[Euro 2020 de Handball] La Guadeloupéenne Océane Sercien-Hugolin : "On est en ordre de bataille"

Océane arme son tir du bras gauche
Enfin ! La malédiction du premier match perdu dans un grand tournoi est vaincue par les bleues. Cette victoire hier soir contre le Monténégro 24/23 propulse les coéquipières d’Océane Sercien-Ugolin en tête de leur groupe. Retour sur le match avec les analyses de la Marie-Galantaise.  
 
On appelle cela une victoire dans le money time, et les bleues ont parfaitement su négocier cette fin de match. Sous l’impulsion notamment de Méline Nocandy entrée en cours de seconde période au poste de demi centre, et qui a sacrément secouée la défense Monténégrine. La guadeloupéenne y est allée au culot et sans complexes, bien aidée par Aissatou Kouyaté qui trouvait les intervalles. L’effet de surprise démobilisa complètement le camp d’en face.
 

Les bleues soulagées

Océane Sercien-Ugolin à quant à elle fait peser son physique sur la défense adverse. Mais comme les autres a subi le jeu rapide de leurs adversaires en première mi-temps. Elle nous livre sa première analyse.
 
Les filles heureuses..

 

On est soulagées, il fallait gagner, après la compétition n’est pas finie. Ces filles-là jouent en club et c’est normal qu’on ait souffert, elles ont beaucoup d’automatismes et nous on a peut-être manqué de matchs amicaux pour les trouver. Mais on a fait preuve de caractère surtout en deuxième mi-temps. Méline a un style de jeu rapide et explosif, c’est bon signe, et on s’entend bien. Donc c’est de bon signe, et ça correspond aussi à mon style de jeu"

Océane Sercien-Ugolin


Combat intense donc sur le terrain, mais c’est un peu la marque d’Olivier Krumbholz. Le coach a beaucoup parlé à ses filles, les a rassuré, mais pour autant n’a pas usé de temps mort quand les choses étaient délicates on première période. Savoir coacher, faire tourner le banc. Une preuve de réussite aussi, comme en témoigne les rentrées de Nocandy et de Kouyaté en deuxième période.

"Les filles étaient tendus, ce fameux syndrome du premier match .On espère que ça y est c’est parti, pas trop de match de préparation ca noua  pénalisé un peu, mais elles ont eu le mérite de s’accrocher et il a fallu qu’elles baissent physiquement pour qu’on prenne le dessus, " commente le technicien français.

"On a bien maitrisé la fin de match malgré quelque frayeurs. La défense à 5 avec Béatrice a eu un rôle difficile mais elle a bien tenu et c'est un enseignement positif à tirer," poursuit-il
 
Béatrice Edwige à la bagarre


"En ordre de bataille"

Face à la menace du Monténégro, pas d’affolement, les anciennes veillaient.
Béatrice Edwige la Guyanaise avait déjà lancé le combat face aux tireuses monténégrines, notamment Jovanka Radicevic et surtout la redoutable meneuse, Durdina Jaukovic. Béa s’arrachait même en attaque en marquant deux buts consécutifs permettant à la France de recoller juste avant la mi-temps. Dans les buts Amandine Leynaud avait sorti 5 arrêts et Cléopâtre Darleux enchaina en deuxième période avec tout autant de réussite. Et Grâce Zaadi retrouva son efficacité. Océane a connu un peu de déchet au tir (2/6) mais pas quoi l’alarmer :
 

On a eu du déchet, mais il faut prendre les situations de tirs, ça fait partie du jeu, et il y a aussi un rythme à trouver. Pour moi cet Euro c’est une première je suis arrivée en retard dans le groupe, mais je n’ai pas de doute quant à la suite, on est toutes en ordre de bataille.



L'une des marques de fabrique de la maison France est de ne rien lâcher. Les bleues ont en effet couru après le score pendant cinquante minutes, avant de prendre enfin l’avantage à 8 minutes de la fin. Mais l’essentiel est acquis.
 
Méline Nocandy s'arrache au tir


Prochain match contre la Slovénie

Cette victoire ouvre une porte vers le tour principal. Il suffira de battre la Slovénie dimanche après-midi pour être qualifié. Mais la Slovénie battue sèchement par le Danemark jouera sa peau dans ce match à haute tension.

Océane connait le handball Slovène, elle a quitté Paris pour Ljubljana, et a cinq copines qui seront en face d’elle : 
"Je m’entends bien avec tout le monde dans mon club de Krim Mercator. Ca me fera plaisir de jouer contre elles, notamment ma capitaine de club Nina Zabjek, ou encore Tija Gomila l’ailière droite, mais elles seront aussi mes adversaires. Et il n'y a plus d’amitié qui compte il faut savoir faire la part des choses. Ceci dit, je connais le coach aussi Uros Bregar, ça ne veut pas dire que j’aurais plus de facilités à jouer contre elles, mais on aura peut-être des indices ou des atouts que je pourrais révéler à mes coéquipières."

Dans cette salle d'Herning, vide, sans ambiance, les bleues ne devront pas avoir de raté au démarrage pour ce deuxième match. Mais c’est vrai que le contexte est particulier et surtout le même pour tout le monde.
"Je découvre, ce serait mieux avec du public, mais c’est comme ça depuis le début de la saison en championnat ou en ligue des champions donc on s’adapte."

 
Océane à gauche, avec Estelle Nze Minko et Grâce Zaadi à la fin du match


La force guadeloupéenne

Sans public mais avec ses coéquipières guadeloupéennes, Océane trouve une force et une motivation supplémentaire dans cet Euro, sans doute l'effet de la "Gwada connexion" 
 

Ca m’apporte un plus. Je suis originaire de Marie Galante, même si je n’ai pas été formée au pôle de Guadeloupe. On est souvent ensemble, on a des sujets communs, c’est une fierté pour moi. Ma grand-mère y est encore, j’ai mes attaches là-bas, elle regarde les matchs, ma famille et mes proches aussi. Je sais qu’ils sont tous derrière moi.

Océane Sercien-Ugolin


Paradoxe ce dimanche l’équipe de France de rugby chez les hommes et l’équipe de France de handball pour les filles ont deux représentants de Marie Galante, Océane Cersien Ugolin et Jonathan Danty. La Guadeloupe et ses îles de champions, une nouvelle démonstration que ça fonctionne au plus haut niveau.