Et tous les bleus se sont précipités vers Remi Desbonnet, élu homme du match par l’IHF (International Handball Federation) à la fin du bras de fer gagné face aux Allemands. Le "petit" gardien d’ 1m82 de Montpellier (le gardien allemand fait 1m98) a déréglé à lui tout seul la machine allemande. Il est rentré dans la tête des joueurs, ce qui dans le jargon signifie qu’il a complétement déboussolé les tireurs. Knorr le demi-centre et l’ailier droit Groetski vont faire longtemps des cauchemars, au moins jusqu’ au prochain Euro en janvier 2024 qu'organisera l’Allemagne.
Desbonnet en état de grâce
Melvyn Richardson en zone mixte était le premier à reconnaître le talent de son petit gardien devenu grand :
"Il a été exceptionnel, exceptionnel, je suis hyper content pour lui car il a fait des arrêts super importants et ça nous a permis d’être bien en confiance en attaque et en défense pour jouer notre handball. Remi est le meilleur exemple qu’il faut compter sur tout le monde dans ce groupe, chaque joueur est capable de faire gagner un match".
14 arrêts sur 30 tirs, soit 44 pour cent de réussite, dans un match à enjeu comme un quart de finale, ça vous classe un gardien. Patrice Annonay notre consultant, qui fait partie de cette confrérie des gardiens de buts apprécie bien évidemment en connaisseur.
"Je n’ai jamais eu peur, franchement, hormis une inquiétude dans le premier quart d’heure car c’est ma sensibilité de gardien de but qui parle (Patrice Annonay pro au PSG puis à Tremblay en France, est désormais coach des gardiens à trois niveaux cette saison, en France garçons U20, chez les filles de Paris Issy et dans son club du Tremblay). Mais ce qui m’a fait peur, c'est le 0 sur 8 de Vincent Gérard (gardien numéro 1 des bleus) au début, forcément à ce niveau de la compétition il faut un bon gardien, surtout face à Wolff qui répondait présent. Et malgré tout, on n’était pas très loin d’eux. Je sentais que ça allait tourner".
Desbonnet, que le grand public vient tout juste d’apprendre à connaître vient de nulle part ou presque, longtemps barré par Omeyer en équipe de France puis par Pardin, il est potentiellement le numéro 3. Ce match l’a révélé :
"Rémi, c'est un mec qui, il y a deux ans, était en équipe de France de Beach handball avec moi et son petit frère, souligne Patrice Annonay. Il jouait dans le jeu sur le sable, et pas dans les buts. Ça m’a fait plaisir qu’il puisse être autant présent dans un quart de finale. Il faut dire que les joueurs allemands ne le connaissaient pas, derrière la défense française très dense, il a fait deux ‘pastis’ (bloquer la balle directement entre les deux mains après un tir) et a permis de relancer très vite les joueurs de champ. C’est la première fois que je voyais ça sur la scène internationale. Il est littéralement rentré dans la tête des tireurs allemands, perturbant le geste habituel du tireur, le rythme de tir, et il remplit de doute la tête du gars en face, à chaque duel"
« Est-ce que les Allemands ont l’habitude de jouer des gardiens si petits ? Je ne crois pas, Rémi n’a pas le profil d’un gardien allemand de la Bundesliga, et c’est devenu un avantage au fur et à mesure du match. »
Patrice Annonay, consultant handball la 1èreLa 1ère
Les bleus ont la tête et les jambes
Hormis la performance de leur gardien, les bleus ont monté d’un cran leur curseur de concentration, au niveau handball ils ont été injouables en deuxième période. Comme cette roucoulette de Quentin Mahé qui fait tourner en bourrique le gardien Allemand (avec l’effet du ballon qui contourne par l’extérieur). Ils ont des joueurs qui peuvent tout se permettre et au talent incroyable, comme Nicolas Tournat en pivot ou Melvyn Richardson qui se permet le luxe de marquer aussi de la main droite.
Constat de Patrice Annonay :
"On a été très forts mentalement pour ne pas craquer et ne pas donner le bâton pour se faire battre en première mi-temps. Après la pause on a été très forts physiquement, dans la dialectique de lire ce que l’adversaire pouvait nous proposer on a été très forts."
