Assassinat de Samuel Paty : qui est Louqmane Ingar, le jeune Réunionnais jugé à Paris à partir de ce lundi ?

Des fleurs et une pancarte en hommage à Samuel Paty devant le collège du Bois d'Aulne, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines), où le professeur a été assassiné le 16 octobre 2020.
Âgé de 18 ans lors de l'attentat ayant visé le professeur en octobre 2020, l'ancien étudiant originaire de Saint-Denis de La Réunion doit comparaître devant la cour d'assises spéciale de Paris du 4 novembre au 20 décembre. Il est accusé d'avoir échangé des contenus djihadistes avec le terroriste.

Charlie Hebdo, le 13-Novembre, la promenade de Nice et maintenant Samuel Paty... Quelques années après les violents attentats qui ont frappé la France, l'heure est aux procès. Et parce que les auteurs principaux des attaques sont généralement morts, ce sont surtout leurs complices qui se retrouvent dans le box des accusés.

Ce lundi 4 novembre, un nouveau procès s'ouvre à la cour d'assises spéciale de Paris, dans l'ancien tribunal judiciaire de la capitale qui accueille désormais les audiences liées au terrorisme. Huit personnes, dont un Réunionnais, sont renvoyées devant la justice pour leur rôle dans les évènements qui ont mené à l'assassinat brutal du professeur d'histoire-géographie Samuel Paty, le 16 octobre 2020, à Conflans-Sainte-Honorine (Yvelines).

Les complices du terroriste

L'enseignant avait été la cible de militants islamistes après avoir montré des caricatures de Mahomet publiées dans Charlie Hebdo dans le cadre d'un cours sur la liberté d'expression. Pour ne pas heurter certains élèves, il avait proposé à ceux qui le souhaitaient de sortir de la classe. Mais très vite, le mensonge d'une élève l'avait plongé dans une spirale infernale. L'homme était menacé de mort. Un jeune homme radicalisé, Abdoullakh Anzorov, est passé à l'action la veille des vacances scolaires. Le professeur d'histoire-géographie s'est fait décapiter à quelques pas de son établissement.

Hommage à Samuel Paty

Le djihadiste a été abattu par les forces de l'ordre. Il ne sera donc pas jugé. En revanche, les enquêteurs ont remonté le fil des évènements qui ont mené à la tragédie du 16 octobre. Ils ont découvert d'abord que des élèves du collège avaient aidé l'assaillant à identifier Samuel Paty. Six collégiens ont été condamnés en fin d'année dernière.

D'autres personnes, majeures au moment des faits, seront, elles, jugées à partir de la semaine prochaine. Parmi elles, il y a Brahim Chnina, le père de la jeune fille qui a menti en accusant l'enseignant d'avoir demandé aux musulmans de sortir de la classe. C'est lui qui avait alimenté la polémique, avec l'aide du militant islamiste franco-marocain Abdelhakim Sefrioui. Mais il y aura aussi un jeune homme, âgé de 18 ans au moment des faits, originaire de La Réunion.

Il a souhaité "réussite" au djihadiste

Il s'appelle Louqmane Ingar et est né à Saint-Denis. En octobre 2020, il était étudiant-infirmier à Paris et habitait dans la banlieue sud de la capitale. Il est accusé par le parquet national antiterroriste (PNAT) d'avoir échangé des contenus islamistes avec Abdullakh Anzorov, l'auteur d'origine tchétchène de l'attentat. Le jeune homme, placé sous contrôle judiciaire, comparaîtra libre devant la cour d'assises spéciale de Paris.

Dans le détail, le parquet précise qu'il administrait un groupe intitulé "Étudiant en médecine" sur le réseau social Snapchat avec le terroriste tchétchène et un autre individu, Ismail Gamaiev, originaire de Russie. Ce dernier est, lui aussi, mis en examen dans ce dossier.

Pour sa famille, qui s'était confiée à Réunion la 1ère en 2021, le jeune étudiant se "serait retrouvé piégé dans une tragique affaire". Au-delà même d'avoir échangé des contenus djihadistes avec le terroriste, Louqmane Ingar est également accusé d'avoir "conforté Abdullakh Anzorov dans son projet juste avant la commission des faits". Selon le PNAT, il aurait souhaité sa "réussite" et exprimé son soutien au jeune Tchétchène juste après que celui-ci lui a fait part de ses plans.

En plus de son lien avec Abdullakh Anzorov, Louqmane Ingar échangeait aussi par messages avec un membre d'une organisation terroriste syrienne. Il envisageait par ailleurs de quitter la France pour faire son djihad en Afghanistan ou en Syrie. Le procès devrait durer jusqu'au 20 décembre.