Quelles sont les bonnes pratiques industrielles, face au risque du cyanure, pour les projets aurifères en Guyane ? Mineralinfo publie les deux études, complètes et objectives, de l'INERIS et du BRGM. Elles ont été réalisées à la demande du ministère de la Transition écologique et solidaire.
Ce n’est sans doute qu’une simple coïncidence. Deux rapports extrêmement précis analysant les bonnes pratiques, afin de maîtriser les risques de l’utilisation du cyanure par l’industrie minière en Guyane, ont été publiés le même jour que l’audition de François de Rugy, le ministre de la Transition écologique, par la Délégation aux Outre-mer de l’Assemblée nationale. Le ministre devrait de nouveau s’exprimer le 7 février prochain. Le site d'information publique Mineralinfo, qui met en ligne les deux rapports consacrés à l'utilisation du cyanure pour l'or en Guyane, est le portail français des matières premières minérales primaires et secondaires non énergétiques. Ce site est l'outil de diffusion de l'information publique du réseau national sur les matières premières minérales qui rassemble l'administration, les entreprises, les fédérations professionnelles et les organismes techniques.
"Il faut également préciser que ce dernier procédé (thiosulfate) nécessite l’utilisation d’ammoniac qui reste un composé toxique pour l’homme et les espèces aquatiques et dont l’utilisation, à l’échelle industrielle, nécessite des précautions particulières." Rapport du BRGM
Contexte
Au-delà des projets aurifères guyanais, la question est particulièrement sensible. Ainsi, la filière française de l’industrie du recyclage, liée à la Transition énergétique, utilise, elle aussi, du cyanure. Quoi qu'il en soit, l'interdiction de ce composant très toxique mettrait un coup d'arrêt définitif à la filière aurifère française. En Guyane, l'interdiction du cyanure aurait comme première conséquence l'arrêt du projet Auplata et le licenciement de quarante salariés guyanais. Le bras de fer se poursuit. Il oppose les défenseurs de l'écologie et de l'environnement aux partisans du décollage économique et social du département d'Amérique du Sud.Les bonnes pratiques face au risque : le rapport de l'INERIS
L’Institut national de l’environnement industriel et des risques (INERIS) a réalisé une synthèse des bonnes pratiques relatives à l’utilisation du cyanure pour le traitement de l’or dans le contexte spécifique guyanais. Ce travail pointe les principaux risques identifiés et qui sont liés au transport du cyanure et au stockage des résidus miniers. Le processus industriel est utilisé depuis la fin du XIXe siècle. L’INERIS rappelle "qu’une attention particulière doit être portée en termes d’inspection et de maintenance des sites miniers". Et de recommander une vision globale, dans le temps et dans l’espace, jusqu’à la fermeture de la mine.Des alternatives au cyanure : le rapport du BRGM
De son côté, le BRGM fournit une étude complète des technologies de substitution du cyanure pour le traitement industriel des minerais d’or en Guyane. Ces procédés existent, certains sont applicables à l’échelle industrielle, mais "aucun n’a atteint le niveau de maturité ni la robustesse des procédés au cyanure (…) Ces techniques présentent des enjeux similaires en termes de transports et de stockage de matières dangereuses, de maîtrise des risques associés aux procédés de traitement", rappelle le BRGM. À ce jour, seul le procédé basé sur l’utilisation du thiosulfate atteint un niveau de maturité qui s’approche de la cyanuration. (C'est ce procédé qui est mis en avant par le député Gabriel Serville, pour demander l'interdiction du cyanure.) Cependant, poursuit le BRGM, "sa complexité de mise en œuvre et ses coûts opératoires plus élevés que ceux de la cyanuration, en font une application de niche pour des minerais d’or réfractaires à la cyanuration notamment les minerais carbonatés." En outre, il semble bien que l'extraction de l'or par des procédés "verts" ne soient pas pour demain."Il faut également préciser que ce dernier procédé (thiosulfate) nécessite l’utilisation d’ammoniac qui reste un composé toxique pour l’homme et les espèces aquatiques et dont l’utilisation, à l’échelle industrielle, nécessite des précautions particulières." Rapport du BRGM