Procès de l'assassinat de Samuel Paty : le parquet requiert trois ans de prison pour le Réunionnais Louqmane Ingar

Croquis du procès sur l'assassinat de Samuel Paty, au Palais de justice de Paris. En bas à gauche, le Réunionnais Louqmane Ingar.
Jugé depuis début novembre pour avoir été en lien virtuellement avec le terroriste qui a assassiné le professeur d'histoire-géographie en 2020, le Réunionnais devrait connaître le verdict de la cour d'assises spéciale en fin de semaine.

Le procès de l'assassinat de Samuel Paty touche bientôt à sa fin. Pendant un peu plus d'un mois d'audience, la cour d'assises spéciale de Paris a entendu les huit accusés, dont le jeune Réunionnais Louqmane Ingar, accusés d'avoir joué un rôle dans l'engrenage qui a mené à la mort du professeur d'histoire-géographie le 16 octobre 2020. Lundi 16 décembre, l'heure était aux réquisitions du parquet général.

Sur l'ensemble des accusés, le parquet national antiterroriste a requis des peines allant jusqu'à 16 ans de réclusion criminelle, abandonnant le chef de "complicité d'assassinat terroriste" qui avaient été retenus jusque-là pour deux mis en cause.

Pour les quatre personnes de la "djihadosphère" jugées pour association de malfaiteurs terroriste et qui entretenaient un lien virtuel avec le terroriste Abdoullakh Anzorov, des peines allant d'un an à cinq ans de prison dont 18 mois avec sursis ont été requises.

Trois ans, dont deux avec sursis

Parmi eux se trouve Louqmane Ingar. Âgé de 18 ans à l'époque des faits, le Réunionnais avait été interpellé quelques jours après la mort du professeur d'histoire-géographie car il administrait un groupe Snapchat dans lequel Anzorov, lui et un autre accusé échangeaient des contenus à caractère djihadistes, selon l'accusation. Sur ce groupe, Abdoullakh Anzorov avait notamment envoyé une capture écran de sa revendication de l'attentat accompagnée de la photo de la tête décapitée de Samuel Paty.

Lors de son interrogatoire, Louqmane Ingar, étudiant en soins infirmiers à La Réunion, avait clamé son innocence, promettant n'avoir jamais rien su du projet d'attentat de son ami virtuel, ni ses inclinaisons islamistes. 

Dessin de Louqmane Ingar, au Palais de justice de Paris.

Le parquet n'a néanmoins pas été convaincu par l'argument de la curiosité couplé à celui de la naïveté de celui qui n'était alors qu'un jeune adulte lorsqu'il est entré en contact avec le terroriste. Les procureurs ont requis une condamnation pour "association de malfaiteurs terroriste" avec une peine de trois ans de prison, dont deux ans avec un sursis probatoire.

Si la cour suit les réquisitions du parquet, le Réunionnais écoperait donc d'un an de prison ferme. Mais, ayant déjà fait un séjour en détention pendant un an après son arrestation, il ne devrait pas retourner derrière les barreaux.

Mercredi, ce sera à la défense de Louqmane Ingar de plaider. La cour d'assises spéciale de Paris devrait donner son verdict jeudi ou vendredi.