Il était Français depuis 21 ans, mais a failli être expulsé parce qu'il n'arrivait pas à le prouver. Lycéen né en 1997 à Haïti, Ernso Beljour a retrouvé son grand sourire après 19 jours passés au centre de rétention de la Guyane.
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"Ce n'est pas très bien du tout l'enfermement, j'ai eu beaucoup de chagrin, j'ai perdu plusieurs heures de cours, j'ai eu beaucoup de stress", se confie sans animosité le jeune homme mince aux cheveux ras, à la sortie des cours, arborant le tee-shirt à effigie du lycée privé de Cayenne où il étudie en 1ère bac pro commerce.
Alors qu'il était en attente d'une reconduite à Haïti, la préfecture a annoncé le 1er octobre le "retrait de la procédure d'éloignement" qui le frappait, suite à des documents fournis in extremis par son avocat, démontrant sa double nationalité franco-haïtienne.
Ernso, avait été interpellé le 13 septembre à Matoury par la police aux frontières, à l'arrêt du bus qui devait le mener en cours. "Ils m'ont arrêté moi et un camarade de l'école. Je me suis dit: j'ai l'uniforme de l'école, ce n'est pas la peine de courir". Mais sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français suite au rejet de sa demande d'asile, Ernso est emmené, "menotté" et envoyé au centre de rétention de Matoury.
Orphelin de mère depuis peu, il vivait jusqu'en 2016 "chez une amie" à Aquin, ville portuaire du sud d'Haïti. Suite à des démêlés avec "un camarade", Ernso décide de quitter Haïti pour la Guyane, où vivent des membres de sa famille.
Mais ses démarches sont infructueuses. Il a été "éconduit ou découragé" par "l'ambassade de France", "il savait intuitivement (qu'il était Français, ndlr) mais pas juridiquement", raconte son avocat, Jérôme Gay. Le garçon entre illégalement sur le territoire: "J'ai acheté un visa pour le Suriname, j'ai pris l'avion depuis Port-au-Prince et je suis passé par Curaçao", raconte le jeune homme au visage gracieux. Il traverse ensuite le fleuve frontière qui sépare le Suriname et Saint-Laurent du Maroni et rejoint Cayenne en bus.
Trois mois plus tard, l'élève est de nouveau interpellé. Cette fois, l'éloignement forcé se profile dans ce territoire où un habitant sur trois est né hors de Guyane. Une marche de soutien est organisée à Cayenne par des lycéens, dont plusieurs sont victimes de gaz lacrymogènes de la police. Des camarades contactent un avocat.
"Ils ont débarqué dans notre cabinet à sept-huit, en urgence entre midi et 14H00", se souvient Me Gay. Le cabinet d'avocats "prend au sérieux" la piste de la nationalité française. Le service central d'état civil de Nantes, qui regroupe les documents des Français nés à l'étranger, est contacté. L'acte de naturalisation du père est envoyé, il prouve qu'Ernso est Français.
L'histoire ne s'arrête pas là, car son grand frère, qui vit aujourd'hui au Brésil a lui aussi essuyé un rejet de l'Ofpra. Pour le cabinet d'avocats, "les deux frères sont nés d'un père français. Il faut faire reconnaître leur certificat de nationalité française et faire transcrire leur acte de naissance dans l'état civil français".
Alors qu'il était en attente d'une reconduite à Haïti, la préfecture a annoncé le 1er octobre le "retrait de la procédure d'éloignement" qui le frappait, suite à des documents fournis in extremis par son avocat, démontrant sa double nationalité franco-haïtienne.
Son père a été naturalisé français en 1995, mais a déclaré la naissance de son fils en 1997 auprès des autorités haïtiennes, sans la déclarer auprès des autorités françaises", ce qui a laissé l'enfant "dans l'ignorance de sa nationalité française,
préfecture
Ernso, avait été interpellé le 13 septembre à Matoury par la police aux frontières, à l'arrêt du bus qui devait le mener en cours. "Ils m'ont arrêté moi et un camarade de l'école. Je me suis dit: j'ai l'uniforme de l'école, ce n'est pas la peine de courir". Mais sous le coup d'une obligation de quitter le territoire français suite au rejet de sa demande d'asile, Ernso est emmené, "menotté" et envoyé au centre de rétention de Matoury.
Orphelin de mère depuis peu, il vivait jusqu'en 2016 "chez une amie" à Aquin, ville portuaire du sud d'Haïti. Suite à des démêlés avec "un camarade", Ernso décide de quitter Haïti pour la Guyane, où vivent des membres de sa famille.
Marche de soutien
Mais ses démarches sont infructueuses. Il a été "éconduit ou découragé" par "l'ambassade de France", "il savait intuitivement (qu'il était Français, ndlr) mais pas juridiquement", raconte son avocat, Jérôme Gay. Le garçon entre illégalement sur le territoire: "J'ai acheté un visa pour le Suriname, j'ai pris l'avion depuis Port-au-Prince et je suis passé par Curaçao", raconte le jeune homme au visage gracieux. Il traverse ensuite le fleuve frontière qui sépare le Suriname et Saint-Laurent du Maroni et rejoint Cayenne en bus.Six milles demandent d'asile en 2017
Hébergé par son oncle, il intègre le lycée et fait une demande d'asile. Mais son dossier est rejeté. En Guyane, 6.000 demandes d'asile ont été formulées en 2017 et 96% ont été rejetées. Elles ont "quadruplé en cinq ans", selon l'office français de protection des réfugiés et apatrides. Et la demande haïtienne représente désormais 89% de l'ensemble. Ernso est interpellé une première fois en juin alors qu'il se rend à son stage entreprise et passe "48 heures" en rétention.Trois mois plus tard, l'élève est de nouveau interpellé. Cette fois, l'éloignement forcé se profile dans ce territoire où un habitant sur trois est né hors de Guyane. Une marche de soutien est organisée à Cayenne par des lycéens, dont plusieurs sont victimes de gaz lacrymogènes de la police. Des camarades contactent un avocat.
"Ils ont débarqué dans notre cabinet à sept-huit, en urgence entre midi et 14H00", se souvient Me Gay. Le cabinet d'avocats "prend au sérieux" la piste de la nationalité française. Le service central d'état civil de Nantes, qui regroupe les documents des Français nés à l'étranger, est contacté. L'acte de naturalisation du père est envoyé, il prouve qu'Ernso est Français.
L'histoire ne s'arrête pas là, car son grand frère, qui vit aujourd'hui au Brésil a lui aussi essuyé un rejet de l'Ofpra. Pour le cabinet d'avocats, "les deux frères sont nés d'un père français. Il faut faire reconnaître leur certificat de nationalité française et faire transcrire leur acte de naissance dans l'état civil français".