluer son exploit.

Willy Bissainte (Tradisyon Gwadloup) a définitivement gommé sa mésaventure de 2018, où il avait dû renoncer à terminer la course. Cette année, il a pris la 4^ème place de la catégorie Rhum Mono. Il a signé une traversée remarquable d’intelligence et de courage.

Certains plaçaient Keni Piperol (Captain Alternance) dans le top 5 de la Class40 au minimum. Mais le destin, ou plutôt une voie d’eau, en a décidé autrement. Arrêté le 12 novembre à la Corogne, il aura attendu 5 jours, pour les réparations, avant de reprendre la mer.
Sa volonté est restée intacte et le Mornalien a rallier Pointe-à-Pitre dans les temps.

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Le résident de l’archipel depuis 5 ans, Etienne Hochédé boucle aussi la traversée, en s’octroyant la 8^ème place de la class Rhum Multi. C’était sa troisième participation et, sans doute, la dernière.

Au final, on déplore quatre abandons sur les huit skippers qui étaient engagés sous les couleurs de la Guadeloupe.

Thibaut Vauchel-Camus (Solidaires en peloton – ARSEP), auteur de deux podiums sur les éditions précédents, a fait les frais des aléas de course, le 12 novembre, trois jours après le départ. Son chavirage a eu raison de ses ambitions. Mais il est sorti indemne de sa mésaventure.

Damien Seguin (Groupe APICIL), que l’on voyait bien, lui aussi, faire une belle prestation, a démâté, le 11 novembre, après une collision avec un chalutier.

David Ducosson (Trilogik – Dys de Cœur) n’aura pas vraiment eu l’occasion de s’exprimer. Son pilote automatique n’a pas répondu présent. La réparation a trainé en longueur

Le Martiniquais Sacha Daunar, inscrit au nom de la Guadeloupe (Bateau Cit’Hôtel – Région Guadeloupe), a quant à lui été victime d’un problème de santé, dès le départ. Sans oreille interne, suite à un mal qui a d’abord été identifié comme une simple otite, impossible d’envisager une traversée de l’Atlantique en solitaire. Il a mis fin à son rêve, après une heure de course.

Un drame

Et il est impossible de faire abstraction de l’accident qui a coûté la vie à deux membres de la société organisatrice de la Route du Rhum. Les deux hommes, âgés de 35 et 38 ans, faisaient partie des 11 personnes à bord d’un bateau suiveur qui a chaviré, en marge de l’arrivée du vainqueur Charles Caudrelier.

Suite à cet accident, une enquête a été ouverte pour homicides involontaires et blessures involontaires

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Ce drame, dont on n’a pas fini d’entendre parler, a provoqué une onde de choc et a endeuillé l’évènement. Et cela est bien triste.

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