Melvyn Richardson allait dans le même sens en zone mixte quelques minutes après la fin du match.
"On s’attendait à un gros match, pas facile, car on avait perdu contre eux en préparation de l’Euro l’an dernier. On s’attendait à être derrière le score et ça s’est vu en première mi-temps. Malgré un début de match un peu poussif, on a réussi à revenir à égalité juste avant la pause et on a bien terminé la mi-temps. On a continué à jouer notre jeu, à ne pas paniquer, à rester lucides, on a respecté les consignes."
Ça parait simple quand c’est dit : il faut continuer à jouer son jeu. A l’image de Mathieu Grébille le Martiniquais après son premier échec devant Wolff, il est allé le défier une seconde fois plein axe et a marqué à la 38ème minute. Elohim Prandi en échec aux tirs a continué de distribuer des caviars à ses coéquipiers (5 passes décisives) et Nedim Remili n’est pas qu’un perforateur avec ses 5 buts et ses 9 passes décisives qui sont autant de but.
On sait qu’on a les moyens pour faire de belles choses. On a su rester concentrés, et on s’est remis en confiance progressivement. Mais il faut continuer, c’est une grosse étape de franchie mais ce n’est pas notre objectif, maintenant il faut se concentrer sur le prochain match contre la Suède.
Melvyn Richardson, arrière droit équipe de FranceLa 1ère
Faire face au défi Suèdois
Comme lors du dernier mondial les Français vont désormais affronter la Suède, il s’agira déjà d’une revanche pour oublier le mondial en Egypte de 2021, battus 26/32 ils avaient été dominés par une équipe ultra classique, et un style qui l’est tout autant
"La Suède c’est du handball de montée de balle rapide, la balle aux ailes typique du handball scandinave, et aussi un grand meneur Jim Gottfridsson, ce sont les champions d’Europe en titre. Il y a eu un gros trou de générations mais là ils sont revenus sur le devant de la scène. Petit bémol ils ont rencontré des adversaires moins forts".
Contre la Suède il faudra faire attention, éviter le trou d’air du début de match. Mais un élément important est survenu lors du match contre l’Egypte, confirmé ce jeudi matin, la blessure à l’index du meneur aux épaules de déménageur, Jim Gottfridsson. Il est forfait pour ce match et c’est tout un pays qui tremble désormais.
"C’est un coup dur pour la Suède, l’annonce a du faire du mal dans l’équipe mais aussi au peuple suédois, parfois le sport c’est un coup de chance qui peut faire tout basculer. Ceci dit il faut que l’équipe de France joue la Suède comme si il était là et fasse abstraction de cela. Les Suèdois peuvent faire bloc autour de la blessure de leur meneur de jeu. Et puis il y a Palicka, il est capable à lui tout seul de ramener son équipe si elle est en difficulté.… " précise Patrice Annonay
Le gardien du PSG handball connait très bien ses adversaires, il joue avec eux depuis le début de la saison, connait leurs habitude de tir mais jamais un gardien ne peut faire gagner un match à lui tout seul.
Franchement j’ai envie de dire que l’équipe de France est prête à aller chercher son nouveau Graal. Ils sont tous frais en confiance, avec plus ou moins de temps de jeu selon les garçons. Il n’y plus de question à se poser, il faut continuer à faire progresser notre handball jusqu'au titre mondial"
Patrice Annonay, consultant handball , la 1èreLa 1ère
"Il y a quatre matchs on n’avait pas montré ce niveau-là. L’équipe progresse en fonction de l’adversité et au fur et à mesure de la compétition. Je l’ai trouvé très concentrée et très concernée." continue Patrice Annonay
"On ne se concentre que sur ce match désormais" affirme Melvyn Richardson.
Ce sera un choc de toute beauté. Devant près de 25000 spectateurs à la Tele2 Arena de Stockholm. Idem pour l'autre demi-finale, opposition de style entre l'Espagne et le Danemark. C’est pour cela que le handball est si beau à jouer dans des salles pleines, enfin … !