D'abord, le volet immigration. Continentale, la Guyane a toujours connu le phénomène de flux migratoires, mais 2023 surprend, inquiète même… L’arrivée massive de demandeurs d’asile venus majoritairement de pays en guerre du Moyen-Orient et d’Asie Centrale, confirme la tendance de ces trois dernières années.
Sans solution de logement, les opérations d’évacuations se succèdent. D’abord rue Arago, puis place des Amandiers, à Cayenne. Des centaines de personnes vivent dans des conditions de vie insalubres. Une catastrophe humanitaire à ciel ouvert, dans un climat tendu avec les riverains et la population du chef-lieu.
La dernière expulsion, en novembre intervient après que deux migrants, ont attrapé la tuberculose. Les demandeurs d’asile ont été installés par l’Etat au camp de la Verdure dans des conditions précaires qu’ils dénoncent depuis.
Évolution statutaire
Deux temps forts marquent 2023 en matière d’évolution statutaire : le 6ème congrès des élus a eu lieu le 2 décembre dernier, après quelques remous. Présenté une première fois le 13 mai, après 22 semaines de travaux, le projet du Comité de Pilotage (COPIL) n’a pas fait l’unanimité.
En question : la représentation des peuples autochtones et celle des peuples bushinengués. La création d’un sénat coutumier est alors actée, mais de part et d’autre, les réflexions se poursuivent.
En décembre, une autre question a trouvé son épilogue. Les élus votent pour un corps électoral élargi lors de la consultation populaire. Les Guyanais vivant sur territoire, mais aussi à l’extérieur. Concernant le budget, il faudra 1,6 milliard d’euros pour le fonctionnement de la collectivité autonome.
L'enclavement des sites de l'intérieur
Les 4 sœurs, qui se sont noyées dans le Maroni le 23 décembre dernier dans un accident de pirogue, ont-elles payé le prix de l’enclavement ? En septembre 2023, un appel à la mobilisation est lancé par les députés Jean-Victor Castor et Davy Rimane. Ils dénoncent une "volonté de mettre la Guyane sous cloche".
Cela fait suite à la liquidation d’air Guyane, unique compagnie aérienne en charge des liaisons intérieures, privant ainsi 30 000 personnes d'aller et venir du littoral. La présidente de la Communauté des Communes de l'Ouest Guyanais (CCHOG) Sophie Charles s’insurge, elle aussi, tout comme les maires concernés.
En parallèle, le collectif APACHI organise deux états généraux du désenclavement. Un combat long, jonché d’incertitudes, mais entamé.
Abrogation de l'obligation vaccinale
Le 4 mai 2023, l’abrogation de l’obligation vaccinale pour les soignants est adoptée. C’était une proposition du député guyanais Jean-Victor Castor, adopté à 157 voix contre 137 dans l’hémicycle.
La revendication datait de fin 2021, dans le contexte du Covid-19. La France avait imposé une obligation vaccinale à près de 2,7 millions de personnes, soignants personnel des hôpitaux, de maisons de retraite, ambulanciers, pompiers, aides à domicile. Quelques milliers d’entre eux ont été suspendues de leurs fonctions après avoir refusé cette obligation vaccinale.
Cette abrogation a été une avancée pour la Guyane et la Guadeloupe, qui ont toujours milité en faveur du retour des soignants. Et pour cause, les deux territoires sont en tension et manquent cruellement de personnels médicaux.