L’équipe de France s’est pris les pieds dans le tapis face aux Suédois. Le rêve de finale s’est envolé. Victoire 32/26 des Scandinaves. Les Bleus ont été absents dans la majorité des situations de jeu. Les trois joueurs d’Outre-mer n’ont pas pesé lourd dans ce match.
Gardien de but du Tremblay-en-France, Patrice Annonay le consultant d'Outre-mer la 1ère, est aussi le joueur le plus âgé en activité de la Lidl Star Ligue. Il nous livre ses analyses 24 h après le match perdu face à la Suède. Pour lui, il ne faut pas jeter ce qu’on est en train de construire. Malgré la défaite, des points positifs sont à relever dans ce championnat du monde et il reste ce dimanche une médaille de bronze à aller chercher. Les Bleus y sont d’ailleurs parvenus après leurs deux derniers échecs en demi-finale au Danemark en 2019 et en Croatie en 2018. Ce sera l’enjeu de la petite finale contre l’Espagne.
Outre-mer la 1ère : Patrice comment analysez-vous cette défaite très nette face à la Suède ?
Patrice Annonay : Au début du match on y était, on a même mené une fois (7/6 à la 14è minute de jeu) et puis après systématiquement, quand on marquait deux buts les Suédois en mettaient trois. On a beaucoup péché sur le fameux jeu collectif qu’on avait mis en place depuis le début de la compétition.
Et puis la Suède n’était pas si scandinave que cela, il y avait du jeu en mouvement, ce ne sont pas des types qui tirent de loin, ils ont des relations avec les ailiers incroyables, Gottfridsson le demi centre a systématiquement trouvé Wanne (11 buts) et Petterson (6 buts) qui sont les deux meilleurs marqueurs du match
Les Suédois avaient aussi beaucoup de fraîcheur et de discipline dans leur jeu, ils n’avaient pas laissé beaucoup de plumes contre le Qatar. Nous, en revanche, on avait dû puiser dans nos ressources et aller au bout des prolongations face à la Hongrie en quart de finale.
Cette fois on n’avait pas la recette. Les Suédois étaient plus frais, la défaite est logique, si on ne parle que du jeu proposé.
Outre-mer la 1ère : En fait il nous manquait un peu de tout partout ?
Patrice Annonay : Oui en attaque par exemple on était très brouillons. On était émoussés et je pense qu’on a dû laisser beaucoup d’énergie sur les matchs des premiers tours.
En défense, on n’avait pas les automatismes car Adrien Di Panda et Ludovic Fabregas qui remplaçaient Lucas Karabatic et Timothey N’Guessan n’avaient pas les bons automatismes. Du coup, la relation gardien défense ne fonctionnait pas et nos gardiens n’étaient pas en réussite. Ils ont eu souvent des tirs aux six mètres imparables face à eux car Gottfridsson trouvait les solutions dans le jeu.
La prestation de nos gardiens a été très insuffisante. On ne peut pas gagner un match international avec quatre arrêts. Ils n’ont pas fait la différence et n’étaient pas au rendez-vous sur ce match. Alors forcément on va se souvenir de la prestation de Wesley Pardin, impossible de ne pas penser à lui et on ne peut que regretter son absence. Mais l’équipe de France devait faire sans lui et mieux au niveau des gardiens.
Outre-mer la 1ère : Aucune satisfaction donc à retirer de ce match ?
Patrice Annonay : Nedim Remili a porté l’équipe comme il a pu, Hugo Descat a tenté des choses sur son aile quand il a reçu des ballons. Mais la base arrière revenait toujours vers l’intérieur et les grands défenseurs suédois. On a donc fait briller Andreas Palicka le gardien suédois. Notamment quand il effectue une parade à bout portant sur Kung-fu de Michaël Guigou, et surtout son arrêt "Ninja" du pied très haut face à Valentin Porte en fin de première mi-temps, une parade incroyable.
Outre-mer la 1ère : Un mot sur les trois joueurs d’Outre-mer. Tout le monde a joué cette fois ci, Nicolas Claire le Réunionnais est enfin rentré dans ce Mondial.
Patrice Annonay : Nicolas Claire a joué un petit peu et tant mieux pour lui, mais sans lui faire offense et ce n’est pas vraiment de sa faute, il manquait de rythme et de compétition, c’est clair. Jean-Jacques Acquevillo à l’image de son Mondial était volontaire, généreux et agressif, mais on sentait qu’il n’avait jamais joué de demi-finale internationale, ça manquait un petit peu d’expérience sur certains coups.
Les statistiques sont trompeuses pour Nicolas et Jean-Jacques qui font 100 % aux tirs. Ils n’ont pas trop d’occasions de tirs de prises de shoot et leurs trois buts n’ont pas pesé assez dans le jeu Français. Mais ils auront essayé sur le peu qu’ils ont eu et ils ont été efficaces, notamment quand Nico marque le but qui nous permet de recoller à 20/23 en début de seconde mi-temps
Quant à Melvyn Richardson il a été sous-utilisé, comme Kentin Mahé si brillant jusque-là, et c’est surprenant, mais c’est le choix du coach de mettre Nedim Remili en demi-centre.
Outre-mer la 1ère : Que va-t-on retenir de ce parcours interrompu brutalement ?
Patrice Annonay : L’objectif était un quart de finale, on s’arrête en demi, l’objectif initial est donc atteint pour les joueurs et le staff. Mais on a pu espérer et vibrer avec eux, on a vécu de belles choses, quoi qu’il arrive il ne faut pas leur tirer dessus, prendre ce qui est positif et continuer à travailler pour l ‘avenir. On a relevé la tête il ne faut pas oublier d’où l’on vient après la crise sportive du denier Euro, puis la crise sanitaire.
On a pu se mobiliser avec des bons joueurs et de nouveaux systèmes, un nouveau coach, on arrive quand même en demi-finale donc oui pour moi c’est, malgré cette défaite, un championnat réussi.
Outre-mer la 1ère : Quid de l’adversaire pour la médaille de Bronze qui sera finalement l’Espagne ?
Patrice Annonay : Il va falloir se remobiliser pour gagner une médaille. Les joueurs qui ont vécu ça, en équipe de France ou en Final Four de ligue des Champions avec le PSG par exemple, savent comment aborder ce genre de match. Est-ce qu’on aura la force d’aller chercher le bronze face à nos meilleurs ennemis/amis ? Ça va être un dernier gros combat en terre pas du tout inconnue, vu le nombre de joueurs espagnols qui ont déjà joué en France et vice versa. C’est l’équipe qu’on connaît le mieux. Ça va être explosif avec du jeu en mouvement tout le temps. Deux équipes qui se ressemblent beaucoup.
Quid de la fraicheur physique ? J’espère que la France en a encore un peu. Mais avec les blessés, j’ai peur que ça fasse un petit peu court. Et surtout dans la tête comment les joueurs vont ils se remettre de cette défaite alors qu’ils étaient invaincus jusque-là ? Prendre 32 buts sur une demi-finale c’est beaucoup, les deux blessures de Karabatic et N’Guessan n’expliquent pas tout mais elles ont finalement beaucoup pesé.